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AGRO-BIO - 370 - 02

UTILISATION DU SEIGLE EN ALIMENTATION ANIMALE 

Table des matières

 

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par Jean Duval, agr., M.Sc.
octobre 1991

UTILISATION DU SEIGLE EN ALIMENTATION ANIMALE

Le seigle est une culture fréquemment rencontrée en culture biologique. Que ce soit comme engrais vert, céréale d'hiver ou autre, le seigle d'hiver est une plante robuste, bien adapté aux climats nordiques et aux sols légers. Sa grande compétitivité en fait une plante nettoyante de premier choix et un atout important dans le contrôle des mauvaises herbes en agrobiologie.

Malgré ses qualités, le seigle jouit d'une mauvaise réputation en alimentation animale, réputation mal fondée souvent comme le démontre l'examen de la littérature.

SAPIDITÉ

L'argument principal limitant l'utilisation du seigle en alimentation animale est la sapidité faible de ce dernier. Le seigle a un goût amer et a tendance, lorsque donné seul, à former une masse gluante dans la bouche des animaux.

En fait, les problèmes de sapidité sont surtout relié à la présence d'ergot, maladie fongique affectant toutes les céréales mais spécialement le seigle. Dans la proportion typique d'ergot contenu dans le grain nettoyé qui est de 0,11%, il n'y a pas d'effet indésirable dû à l'ergot. Par contre, s'il y a de l'ergot à plus de 0,1%, la ration de grain des bovins ne devrait pas contenir plus de 50% de seigle. A plus de 0,3% d'ergot, la croissance et la mortalité des poussins augmente.

Les problèmes de toxicité de l'ergot peuvent être diminués par la mouture du grain et l'exposition à l'air car l'ergot est dégradé par la présence d'oxygène. L'ergot est aussi détruit par l'entreposage du grain humide en contenant hermétique.

La sapidité du seigle peut aussi être augmenté en extrayant l'eau du grain, ce qui ne se fait pas facilement en pratique. Le rotissage améliore la sapidité mais diminue légérement la digestibilité des protéines (Misir et Marquardt, 1978).

L'entreposage du seigle humide pourrait aussi améliorer la sapidité du seigle.

UTILISATION SELON LE TYPE D'ANIMAL

Alimentation des ruminants

Pour les bovins de boucherie, il n'y a aucune raison de restreindre la quantité de seigle dans la ration selon Winter (1975). L'incorporation de seigle jusqu'à 80 % de la ration de grain ne diminue pas la consommation nette et n'a qu'un effet négligeable sur le taux de gain.

L'alimentation des veaux peut aussi contenir une grande proportion de seigle. Selon Sharma et al. (1978), dans les six premières semaines, il n'y a pas de différence de gain entre des veaux nourris au seigle ou autrement. Cependant, après les six premières semaines, il est préférable de diminuer le seigle à moins de 60% de la ration sans quoi on déprimerait la consommation alimentaire et le gain de poids.

En production laitière, le seigle peut constituer 60% de la ration en grain des vaches en remplacement de l'orge selon des recherches d'Agriculture Canada. A ce taux, le seigle a tendance à augmenter le taux de gras dans le lait. Sharma et al. (1981) n'ont observé aucune différence dans le métabolisme du rumen lorsque le seigle remplacait l'orge jusqu'à 75% de la ration de grain. En fait, selon ces recherches, le seigle réduit la consommation en matière sèche sans affecter le rendement en lait ou la composition du lait.

Le seigle d'hiver fait un excellent pâturage hâtif au printemps. Selon Fleischer et Hammel (1965), la pâturage hâtif sur seigle permet d'atteindre le pic de production laitière jusqu'à un mois plus tôt au printemps. Un pâturage léger au printemps ne réduira que de 10% le rendement en grain (Bonnefoy, 1987). Lorsque fait en zéro-grazing, le seigle accroît le contenu en carotène du lait (Haraszati et Vette, 1974).

Le pâturage tardif du seigle est plus délicat. Le pâturage d'automne après l'implantation peut amener du compactage et affecter la survie hivernale du seigle. Selon des expériences menées par Agriculture Canada, le pâturage à l'automne du seigle ne réduira cependant que de 17% le rendement en grain l'année suivante (Bonnefoy, 1987). Comme pour toute céréale, on doit éviter de faire paître après une gelée en raison des risques d'empoisonnement des animaux par les nitrates.

Le seigle préservé en ensilage présente un certain intérêt lorsque coupé au stade du gonflement ou au début du stade laiteux. Selon Sleiman et Huber (1972), le rendement en lait était légérement supérieur avec de l'ensilage de seigle traité avec 0,4% d'acide formique qu'avec de l'ensilage de luzerne.

Alimentation de la volaille

C'est dans l'alimentation de la volaille que le seigle présente le moins d'intérêt. Pour la volaille, le seigle contiendrait deux facteurs dépresseurs qui réduiraient l'utilisation des nutriments et en particulier des protéines. Un premier facteur se trouve dans le son et réduit l'appétit tandis que le second se retrouve dans le son, la farine et les particules moyennes et affecte la croissance. Misir et Marquardt (1978) ont fait de longues recherches sur la question et en sont arrivés à ces affirmations:

  • - Poussins: les hauts taux de seigle dans la ration diminue la croissance et l'efficacité. A plus de 15%, les fèces des poussins deviennent mouillés et collantes, ce qui entraîne des problèmes d'hygiène. Les jeunes poulets à griller ne devrait pas non plus recevoir plus de 15% de seigle car cela déprime leur croissance et leur appétit.
  • - Poulets à griller: ces derniers peuvent prendre jusqu'à 25% du grain en seigle sans effet nuisible.
  • - Pondeuses: le seigle sans ergot a un effet laxatif sur les poules pondeuses. Leurs fèces contiennent plus d'acides gras volatils et ont un pH plus bas à cause d'un changement dans la flore intestinale.
  • La conclusion générale de ces recherches est que le seigle peut être incorporé dans l'alimentation des volailles en remplacement du blé à des niveaux assez élevé (15% du grain) sans problème à condition que le taux de protéines de la ration soit ajusté de façon à excéder le taux recommandé par le NAS-NRC (1971).

    Alimentation des porcs

    L'alimentation des porcs de plus de 50 kg peut contenir jusqu'à 50% de seigle (Langille et MacLeod, 1976). Le seigle a tendance a produire une viande plus maigre que le maïs et l'orge.

    BIBLIOGRAPHIE

    Bonnefoy, G. 1987. Fall rye, a versatile crop. News release, 20 novembre 1987. Agriculture, Communications, Manitoba.

    Canada department of Agriculture. 1971. Research Branch Report:1971. Ottawa.

    Cienska, K. et J. Schneider. 1973. Influence des conditions de conservation sur la capacité germinative des grains de seigle. Ann. Technol. Agric., 22(3):381-387.

    Fleischer, E. et H.-J. Hammel. 1965. [Higher milk yields with early grazing on winter rye]. Tierzucht, 19:199-204.

    Haraszati, E. et J.Vetter. 1974. [Carotene level in blood-serum and milk of dairy cows during the spring transition to green fodder]. Magyar Allatorvosok Lapja, 29:185-189.

    Langille, J.E. et J.A. MacLeod. 1976. Growing fall rye for grain in the Atlantic provinces. Publication 1578, Agriculture Canada, Ottawa.

    Misir, R. et R.R.Marquardt. 1978. Factors affecting rye utilization in growing chicks. I.The influence of rye level, ergot and penicillin supplementation. Canadian Journal of Animal Science, 58:691-701.

    Misir, R. et R.R.Marquardt. 1978. Factors affecting rye utilization in growing chicks.II.The influence of protein type, protein level and penicillin. Canadian Journal of Animal Science, 58:703-715.

    Misir, R. et R.R.Marquardt. 1978. Factors affecting rye utilization in growing chicks.III.The influence of milling fractions. Canadian Journal of Animal Science, 58:717-730.

    Misir, R. et R.R.Marquardt. 1978. Factors affecting rye utilization in growing chicks.IV.The influence of autoclave treatment, peletting, water extraction and penicillin supplementation. Canadian Journal of Animal Science, 58:731-742.

    Sharma, H.R., J.R.Ingalls, J.A.McKirdy et L.M.Sanford. 1981. Evaluation of rye grain in the diets of young holstein calves and lactating dairy cows. Journal of Dairy Science, 64:441-448.

    Sharma,H.R., J.R.Ingalls et J.A.McKirdy. 1983. Feeding value of alkali-treated whole rye grain for lactating cows and its digestibility for sheep. Animal Feed Science and Technology, 10:77-82.

    Sleiman, F.T. et J.T.Huber. 1972. Influence of organic acids on preservation and nutritive value of rye silage. Journal of Dairy Science, 55:702.

    Warren, F.S., J.E.Langille et H.A.Riordon. 1965. Le seigle pour la production de fourrage et de grain dans les provinces de l'atlantique.

    Winter, K.A. 1975. Rye for growing steers. Canadex 420.60. Agriculture Canada, Ottawa.

      MISE-EN-GARDE

    Ce document a pour but de faire la synthèse de l'information scientifique et populaire disponible sur le sujet traité, dans une perspective d'agriculture biologique. Il ne s'agit donc pas de recommandations ou d'un guide de production.

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