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AGRO-BIO - 360 - 08

LES HUILES INSECTICIDES 

Table des matières

_______________________________________

Par Jean Duval, agr., M.Sc.
mai 1994

 

LES HUILES INSECTICIDES

GÉNÉRALITÉS

Les huiles sont parmis les plus anciens pesticides utilisés. L'auteur romain Pline au premier siècle mentionne l'usage de l'huile minérale contre les ravageurs et les problèmes de phytotoxicité possibles. Dans les cent dernières années, les huiles ont été employées régulièrement en phytoprotection. Au début du siècle, leur usage était toutefois limité à des traitements de dormance sur les arbres décidus parce que les huiles d'alors, plutôt lourdes, provoquaient des dommages aux plantes lorsqu'appliquées en saison. Des huiles plus fines, appelées huiles à spectre étroit (Narrow-range oils), ou encore huiles supérieures ou huiles horticoles, ont été développées à la fin des années '60 et ce sont celles que l'on utilise depuis. Ces nouvelles huiles ne provoquent pas de phytotoxicité même en saison et permettent de contrôler un grand nombre d'insectes, d'acariens et même de maladies. Elles sont surtout utilisées sur les arbres fruitiers et les arbres et arbustes ornementaux. Dans les années '80, d'autres types d'huiles ont été développées qui ne contaminent pas l'air, l'eau et le sol. Des recherches ont également démontré que certaines huiles végétales peuvent être utilisées en phytoprotection.

Les huiles horticoles sont acceptées par les cahiers de charge d'agriculture biologique sur la base qu'elles ont une action physique sur les insectes plutôt qu'une action chimique. Par contre leur utilisation est généralement restreinte à la période de dormance. Malgré cela, l'utilisation en période de croissance sera également considérée dans le présent texte.

 

  Huile de dormance et huile d'été

Dans le passé, l'huile de dormance désignait une huile lourde tandis que l'huile d'été désignait des huiles légères utilisées surtout comme solvents ou adjuvants pour les pesticides. Il n'existe plus de différences maintenant quant au type d'huile entre une huile de dormance et une huile d'été. Il s'agit de la même huile qu'on applique au printemps ou en été.

 

Fabrication

Les huiles horticoles qu'on achète sur le commerce sont le résultat d'une série de transformation à partir du pétrole brut. La première étape consiste à séparer le pétrole brut en différentes fractions à des températures élevées. Suit le raffinage par distillation pour obtenir l'huile horticole brut.

Après le raffinage, l'huile obtenue contient encore des impuretés qui sont responsables en grande partie de la phytotoxicité possible. Comme ces impuretés réagissent à l'acide sulfurique, une mesure de la pureté d'une huile horticole est sa quantité de UR (résidus non-sulfonés ou unsulfonated residues en anglais). Après la purification de l'huile, on procède à son hydrogénation pour réduire encore plus les risques de phytotoxicité. L'hydrogénation élimine les parties de l'huile qui pourraient réagir avec l'oxygène pour former des composés dommageables aux plantes.

Après l'hydrogénation, l'huile contient encore beaucoup de cires qui doivent être éliminées pour qu'elle ne fige pas au froid ou à l'entreposage. Les cires sont enlevées à l'aide d'un solvent après quoi l'huile est encore raffinée pour enlever les composés de soufre et d'azote qui pourraient restés. La dernière étape consiste en une autre distillation pour séparer l'huile en différentes fractions.

Propriétés et composition

Plusieurs critères servent à évaluer et décrire les huiles horticoles. Les étiquettes n'en affichent souvent qu'un ou deux, soit le pourcentage de résidus non-sulfonés (UR), qui doit absolument être de 92% ou plus pour éviter la phytotoxicité, et le pourcentage d'huile active. D'autres critères sont la température à laquelle 50% de la distillation est réalisée (varie de 414 à 476° F), l'échelle de température à laquelle l'huile se distille, la gravité, la viscosité et le point de liquéfaction (pour point en anglais). Voir Davidson et al. (1991) pour plus de détails sur les caractéristiques chimiques des huiles.

Les huiles sont émulsifiées avec un surfactant (un savon) sans quoi l'huile se rammasserait en surface de l'eau en peu de temps. Le surfactant rend aussi l'huile plus toxique.

Mode d'action

Les huiles horticoles peuvent tuer de plusieurs façons. Elles peuvent asphyxier et suffoquer rapidement l'insecte ou l'acarien. Elles peuvent aussi réagir avec les acides gras du corps de l'insecte, interférer avec son métabolisme et agir comme poison. L'huile étouffe également les oeufs. Elle a aussi un effet répulsif qui décourage la ponte entre autres chez l'aleurode.

Avantages et désavantages

Le tableau suivant fait le sommaire des avantages et désavantages de l'utilisation de l'huile horticole. La plupart des désavantages peuvent être évités par une utilisation rationelle et prudente de l'huile.

 

Tableau 1 - Avantages et désavantages des huiles horticoles

  Avantages Désavantages
  • - Actives contre la plupart des acariens et cochenilles, mais aussi contre certains psyllides, aleurodes, cicadelles et jeunes chenilles
  • - Aussi actives contre les oeufs d'acariens, de pucerons et de certains papillons de nuit
  • - Peu ou pas de résistance des ravageurs observée
  • - Moins dommageables aux insectes utiles que les pesticides à action résiduelle. N'affectent pas les insectes et acariens utiles non atteints par l'application
  • - Faciles à appliquer, peu dispendieuses et non-toxique pour l'applicateur, les mammifères et les oiseaux
  • - Facilement biodégradables
  • - Approuvées par les cahiers de charge biologique sur les décidus
  • - Phytotoxicité possible en saison, surtout dans le cas de plantes faibles, malades ou stressées. Éviter périodes de sécheresse, hautes températures et grands vents.
  • - En raison de leur action physique les huiles n'affectent que les ravageurs atteints
  • - Affectent les acariens et insectes utiles atteints par l'application
  • - Pas de persistance
  • - Les étiquettes ne donnent pas suffisamment de détails sur les ravageurs affectés et l'utilisation des huiles
  • - Encore des données manquantes sur l'effet des huiles sur les insectes et acariens utiles et sur la phytotoxicité
  •  

    Effet sur les ennemis naturels et autres

    Contrairement aux miticides et insecticides résiduels souvent employés par les paysagistes, les huiles horticoles ont une faible activité résiduelle. L'huile se dissipe par évaporation après l'application. Elle permet donc d'amener les populations de ravageurs à des niveaux où les ennemis naturels peuvent agir efficacement sans tuer ces derniers. De toute façon, les pucerons, les acariens et les cochenilles sont souvent sédentaires au cours de la saison. Un premier traitement peut donc ramener les populations à des niveaux tolérables. Par après, on peut faire des lâchers de prédateurs ou de parasites.

    La toxicité des huiles horticoles est très faibles pour les mammifères (5000 mg/kg pour les rats). Les huiles peuvent par contre tuer les embryons des oiseaux si elles couvrent l'oeuf, bloquant ainsi toute entrée d'air. Elles peuvent aussi être dommageables aux organismes qui vivent en surface des cours d'eau (ex.: patineuses).

    Les huiles horticoles n'affecte à peu près pas les prédateurs comme la punaise bimaculée (Perillus (=cosmopepla) bioculatus) selon Hough-Goldstein et Keil (1991). En verger, Nyrop et al. (1994) rapporte que les acariens prédateurs sont affectés mais pas éliminés par des applications d'huile à 2% au débourrement ou de 1% au débourrement avancé car ceux-ci se tiennent souvent sur des endroits très difficiles à atteindre par les pulvérisations.

    UTILISATIONS

    Mode d'utilisation

    Concentrations et adjuvants

    La concentration recommandée pour toutes les huiles est de 2% (2 litres d'huile dans 100 litres d'eau). Une plus forte concentration n'est pas plus efficace et peut être phytotoxique. Dans leurs expériences sur les décidus, Baxendale et Johnson (1989) ont constaté qu'une concentration de 2% tuait la totalité des pucerons et des acariens en moins de 24 heures et 75% des cochenilles. A 3%, l'huile tuait 90% des cochenilles et une deuxième application venait à bout du reste.

    Certains auteurs recommandent d'ajouter du savon pour que l'huile agisse plus rapidement. Le savon a tendance à déssécher l'insecte alors que l'huile le suffoque. Les concentrations à utiliser sont alors de 1% d'huile et de 1% de savon (1 litre d'huile et 1 litre de savon dans 100 litres d'eau).

    Précautions

    L'exposition aux huiles horticoles peut être irritante pour les yeux, la peau et les poumons. Il est donc conseillé de porter l'équipement habituel de pulvérisation.

    L'agitation doit être constante dans le pulvérisateur sans quoi l'huile sortira plus concentrée à la fin et aura des effets phytotoxiques. Les pulvérisateurs à main doivent être aussi brassés pendant l'application.

    Il est important de bien couvrir tout le feuillage d'une pulvérisation fine et uniforme incluant le dessous des feuilles et jusqu'au point d'égouttement. Pendant l'été, il vaut mieux laisser deux semaines entre les applications. L'application en automne est également déconseillée sur les arbres avant la dormance, car cela pourrait causer la mort des nouvelles pousses au printemps.

    Conditions climatiques lors de l'application

    L'idéal pour des applications extérieures est un temps frais (<27° C) et sec, en matinée ou en soirée. Un temps très humide (ex.: 90% d'humidité relative pendant 48 heures) peut provoquer de la phytotoxicité parce que l'huile séche alors moins vite. Bien que les étiquettes des différentes marques d'huile déconseillent toute application quand la température dépasse 32° C, c'est en fait le déficit en humidité de la plante (sécheresse) qui peut rendre l'huile plus phytotoxique. Certaines plantes toutefois ne seront pas affectées par l'huile même si la température est élevée et qu'il y a sécheresse (Davidson et al., 1990).

    Spectre d'action

    Pucerons, acariens et cochenilles

    L'huile est efficace contre toutes les espèces de pucerons, cochenilles et acariens. Baxendale et Johnson (1988) ont obtenu un contrôle qu'ils qualifient de bon à excellent contre 15 espèces de pucerons, 5 espèces de cochenilles et 5 espèces d'acariens avec des applications d'huile à 3% en saison de croissance sur une cinquantaine de plantes ornementales. En serre, les aleurodes adultes ont été repoussés pour une période de 11 jours après un traitement à l'huile (2%) sur des chrysanthèmes (Larew et Locke, 1990).

    Efficacité contre d'autres insectes

    L'huile horticole est toxique et décourage l'alimentation de plusieurs espèces de chenilles et de diprions. Baxendale et Johnson (1988) rapporte une efficacité contre les tisseuses et les tordeuses, obtenant un contrôle complet en deux semaines après l'application. L'huile agit contre le diprion du févier mais pas celui du hêtre.

    Une activité insecticide est rapportée pour d'autres insectes: la psyllide du buis, la punaise du févier, le tenthrède du pin sylvestre et la tisseuse.

    Utilisation contre les maladies

    On observe souvent moins de problèmes de maladies dans les pépinières qui utilisent l'huile horticole. L'huile aurait une action physique contre les maladies fongiques, empêchant les spores de germer. Elle serait efficace contre le mildiou de la rose et la rouille, et modérement efficace contre le botrytis. En mélange avec du bicarbonate de soude (4 cuillérées à thé d'huile et de bicarbonate dans quatre litres d'eau), l'activité fongicide de l'huile est plus marquée.

    Utilisation avec le Bt et autres

    L'huile a été utilisée avec succès en mélange avec le Bt contre les oeufs et larves de la galéruque de l'orme. La concentration d'huile la plus efficace était de 2%. L'huile semble accroître l'efficacité du Bt en protégeant la toxine de la photodégradation.

    L'huile peut aussi agir comme synergiste avec d'autres insecticides en facilitant leur pénétration dans le cuticule de l'insecte (Hesler et Plapp, 1986). Les fongicides (incluant le soufre) ne sont pas compatibles avec l'huile.

    Utilisations selon le type de culture

    L'utilisation de l'huile en période de dormance ne représente pas de problèmes pour les végétaux. L'expérience de nombreux utilisateurs indique cependant qu'il faut être prudent dans l'emploi de l'huile horticole pendant la saison de croissance. Parmis de nombreuses espèces sur lesquelles l'huile peut être employée sans problèmes, il peut se trouver des variétés qui montreront des symptômes de phytotoxicité. La meilleure approche consiste donc à essayer l'huile sur une plante dans un même groupe de plante ou sur une partie d'un arbre avant de traiter entièrement. Une précaution élémentaire est de ne pas traiter des plantes déjà affectées soit par la sécheresse ou d'autres stress.

     

      SYMPTÔMES DE PHYTOTOXICITÉ

    Il n'est pas facile de distinguer les symptômes de phytotoxicité dûs à l'utilisation de l'huile d'autres causes comme des maladies, la pollution ou la dérive de pesticides. Les symptômes possibles sont: le jaunissement du feuillage, particulièrement sur les extremités ou les bords des feuilles; des taches plus foncés là où l'huile est demeurée trop longtemps. Ces taches peuvent paraître gonflées d'eau, devenir mauve foncées puis brunes. Éventuellement, les feuilles affectées tombent.

     

    Arboriculture

    Une cinquantaine de plantes et d'arbres ornementaux en période de croissance ont été traités à l'huile dans les expériences de Baxendale et Johnson (1988) dans l'état de New York. Selon cette étude, les seules espèces ayant montré des signes de phytotoxicité en raison des traitements à l'huile sont certains décidus qui produisent des noix, entre autres le noyer cendré (Juglans cinerea) et le noyer japonais (Juglans ailanthifolia). Les caryers et chataîgniers n'étaient pas sensibles à l'huile tandis que certaines variétés de noyer noir (Juglans nigra) y étaient légèrement sensibles.

    Certains conifères seraient aussi sensibles aux traitements à l'huile. Dans des conditions très chaudes et en temps de sécheresse, Davidson et al. (1990) ont observé des symptômes de phytotoxicité et de la décoloration des aiguilles sur les espèces suivantes: certains cultivars d'épinette de Norvège (Picea abies), l'épinette bleu (Picea pungens), le génévrier (Juniperus chinensis) et le thuya (Thuya occidentalis). La décoloration des aiguilles est un phénomène passager qui disparaît avec les nouvelles pousses.

    Le chêne rouge (Quercus rubra) et certaines variétés d'érable rouge (Acer rubrum) et d'erable à sucre (Acer saccharum) montrent des symptômes modérés de phytotoxicité.

    En verger, l'huile sert principalement contre le stade oeuf des tétranyques et des lépidoptères principalement en dormance ou fin de dormance. Passé le stade pré-bouton rose des pommiers, l'huile peut causer des dommages aux boutons floraux. Dans les vergers de la côte ouest, l'huile est utilisé en début d'été contre le carpocapse. Pour plus d'informations sur l'utilisation de l'huile en verger, consulter le Guide des traitements antiparasitaires du pommier, disponible auprès du MAPAQ.

    Serriculture

    En serre, l'huile permet de protéger les fleurs et plantes à feuillage des pucerons, de certaines chenilles, des cochenilles, des tétranyques et des aleurodes immatures. L'huile est aussi utilisée contre les sciarides, les tigres (lace bugs) et les mineuses. Gill et Healy (1990) ont testé l'huile horticole sur une cinquantaine de plantes de serre. Le tableau 2 présente les plantes qui peuvent être traitées et les précautions à prendre.

    L'avantage d'utiliser l'huile horticole en serre est sa faible toxicité pour les utilisateurs. L'huile a tendance a intensifier la couleur du feuillage des plantes ornementales. Chez beaucoup d'espèces, il y a apparition de bordures noires lorsque les bractées prennent de l'expansion. Les plantes qui ont des pilosités sous leur feuilles ont tendance à absorber l'huile. Il ne faut donc pas leur appliquer une aussi grande dose qu'aux autres plantes.

     

    Tableau 2 - Plantes de serre sur lesquelles l'huile horticole peut être employée

    Espèces ornementales Commentaires
       
    Azalée  
    Bégonia Peut causer des taches sur le feuillage des variétés cirées
    Camélia  
    Chrysanthème Peut être phytotoxique aux fleurs
    Couronne d'épines  
    Diffenbachia  
    Fougère Sauf les cheveux de Vénus
    Gardenia  
    Géranium Peut être phytotoxique aux fleurs
    Palmier Sauf les cocotiers
    Philodendron  
    Poinsettia Essayer d'abord. Les bractées dures ne devraient pas être affectées
    Portulaca  
    Zinnia  
       
    Espèces comestibles  
       
    Fèves de lima  
    Poivrons  
    Radis  

     

    AUTRES TYPES D'HUILES

    Huile minérale

    Une alternative bon marché de l'huile horticole est l'huile minérale USP. Comme la première, l'huile minérale est dérivée du pétrole. Ces huiles diffèrent quant à leur point d'ébullition, leur formulation et surtout leur prix. Le prix de l'huile minérale au détail est la moitié de celui des huiles horticoles. L'effet pesticide de l'huile minérale est toutefois moins grand que celui des huiles horticoles.

    Il faut ajouter un émulsifiant comme du savon à vaisselle à l'huile minérale avant de l'utiliser. Davidson et al. (1991) suggèrent la recette suivante pour les traitements sur décidus:

  • - Ajouter le savon à l'huile raison de 5 ml par litre (0,5%);
  • - Ajouter l'huile minérale à l'eau à raison de 10 à 20 ml par litre (1 à 2%);
  • - Vérifier s'il y a phytotoxicité avant d'utiliser systématiquement en traitant seulement une partie du feuillage.
  • Huiles végétales

    En Arizona, Butler et Henneberry (1990) ont testé plusieurs types d'huiles végétales en combinaison avec différentes marques de savon contre des ravageurs courants des plantes de potagers. Les produits testés étaient: des huiles de maïs, de noix de coco, de palme, de tournesol, d'arachide et de soya en combinaison avec des savons à vaisselle de marques Dawn, Dove, Ivory, Joy et Palmolive. Le savon à vaisselle était ajouté à raison de 15 ml pour 237 ml d'huile (1 cuillère à table dans une tasse) et le mélange résultant était ajouté à raison de 5 à 12,5 ml dans 237 ml d'eau (1 à 2,5 cuillerées à thé). Le produit résultant était pulvérisé à fines goutelettes sous les feuilles des plantes jusqu'à ce que des gouttes tombent. Les résultats indiquent que:

  • - Les courges, le chou-fleur et le chou rouge ont montré des signes de phytotoxicité suite à l'application d'huiles végetales;
  • - Les melons, les poivrons, le concombre et les fèves n'ont pas montré de signes de phytotoxicité;
  • - Le mélange d'huile et de savon à vaisselle a permis de contrôler les tétranyques et les aleurodes mais moins bien le puceron du chou (Brevicoryne brassicae);
  • - Les différents mélanges avaient une efficacité semblable. Les applications devaient être répétées tous les 7 à 10 jours.
  • L'huile de graines de coton a fait l'objet de plusieurs recherches. Il en existe une formulation commerciale aux USA (compagnie Stoller). Butler et Henneberry (1990) ont testé une solution de 5 à 10% de cette huile sur les pucerons du chou, les tétranyques, les thrips et le vers légionnaire de la betterave. L'huile de graines de coton a réduit jusqu'à 91% le nombre de larves de vers légionnaires sur la bette à carde. Les tétranyques ont été significativement réduites pendant 7 jours sur le céleri avec une solution à 5%. Les populations de pucerons étaient 86% moindre sur les plants de choux rosettes traités que sur les témoins 16 jours après le traitement. L'huile n'était pas phytotoxique sur les aubergines, la laitue et le coton. Les courges, le chou rosette et le brocoli étaient très sensibles par contre. Plus la concentration d'huile était forte, plus la phytotoxicité était apparente.

    Les huiles végétales peuvent aussi être utilisées comme fongicides. Ainsi, appliquées à raison de 1% d'huile dans de l'eau et à intervalles de 7 à 10 jours (11 applications durant la saison), des émulsions d'huile de soya ou de canola ont contrôlé 58 à 70% de la tavelure dans des expériences réalisées en Ontario (Northover, 1991). Il y avait un peu de russetting avec le cultivar Golden Delicious.

    Les huiles extraites de plantes aux propriétés insecticides devraient prendre de l'importance dans l'avenir, entre autres l'huile de nim (Azadirachta indica).

     

      MISE-EN-GARDE

    L'utilisation d'huile végétale n'est pas homologué comme pesticide pour utilisation commerciale au Canada. Il est donc illégal pour un conseiller agricole de recommander l'utilisation de ces huiles, sauf pour usage expérimental. L'utilisation à l'échelle d'un jardin ne pose pas problème.

     

    CONCLUSIONS

    Les huiles horticoles, bien que dérivées du pétrole, sont des produits relativement peu coûteux et que l'on peut considérer comme doux pour l'environnement. Elles sont très efficaces contre les pucerons, cochenilles, aleurodes et acariens. Elles peuvent également s'avérer utiles contre certaines chenilles, diprions et autres insectes. L'utilisation de l'huile semble particulièrement appropriée pour la protection des cultures ornementales, aussi bien à l'extérieur qu'en serre.

    Malgré ces qualités, l'huile horticole doit être employée avec précaution car certaines espèces et variétés de plantes peuvent montrer des symptômes de phytotoxicité suite à une application. Des applications trop nombreuses affecteront aussi la faune auxiliaire.

    Les huiles végétales, qui d'emblée paraissent plus acceptables en agriculture biologique, ne sont pas homologuées comme insecticide au Canada pour l'instant. Les huiles végétales peuvent aussi être phytotoxiques, entre autres sur les courges et les crucifères.

    Comme elles ne posent pas de problèmes de résistance, les huiles risquent de demeurer encore longtemps des outils efficaces pour la protection des cultures. Utilisées rationnellement, les huiles s'insèrent bien dans un programme de lutte écologique.

     

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      MISE-EN-GARDE

    Ce document a pour but de faire la synthèse de l'information scientifique et populaire disponible sur le sujet traité, dans une perspective d'agriculture biologique. Il ne s'agit donc pas de recommandations ou d'un guide de production.

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