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Ecological Solutions Roundtable
AGRO-BIO - 350 - 05
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L'onagre bisannuelle (Oenothera biennis - Evening primrose(1)) est une plante originaire des régions tempérées nordiques de l'Amérique du nord. Il existe environ 80 espèces d'onagre en Amérique et Marie-Victorin en décrit sept espèces qui croissent au Québec. La plus commune de toutes est l'onagre bisannuelle. C'est une plante comestible avec des vertus thérapeutiques mais qui est aussi cultivée pour son apparence. D'autres espèces d'onagre sont toutefois davantage appréciées pour leur qualité esthétique.
L'onagre est cultivée commercialement en Amérique du Nord, en Europe et en Australie. La culture est possible dans les zones chaudes du globe mais donne une récolte de moins bonne qualité. La production commerciale d'onagre a débuté en Hongrie et aux Pays-Bas. Récemment, la culture a pris de l'importance dans certains états américains (Caroline du Nord et du Sud, Texas et Oregon).
La demande pour les graines d'onagre s'est accru de 10 à 15 fois dans les derniers quinze ans au niveau mondial. Depuis le début de la décennie, il se produit environ 3 à 5000 tonnes de graines d'onagre annuellement sur la planète (Simpson et Fieldsend, 1993).
Au Canada, il s'est fait de la recherche sur la production commerciale de l'onagre en Nouvelle-Écosse, en Ontario, dans les Prairies et en Colombie-Britanique. Malgré toute cette recherche, la régie de culture reste à perfectionner. En Ontario, la culture de l'onagre a été envisagée comme culture de remplacement pour les terres à tabac. Il y aurait quelques centaines d'hectares en culture d'onagre dans cette province, entièrement sous contrat pour une compagnie de vitamines.
L'onagre est une bisannuelle qui se reproduit seulement par les graines. La plante peut être vivace parfois et même annuelle à l'occasion. La première année, la plante forme une rosette. Les feuilles sont alors elliptiques, s'étendent au sol et possèdent des nervures centrales blanches qui changent graduellement au rouge. La deuxième année, une tige généralement poilue et tachetée de rouge émerge et porte des feuilles oblongues rougissant à la fin de la saison. La tige est rigide et se dresse parfois jusqu'à 2 mètres de hauteur.
La racine fusiforme est épaisse, charnue, fibreuse et pénètre le sol en profondeur. Elle est blanche à l'intérieur et à l'extérieur sauf pour le collet qui est rouge.
La floraison s'étale de juillet à septembre. Les fleurs larges de 2 à 5 cm sont d'un jaune éclatant qui devient doré avec l'âge. Les fleurs se composent de 4 pétales jaunes et 8 étamines. C'est une plante qui fleurit en soirée et se referme au matin, d'où son nom anglais d'evening primrose. Les fleurs ont une odeur douce qui attire les papillons de nuit et les autres insectes nocturnes, particulièrement en début de floraison. Les fleurs sont produites tout le long de la tige sur des branches et au bout de la tige. La tige s'allonge constamment et la plante produit de nouvelles fleurs jusqu'à l'automne.
Les fruits sont des gousses allongées qui s'ouvrent en quatre parties. Les graines sont petites, brunes avec 5 à 6 faces plates.
Parfois considérée comme une mauvaise herbe, l'onagre se rencontre en plusieurs lieux, particulièrement où le sol a été bouleversé. On la retrouve ainsi sur les terrains abandonnés, les rivages de lacs, les platières de rivière, les dunes, les rochers, les bords de route et parfois dans les champs de blé et de seigle d'hiver. La plante préfère donc les sols secs, gravelleux, sablonneux et les endroits ensoleillés. Un bon drainage est essentiel.
La culture résiste mal à des températures inférieures à -30C sans couvert neigeux. Dans les Prairies canadiennes, la faible survie à l'hiver est le principal obstacle à la culture de l'onagre. Au Québec, il serait mieux de la cultiver dans des champs où le couvert neigeux est bon (près d'un boisé ou d'un brise-vent) ou alors planter des bandes de graminées pour retenir la neige.
Si les plants d'onagre sont laissés à eux-mêmes et produisent des graines, ils formeront assez rapidement une bonne colonie qui ne demandera pas de soins particuliers.
Semence
A petite échelle, les semences peuvent être récoltées en milieu naturel ou achetées chez les grainetiers (voir Sources de semences, page 9). La plupart des grainetiers tiennent cependant surtout des espèces d'onagres ornementales. Pour la culture à grande échelle, l'approvisionnement se fera auprès de producteurs d'onagre. Les graines gardent leur pouvoir germinatif pendant trois ans.
La sélection de variétés à haut rendement, résistantes aux maladies, à gousses non-éclatantes et à haut rendement en huile fait l'objet de recherches. Au Canada, on trouve maintenant la variété EP10, une variété à gousses non-éclatantes. Il existe d'autres variétés améliorées comme les cultivars Peter et Merlin qui sont cultivées en Angleterre et en Nouvelle-Zélande.
Temps de semis
L'onagre peut être semée de trois façons: semis intérieur en serre avec transplantation au printemps, semis d'automne ou semis de printemps.
Semis de printemps: Le semis de printemps serait la moins bonne solution, occasionnant jusqu'à 80% de pertes selon des recherches réalisées à la station d'Agriculture Canada de Delhi en Ontario.
Semis intérieur et transplantation: Selon des études faites à l'Université de Guelph, le semis intérieur avec transplantation donnerait une plus grande quantité d'huile et un meilleur taux de germination (plus de contrôle sur les conditions). Par contre, le semis intérieur demande jusqu'à 90 jours avant transplantation et exige plus de travail, ce qui rend cette option économiquement beaucoup moins intéressante pour la culture à grande échelle. En pratique, on transplante les jeunes plants lorsqu'ils ont 2,5 cm de hauteur. On les transplante à espacement de 7,5 cm dans tous les sens dans un endroit ensoleillé. Dans un jardin, on peut les transplanter à nouveau en automne ou au printemps suivant, mais il faut prendre garde alors de ne pas endommager la longue racine.
Semis automnal: A grande échelle, le semis en août est le plus courant. On plante l'onagre entre le début et la fin d'août de façon à ce que les plants se développent jusqu'au stade de petite rosette. Plus la rosette est développée, plus grande sont les chances de survie hivernale. L'onagre fleurira dès l'année suivante. Le semis peut se faire au semoir à petites graines ou à la volée suivi d'un passage de rouleau ondulé et barre de tire.
Lit de semence et profondeur de semis
Parce que la graine est petite, le lit de semence devrait être fin, ferme et peu profond. Une profondeur d'au plus 2,5 cm (1") est recommandée.
Plante-abri
Dans les Prairies, des essais d'implantation printannière avec plante-abri de lin ont donné des résultats intéressants. La même technique en Colombie-Britannique, où le climat est plus humide, a donné de moins bons résultats qu'un semis pur. Une culture-abri de céréales serait moins compétitive que le lin. Une autre option serait de semer l'onagre dans une culture déjà établi comme une céréale d'hiver ou après le sarclage dans une céréale de printemps.
Taux de semis
Pour la culture à grande échelle dans les Prairies, où les pertes hivernales sont souvent grandes, Kiehn et Reimer (1993) recommande un taux de semis de 10 à 20 kg/ha pour assurer un couvert adéquat au printemps. Ce taux semble excessif car, avec une densité de 600 graines par gramme (Vilmorin-Andrieux, 1885), un taux de 10 kg/ha donnerait une population maximale de 600 plants au mètre carré. En Nouvelle-Écosse, un taux de semis de 4 kg/ha, considéré comme généreux, a été adopté pour compenser pour le fait qu'un grand nombre de graines ne germe pas la première année. La densité optimum recherchée serait d'environ 30 plants au mètre carré. L'espacement des rangs dépend avant tout de l'équipement de sarclage disponible.
Toutes les graines semées ne germent pas la première année. Cela implique que d'autres graines germeront dans l'année suivant le semis. Les plants issus de cette germination retardée ne seront prêt que la troisième année après le semis. S'il y a un nombre suffisant de ces plants de deuxième année, il peut cependant être intéressant de les garder pour la récolte et donc de retarder le prochain semis jusqu'à la fin de la troisième année. De cette façon, on obtient deux récoltes en trois ans, ce qui permet de réduire les coûts reliés à la préparation du sol, etc.
L'irrigation peut être nécessaire si les pluies sont insuffisantes pour assurer la germination. Il est aussi important que les jeunes plantes ne manquent pas d'eau.
Il n'y a pas à notre connaissance de données sur la fertilisation de l'onagre avec des fertilisants organiques. La fertilisation ne serait nécessaire que pour les sols fortement carencés en azote. Une fertilisation azotée au printemps de la deuxième année pourra accroître la vigueur des plants. Dans des essais en Ontario, l'onagre ne répondait pas à l'ajout d'engrais de phosphore ou de potasse.
Adventices
Le contrôle des adventices se fait mécaniquement, c'est-à-dire par le sarclage entre les rangs. Trois sarclages sont requis. L'onagre ne tolère aucun herbicide. Il faut donc se méfier des dérives en provenance de champs voisins.
Maladies
Bien que peu de maladies attaque l'onagre, le mildiou est une maladie qui l'attaque fréquemment dans plusieurs régions. Dans une population infectée par le mildiou, on retrouve toutefois des plants sains. Cela indique qu'il serait facile de développer des variétés résistantes au mildiou. En Europe, Septoria est un problème sérieux mais, comme l'organisme ne survit pas à nos hivers, il ne constitue pas une menace ici.
Insectes et vertébrés
Il n'y a pas d'insectes nuisibles importants pour l'onagre. Un producteur manitobain a toutefois rapporté qu'une espèce de coléoptère (non-identifié) causait des dommages. Les oiseaux granivores peuvent occasionner des pertes, surtout près des boisés.
Comme les graines d'onagre ne mûrissent pas toutes en même temps, il est préférable de les récolter lorsqu'un grand nombre de graines sont mûres mais avant que celle-ci ne tombent. Les graines trop mûres contiennent moins d'huile et sont perdus très facilement. Les variétés dont les gousses n'ouvrent pas facilement qui ont été développées récemment permettent plus de flexibilité et moins de perte à la récolte (Simpson et Fieldsen, 1993).
Les graines doivent être récoltées par andainage et battage pour éviter des pertes. La récolte directe à la moisonneuse-batteuse n'est possible que par l'application préalable d'un herbicide pour assécher et, de plus, résulte en des rendements inférieurs (Simpson et Fielsend, 1993). La culture est andainée lorsque le taux d'humidité est de 30 à 40% et battue lorsque le taux d'humidité est de 12 à 14%. Il semble toutefois que, pour certaines variétés, l'andainage juste avant ou au moment où les premières gousses brunissent produise des rendements aussi bons que si l'andainage est fait plus tard (Simpson et Fieldsend, 1993). Si la variété utilisée a tendance à perdre facilement ses grains, il vaut mieux battre la culture peu de temps après l'andainage, soit deux jours après. Après le battage, les graines doivent être criblées au moyen d'un équipement spéciale. Les acheteurs exigent souvent une grande pureté de la récolte.
A très petite échelle, les graines se récoltent dès août jusqu'à l'hiver. Il s'agit pour les récolter de secouer le plant au-dessus d'une toile ou d'un papier journal un jour où il y a peu de vent.
Rendement et revenus
Le rendement moyen au Canada est d'environ 500 kg de graines à l'hectare. En Europe, on rapporte des rendements d'environ 1000 kg/ha grâce à l'amélioration de la régie et des variétés (Simpson et Fieldsend, 1993). Dans des parcelles expérimentales en Nouvelle-Écosse, des rendements jusqu'à l'équivalent de 1600 kg/ha ont été obtenus.
Pour les compagnies qui fabriquent des suppléments vitaminiques, qui sont les principaux acheteurs de graines d'onagre, le rendement en huile et en acide gamma-linoléique est plus important que le rendement en graines. Malgré tout, c'est sur la base du rendement en graines que la récolte est habituellement achetée. Par exemple, le prix payé aux producteurs ontariens par la compagnie Quest se situe autour de 4$ le kilo de graines. Par contrat, la compagnie s'engage à payer pour un rendement moyen, et le prix au kilo baisse si le rendement est supérieur. Le producteur peut s'attendre à un profit net d'environ 1000 $ par hectare. Pour plus de détails sur les coûts de production, voir Ference (1989).
Racines
La racine de l'onagre, cueillie au moment appropriée, a un goût sucrée semblable à celui du salsifis ou du panais. Elle peut être pelée, tranchée et mangée crue, bouillie, frite, en escalope, gratinée ou ajoutée aux soupes et ragoûts. Séchée, la racine dégage une odeur de vin, d'où le nom scientifique de la plante (en grec oinos: vin et théro:conserver). Les racines doivent être récoltées tôt au printemps, dans le cas d'un semis l'automne précédent, ou tard à l'automne, dans le cas d'un semis de printemps, donc avant que les plants ne fleurissent. En tout autre temps, elles ont un goût amère.
Feuilles et tiges
Les jeunes tiges sont parfois ajoutées aux salades ou utilisées comme condiment. On fait cuire les jeunes feuilles cueillies au printemps deux fois en changeant l'eau. Les fleurs sont utilisées comme garniture pour les salades et les marinades.
Graines et huile
Les jeunes fruits verts sont bouillis pour être mangés. Les bourgeons mucilagineux et les graines sont aussi comestibles. L'huile d'onagre est coûteuse sur le commerce. Une façon simple de remplacer cette huile est de broyer des graines dans un mortier et de les ajouter dans les recettes de pain, de soupes, etc. On peut aussi utiliser les graines partiellement broyées comme garniture en remplacement des graines de pavot.
Les parties de la plante utilisées sont les fleurs, les feuilles, l'écorce et les graines. L'écorce et les feuilles sont prélevées en deuxième année avant la floraison et séchées.
Fleurs
Les doses utilisées varient de 5 à 30 grains (0,32 à 1,94 grammes). Pour les usages internes, on fait tremper deux cuillerées à table de fleurs dans deux tasses d'eau bouillante ou on infuse 1 cuillerée à thé d'écorce et de feuilles séchées par tasse d'eau (De Baïracli-Levy, 1973). On boit l'infusion refroidie à raison de 1 tasse par jour. Pour les usages externes, on écrase une petite poignée de fleurs qu'on mélange à du blanc d'oeuf ou on applique l'infusion refroidie.
Mucilage
L'onagre renferme un mucilage aux propriétés astringente et sédative. Elle est utilisée pour soigner les affections de la gorge (quintes de toux, maux de gorge) et de la peau (blessures, irritations et inflammations), l'asthme, les désordres gastro-intestinaux (irritation de l'estomac et de la vessie, dyspepsie, torpeur du foie, diarrhée chronique) et les douleurs menstruelles.
Huile
Nous ne donnons ici qu'un aperçu des utilisations thérapeutiques de l'huile d'onagre. Pour plus de détails, voir le livre Evening Primrose Oil par Judy Graham, disponible chez Richters (voir sources de semences en page suivante).
Les graines d'onagre contiennent 17 à 25% d'huile. Cette huile est riche en acide gamma-linoléique (7-10%) ainsi qu'en tryptophane, substances d'intérêt médical. L'acide gamma-linoléique est un acide gras qui sert à notre corps pour produire la prostaglandine E1, substance importante pour le système immunitaire. Parmis les sources naturelles d'acide gamma-linoléique, l'onagre constitue l'une des sources les plus riches avec la bourrache et les graines de cassis.
L'huile d'onagre est utilisée depuis le début des années '70 en traitement contre l'alcoolisme, l'eczéma ectopique, les désordres menstruels, les maladies cardiaques, l'arthrite et la gueule-de-bois. Voici quelques usages thérapeutiques prouvés:
D'autres applications potentiels sont pour le traitement de la schizophrénie, la maladie de Parkinson, les ongles cassants et les scléroses multiples.
Richters, Goodwood, Ontario, L0C 1A0
tél.: (905) 640-6677 fax: (905) 640-6641
Variété EP10 à gousses non-éclatantes et haute teneur en acide gamma-linoléique. 6$/100 g, 42$/kg.
Alex, J.F. et C.M. Switzer. 1988. Ontario weeds. Ontario Ministry of Agriculture and Food, Toronto, Ontario.
De Baïracli-Levy, J. 1973. Herbal handbook for farm and stable. Faber and Faber, Londres.
Ference, D. 1989. Economic opportunities for Canada in essential oils and medicinal crops. Working Paper 10/89, Agriculture Canada Policy Branch.
Fleurbec. 1977. Plantes sauvages des villes et des champs. Éditions Fleurbec, St-Augustin-de-Portneuf.
Graham, J. 199?. Evening primrose oil. 112 pages.
Grieve, M. 1981. A modern herbal. Dover Publications, New York.
Kiehn, F.A. et M. Reimer. 1992. Cultures de remplacement pour les Prairies. Agriculture Canada, publication 1887/F.
Leventhal, L.J, E.G. Boyce et R.B. Zurier. 1993. Annals of Internal Medecine, 119(9):1.
Marie-Victorin, Fr.1964. Flore laurentienne. Les Presses de l'Université de Montréal, Montréal.
Muenscher, W.C. 1980. Weeds. Comstock Publishing, Ithaca.
Simpson, M.J.A. et A.F. Fieldsend. 1993. Evening primrose: harvest methods and timing. Acta Horticulturae, n331:121-128.
Vilmorin-Andrieux, M. 1885. The vegetable garden. John Murray, Londres.
1. 1 Autres noms français: énothère, énottière, herbe aux ânes, oenothère, onagraire. Autres noms anglais: tree primrose, field primrose, sundrops, golden eggs, fever plant, coffee plant. Rapontica en allemand et Rapuntica en italien.
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