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Ecological Solutions Roundtable
AGRO-BIO - 330 - 12
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par Jean Duval, agr., M.Sc. octobre 1991Le charançon de la racine du fraisier (Otiorhynchus ovatus, strawberry root weevil) est un ravageur général. Ce charançon qui ne vole pas s'attaque au feuillage des plantes en y faisant des petits trous tandis que sa larve s'attaque aux racines. Les plants deviennent chétifs éventuellement. L'adulte est brun-rouge avec un bec noir et mesure environ 7 mm de long.
Le contrôle de O. ovatus est souvent considéré en même temps que celui de ses cousins, entre autres O. sulcatus, le charançon noir de la vigne (black vine weevil). Le charançon noir de la vigne se retrouve plus couramment sur les plantes cultivées tandis que le charançon de la racine du fraisier se retrouve plus souvent dans la nature. Les deux espèces sont parthénogéniques (reproduction possible sans le mâle) et très fécondes.
Le charançon de la racine du fraisier est un problème quelquefois dans les fraiseraies, mais plus souvent sur les plantes ornementales et dans les pépinières où il s'attaque aux plants de ronces et arbustes fruitiers ainsi qu'aux conifères. Parmis les plantes qu'il préfère on retrouve le mûrier, la monarde et l'épine-vinette. Il s'attaque également aux plantes de prairies.
L'estimation des populations se fait facilement au moyen de trappes enfoncées dans le sol. On installe les pièges à l'automne alors que les adultes charançons se déplacent.
Dans les fraisières, le charançon occasionne rarement des dommages significatifs avant la troisième année (Cram, 1978). Une rotation de 2 ou 3 ans sera donc suffisante à prévenir une infestation dans cette culture. Cependant, il est clair qu'il ne faut pas planter des fraises dans un retour de prairie où l'on sait l'insecte présent.
Patch (1905) a observé à plusieurs reprises que le charançon de la racine du fraisier ne s'attaque pas à la pomme de terre et que cette culture éliminait la présence de l'insecte. On pourra donc cultiver la pomme de terre pendant une année dans un retour de prairie avant d'y implanter une fraiseraie.
Les engrais verts de crucifères n'aident pas au contrôle de l'insecte car Patch (1905) l'a observé se nourrisssant de plusieurs espèces de cette famille. Cette dernière entomologue conseille la jachère comme la meilleure façon en champ d'éliminer l'insecte.
Le charançon de la racine du fraisier est surtout un problème dans les fraisières de la côte ouest. Des chercheurs de Colombie-Britannique (Cram, 1978) ont observé que les variétés Totem et Cheam sont modérément résistantes aux attaques du charançon grâce à leur capacité à produire rapidement des racines abondantes. Shanks et al. (1984) ont suggéré d'utiliser la résistance naturelle des fraisiers sauvages pour développer de nouvelles variétés vraiment résistantes.
En pépinière, des chercheurs belges (Casteels et De Clercq, 1988) ont observé que O.ovatus et ses cousins se tiennent dans les tas de compost et de déchets végétaux. On aura donc intérêt à localiser ces tas à quelques distances des cultures ou derrière un obstacle (il ne vole pas).
Pour les cultures en pot en serre, il est possible de sauver des plants en changeant le sol et en lavant les racines.
Le contrôle biologique du charançon de la racine du fraisier a fait l'objet de nombreuses recherches et constitue sans doute le meilleur moyen de lutte contre ce ravageur.
Le nématode Heterorhabditis heliothidis est très efficace en serre. En champ, son efficacité est bonne tant que la température est supérieure à 11C et que le sol est humide. A des températures inférieures, le nématode Steinernemia feltiae (aussi appelé Neoaplectana carpocapsae) est plus efficace que le précédent (Rutherford et al., 1987).
Les nématodes sont appliqués au sol à deux reprises en fin de printemps à des doses qui varient entre un demi-million et un million de nématodes par mètre carré. On peut aussi appliquer les nématodes en les incorporant à un amendement de tourbe. Pour les conifères en pot, une suspension de 5 000 nématodes/litre peut être efficace (Rutherford et al., 1987).
Bien que moins facilement disponible que les nématodes, un autre moyen de contrôle biologique efficace est l'utilisation du champignon Metarhizium anisopliae. Zimmermann (1985) conseille deux ou trois applications d'une suspension de 5 x 107 spores/ml à raison de 50 ml par pot de 10 à 12 cm. Pour que le champignon soit efficace, la température doit être de 15C ou plus. Ce moyen de contrôle fonctionne avec la fraise, les azalées mais pas avec les cyclamens.
Blackshaw (1984) n'a pas obtenu de contrôle satisfaisant des larves du charançon dans des plants de pépinières en incorporant du Bt à du compost appliqué aux plants.
Dans la nature, les ennemis du charançon sont les carabidés, prédateurs facilement affectés par les insecticides.
Le charançon de la racine du fraisier et ses cousins sont extrêmement difficiles à contrôler avec des insecticides végétaux. Ball (1988) conseille deux applications de pyrèthre espacées de 3 ou 4 jours contre les adultes cependant que Patch (1905) n'observait aucun effet du pyrèthre contre cet insecte.
Notons que les premiers instars sont les plus sensibles aux insecticides.
L'huile essentielle de rhododendron lépidote peut servir de dissuasif alimentaire (répulsif) contre le charançon noir de la vigne (Doss, 1984).
A la suite de l'éruption du mont Ste-Hélène, Shanks et Chase (1978) ont constaté que O. ovatus était affecté par les cendres volcaniques. Par des essais ultérieurs, ils ont contrôlé l'insecte grâce à des applications foliaires de cendres volcaniques. Le charançon meurt au bout de 4 à 7 jours lorsqu'il est en contact permanent avec des cendres volcaniques.
Ball, J. 1988. Garden problem solver:vegetables, fruits, and herbs. Rodale Press, Emmaus, Pennsylvanie. 550 pages.
Blackshaw, R.P. 1984. An evaluation of three insecticides as compost treatments for the control of vine weevil larvae in hardy-annual nursery stock. Journal of Horticultural Science, 59:559-562.
Casteels, H. et R. De Clercq. 1988. Observations on weevil pests in nurseries. Mededelingen van de Faculteit Landbouwwetenschappen, Rijksuniversiteit Gent, 53(3a):1169-1174.
Cram, W.T. 1978. The effect of root weevils (Coleoptera: curculionidae) on yield of five strawberry cultivars in British Columbia. Journal of the Entomological Society of British Columbia, 75:10-13.
Doss, R.P. 1984. Role of glandular scales of lepidote rhododendrons in insect resistance. Journal of Chemical Ecology, 10(12):1787-1798.
Egger, A. 1979. [A monitoring trap for the small black weevil (Otiorhynchus ovatus) in nurseries. Centralblatt für das Gesamte Forstwesen, 96(2):65-74.
Maier, C.T. 1986. Relative abundance of adults of Callirhopalus
bifasciatus and three Otiorhynchus
spp. (Coleoptera: curculionidae) on certain cultivated and wild
plants in connecticut. Journal of the New York Entomological
Society, 94(1):70-77.
Patch, E. 1905. Strawberry crown girdler. Maine
Agricultural Experiment Station Bulletin No. 123.
Rutherford, T.A., D.Trotter et J.M. Webster. 1987. The potential of heterorhabditid nematodes as control agents of root weevils. Canadian Entomologist, 119:67-73.
Shanks, C.H. et D.L. Chase. 1981. Effect of volcanic ash on adult Otiorhynchus ovatus and Otiorhynchus sulcatus (Coleoptera: curculionidae). Melanderia, 37:63-66.
Shanks, C.H., D.L. Chase et J.D. Chamberlain. 1984. Resistance of clones of wild strawberry, Fragaria chiloensis, to adult Otiorhynchus sulcatus and O. ovatus (Coleopters:curculionidae). Environmental Entomology, 13:1042-1045.
Zimmermann, G. 1985. [A highly effective fungus saves insecticide]. Ein schlagkräftiger pilz spart insektizide, Gb+Gw, 85(7):294-295.
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