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CHANVRE

par

J.-P. MATHIEU Directeur de la Fédération Nationale des Producteurs de chanvre

1. -- IMPORTANCE ECONOMIQUE

1. -- Le Chanvre, Cannabis Sativa L., est une plante textile à fibres corticales et à graines oléagineuses. Originaire d'Asie Centrale, on sait qu'il était déjà utilise il y a plus de 6 000 ans. Mentionné pour la première fois dans un ouvrage chinois datant de 4 700 ans, on en trouve une description détaillée dans un traite de botanique du XV' siècle avant J.-C. La dispersion de la culture du Chanvre et de son utilisation dans l'Asie, l'Europe et le Bassin Méditerranéen est très ancienne mais si l'usage principal n'est pas toujours précise, il est certain que le Chanvre était considère comme une plante très importante pour l'homme Partout, on retrouve ses emplois textile pour le linge et les cordages, alimentaire avec l'huile extraite des graines et souvent thérapeutique.

2. -- En Europe méridionale, l'utilisation de fibre textile de Chanvre pour les cordages et les toiles tantôt grossières pendant tout le Moyen Age, tantôt fines comme à partir du XVI' siècle, connut en France un grand développement jusqu'au milieu du siècle dernier. Couvrant à cette époque plus de 100 000 hectares, sa fibre permettait la fabrication des toiles, tissus, cordages, ficelles et sacherie tandis que les graines donnaient une huile utilisée à des fins diverges. A partir de cette époque, comme les autres textiles naturels et les oléagineux, il a été victime du progrès: disparition de la marine à voiles, concurrence des textiles et oléagineux d'outre-mer (colon, sisal, jute, arachide, etc.) et apparition des textiles synthétiques. Cette désaffection était due également à l'insuffisance du revenu procure par cette culture, aux difficultés de trouver la main-d'uvre nécessaire, notamment pour l'exécution des travaux pénibles de la récolte et du rouissage à l'eau.

3. -- On recensait alors 176 000 hectares. Mais la régression fut très importante et continue jusqu'en 1939 ou une culture de 3 400 hectares n'était maintenue que grâce à des primes d'encouragement. Les besoins de la dernière guerre lui donnèrent un certain renouveau grâce à l'octroi de primes en nature. Dès 1952, la régression reprit et malgré les efforts considérables réalisés par la Fédération Nationale des Producteurs de Chanvre en vue d'améliorer la productivité et la technique culturale notamment par la mécanisation, on pouvait considérer qu'en dehors d'une nouvelle utilisation ou d'une nouvelle technologie, la culture n'avait plus aucun avenir, et ainsi, en 1960, on ne recensait plus que 700 hectares. Cette évolution est particulièrement apparente à la vue de la figure 1

4. -- La régression de la culture du Chanvre est un phénomène général en Europe malgré la diversité des situations économiques. En effet, si l'on considère l'Europe et l'U.R.S.S. la culture qui couvrait encore 870000 hectares en 1955 diminuait déjà à 535000 hectares en 1959 et semblerait être inférieure à 250 000 hectares en 1978. Toutefois, on note que la disparition totale des utilisations traditionnelles observée en France ne se produit pas dans les pays de l'Europe de l'Est qui connaissent des motivations spécifiques (figure 2)

5. -- Pendant toute cette dernière période depuis le début du siècle, la culture est restée localisée en France dans une zone relativement limitée comprenant la Sarthe pour plus des deux tiers et accessoirement le Maineet-Loire et la Somme, la Seine-Maritime, l'Indre-et-Loire, l'Orne, les Côtes-du-Nord, la Loire-Atlantique et le Morbihan.

A partir de 1961, il était évident que la disparition du Chanvre textile traditionnel était inéluctable en France et les chanvriers ont été amenés à conduire deux actions spécifiques pour essayer de préserver la culture. Dans les deux cas, il s'agissait de passer des accords entre la culture et les utilisateurs. Ces deux orientations ont connu des réussites très différentes (figure 3).

Années Textile artisanat Textile industriel Papetier Total
1960 695     695
1961 864 1084 61 2009
1962 846 1232 544 2622
1963 695 731 1224 2650
1964 749 1163 1460 3372
1965 596 1256 1993 3845
1966 320 395 1686 2401
1967 209 357 1916 2482
1968 86 147 3181 3414
1969 8   2821 2829
1970     3300 3300
1971     4418 4418
1972     4327 4327
1973     4113 4113
1974     5560 5560
1975     7597 7597
1976     7770 7770
1977     10595 10595
1978     10575 10575

6 -- La première initiative a été d'éliminer la récolte, le rouissage et le teillage sous leurs formes les plus artisanales et d'aboutir à une culture mécanisée où la récolte est faite par fauchage et où les tiges après un rouissage succinct sur le champ sont défibrées dans un seul atelier. Au cours de cette dernière opération les déchets ligneux, dits chènevottes, sont obtenus et diriges vers les fabriques de panneaux de particules. Débutée en 1961 avec plus de 1 000 hectares, cette nouvelle orientation a dû être abandonnée dès 1968 avec la persistance des difficultés sur le marche des fibres En même temps, les derniers hectares de chanvre traditionnel disparaissaient.

7. -- La deuxième initiative très différente quant à la destination des tiges a également débuté en 1961 par quelques dizaines d'hectares d'essais pour aboutir rapidement à 1 700 hectares en 1966, 4 400 hectares en 1971, 7 800 hectares en 1976 et près de 10 600 hectares en 1978. Dans cette utilisation les tiges sont récoltées mécaniquement en ballots puis dirigées vers la fabrication de papiers fins. En effet, depuis toujours l'industrie papetière a utilisé et utilise encore d'ailleurs le Chanvre comme matière première de qualité Mais dans la majorité des cas elle le fait sous forme d'étoupes, de sous-produits de filature (Chanvre mais surtout Lin et Coton) et de rebuts: sacs, chiffons, cordages. C'est la diminution relative de ses approvisionnements traditionnels et leur pollution grandissante par les fibres plastiques qui ont conduit certains papetiers spécialises dans les papiers fins à engager une politique d'approvisionnement direct auprès de la culture française. II faut souligner que si ces papetiers utilisent le Chanvre en tige, selon la qualité souhaitée de la fabrication, ils utilisent également pour tout ou partie du Chanvre défibré en atelier ou encore des étoupes importées des pays de l'Est, mais surtout des déchets de filature de Lin.

Enfin les producteurs français ont également mis en place un atelier coopératif de défibrage qui approvisionne les papetiers souhaitant disposer de ces matières sans prendre la responsabilité de la culture sous contrat et du défibrage. Dans les deux cas, la chènevotte est appréciée des fabricants de panneaux de particules bien qu'elle reste un sous-produit économique.

8.-- Le Chènevis qui est la graine de Chanvre est actuellement récolté sur seulement une partie des cultures: environ 4 000 hectares dont plus de 1000 appartiennent au secteur de la production des semences certifiées. La production de Chènevis proprement dit, à l'exclusion des semences, oscille entre 2 000 et 2 500 tonnes par an et son débouché reste essentiellement les appâts de pêche et la nourriture des oiseaux.

II y a 20 ans, le marché de l'ordre de 2 500 tonnes était couvert pour environ 80 % par des importations. Aujourd'hui, ce marché très spécifique n'a guère évolué en France particulièrement dans les circonstances économiques de cri se et l es producteurs français exportent une partie non négligeable: 25 à 50 % de leur production vers les autres pays européens qui ne produisent plus de Chanvre. De nouveaux débouchés restent encore à découvrir vers les huiles de table et diététiques, les vernis et les peintures, les tourteaux mais les conditions économiques de production de la graine ne permettent guère d'aborder ces marches.

II. -- PLANTE, AMÉLIORATION ET VARIETES

9.-- Les Chanvres spontanés et les populations anciennement cultivées en France vent des plantes dioïques. Les plantes mâles ont une tige grêle qui perd ses feuilles après la floraison, puis meurt, ce qui accentue considérablement le dimorphisme sexuel que les inflorescences des deux sexes donnent à cette espèce. L'inflorescence mâle en grappe plus ou moins lâche et presque totalement dépourvue de feuilles s'oppose à l'inflorescence femelle composée d'épis à l'aisselle de feuilles nombreuses. Dans les deux cas, la tige herbacée, simple, dressée et nouée tous les 10 à 30 cm porte des feuilles opposées (alternées au sommet vers l'inflorescence), longuement pétiolées, profondément palmatissequées en 5 à 9 folioles lancéolés inégaux. La tige s'implante par une forte racine pivotante et un système radiculaire fortement développe.

Autrefois, étaient essentiellement cultivées des populations locales: Chanvre d'Anjou, de Marolles, d'Ecommoy puis des populations étrangères: Chanvre du Piémont, de Turquie. Actuellement, les cultures étrangères de Chanvre vent réalisées avec des variétés dioques obtenues après de longues et sérieuses sélections (figures 4 et 5).

10. - Aujourd'hui, en France, ces populations sont totalement remplacées par des variétés monoïques qui sont constituées par des pl antes à port femelle. à inflorescence de type femelle ou se développent en sus de' fleurs mâles à l'aisselle des segments distaux (figure 6) Les avantages de ces variétés sont importants: productivité en tiges et en graines accrue, maturité homogène de toutes les plantes.

II. - A l'origine, ce sont des chercheurs allemande (HOFFMAN, VON SENGBUSCH) qui les premiers ont isole puis sélectionné des types monoïques. Dans un premier temps, la Fédération Nationale des Producteurs de Chanvre qui disposait d'un monopole de fait, a organise leur production pour assurer les besoins de la culture française et ceci avec l'agrément du Ministère de l'Agriculture. Toutefois, ces types, dont la qualité essentielle était la monoëcie, présentaient d'importants défauts notamment leur instabilité, leur relative hétérogénéité. leur teneur en fibres corticales insuffisante et des rendements à améliorer.

12. - C`est ainsi que parallèlement à l'utilisation agricole des semences issues des types monoïques mis au point en Allemagne, la FNPC et l'INRA ont entrepris vers 1960 un programme de sélection et de création de variétés monoïques à la Station d'Amélioration des Plantes de Montpellier. Ce programme avait pour objectif premier l'amélioration des rendements en tiges et en graines, de la teneur et de la qualité technologique des fibres, de la teneur en huile des graines:

· Rendement en tiges: les types monoïques nouveaux étaient certes beaucoup plus productifs que les types dioïques correspondants, a précocité égale, grâce au potentiel élevé de toutes les tiges mais on pouvait espérer améliorer sensiblement leur possibilité de production.

· Rendement en graines: dans ce domaine également la supériorité des types monoïques était incontestable puisque toutes les tiges pouvaient produire des graines et on obtenait 10 quintaux de graines par hectare en exploitation mécanisée normale alors que la récolte des dioiques s'établissait couramment à 5 quintaux par hectare avec une récolte très difficile. On pouvait assez facilement imaginer une sélection orientée vers une production beaucoup plus importante de graines ma~s sans doute spécialisée dans ce seul domaine.

· Teneur et qualité technologique des fibres: les types monoïques allemande pressentaient des teneurs en fibres corticales de l'ordre de 15 % et l'observation de la variation individuelle des plantes laissait croire qu'un objectif de 20 % était possible. On pouvait également imaginer d'orienter la sélection vers plus de fibres primaires ou plus de fibres secondaires suivant les besoins de l'industrie utilisatrice.

· Teneur en huile: l'utilisation éventuelle des graines en huileries justifiait largement des recherches visant à améliorer la teneur en huile des graines de Chanvre qui en moyenne était de l'ordre de 30-35 %. En effet dans certaines populations il a été trouvé des plantes dont la teneur en huile des graines semblait dépasser de beaucoup ce taux moyen et atteindre 40-45 % ce qui laissait entrevoir une amélioration sensible.

13. -- Des le développement de ce programme, les premiers résultats ont fait apparaître des objectifs complémentaires tels que la nécessité de développer et de stabiliser l'état monoïque, de définir les modalités de la multiplication de ces nouveaux types, d'homogénéiser les caractéristiques essentielles des plantes des populations utilisées puis de rechercher des types de précocité différente s'adaptant aux climats des différentes régions françaises. D'autres objectifs ont perdu de leur acuité en fonction des éléments économiques, notamment ceux concernant la qualité des fibres corticales (abandon de l'utilisation textile) et la teneur en huile (graines trop chères à produire pour ces marchés).

14. --Les travaux, menés par M. ARNOUX et la FNPC, ont about) à des résultats appréciables bien qu'ils aient été réorientés à plusieurs reprises au cours de ces 20 années en raison de difficultés rencontrées dans le domaine de la reproduction des types monoiques et de l'influence tres importante du milieu sur l'équilibre de la monoëcie, mais aussi et surtout à cause du développement de la culture non battue qui en ne requérant pas un battage systématique des graines permettait d'orienter la sélection vers la tardiveté donc du rendement.

15. -- Aujourd'hui, tous les problèmes ne sont pas résolus notamment ceux lies à la limitation du taux des plantes mâles. En revanche, ceux poses par l'influence du milieu sur l'équilibre monoïque et sa reproduction sont bien maîtrises et grâce aux travaux de sélection les producteurs français disposent d'un éventail de 5 variétés monoïques homogènes et riches en fibres, dont la productivité est en rapport avec la précocité (figure 7).

Deux nouvelles variétés vent en cours d'inscription au Catalogue Officiel national et européen, l'une plu précoce que Fedora 19, 1'autre plus tardive que Fédrina 74. Les principales difficultés rencontrées dans leur création est le maintien d'un rendement acceptable pour la 1re (son intérêt sera d'être récoltée en battu avant la mauvaise saison donc avec une diminution des risques) et la multiplication délicate des semences pour la 2' (tardiveté excessive).

111. -- EXIGENCES ECOLOGIQUES

A.-- Climat

16. -- Le Chanvre, au cours de l'histoire, a été cultivé sous des formes assez différentes dans la plupart des régions du monde. La culture actuelle se situe aussi bien en zone subtropicale qu'en zone tempérée mais essentiellement sur le continent asiatique et l'Europe. A l'exception de quelques rares types, c'est une plante de jours courts et les différents types cultivés vent adaptes en raison de leur propre réaction photopériodique.

Ainsi les Chanvres nordiques ont une période végétative de course durée allant de 60 à 80 jours et vent peu exigeants au point de vue de la température, une somme de 800 à 900 °C peut alors suffire. A l'extrême les types subtropicaux dont la durée de végétation atteint 140 à 160 jours ont des besoins thermiques plus importants pouvant aller de 3 500 à 4 000 °C. Entre ces formes extrêmes très différentes quant à leur développement et à leur comportement, on rencontre beaucoup d'intermédiaires. Les types cultivés en France ont une période végétative de 100-120 jours et des besoins thermiques allant de 1 750 à 2 000 °C'

17. -- Par conséquent, dans la mesure où on choisit une variété adaptée, on peut pratiquer cette culture dans la plupart des régions françaises. Bien qu'actuellement la culture soit concentrée dans l'Ouest, le Centre Ouest et le Centre Est en raison des points d'utilisation, on peut citer des essais réussis de culture dans toute la France. Ces mêmes variétés vent utilisées avec succès en Espagne, en Italie, en Yougoslavie, en Hongrie, en Pologne, en Allemagne, en Hollande et de nombreux sélectionneurs betteraviers utilisent le Chanvre pour isoler leurs fécondations grâce au développement précoce et important du Chanvre.

18.-- Les besoins en eau' sont très importants pendant la croissance active du Chanvre, c'est-à-dire a moment d'allongement maximum des tiges, soit pendant environ 6 semaines à partir du 20' jour après la levée. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, si le précipitations pendant cette période sont utiles, elles n' sont pas du tout. indispensables dans un sol normal ayant pu constituer les réserves nécessaires au cours d' I'hiver. Les besoins en eau diminuent ensuite mais restent importants . Pourtant ces besoins sont encore mal connus. .

Dans les sols sableux et dans les régions méridionales, sans être toujours indispensable, l'irrigation peut être d'une bonne rentabilité avec un nombre d'arrosages relativement limité: 2 à 4 de 50 mm lorsqu'ils sont programmés aux moments critiques Dans les zones les plus sèches, le Chanvre pourra recevoir 6 à 8 arrosages mais des précautions seront à prendre pour l'apport de la fumure azotée.

B. -- Sol

19. -- Les terres préférées par le Chanvre seront profondes et franches telles que les alluvions et plus généralement toutes les bonnes terres possédant des réserves organiques et minérales importantes. Pourtant, il vient également très bien sur une grande variété de sols à condition qu'ils ne soient ni trop acides, ni trop maigres, alors ils pourront rentabiliser très efficacement le chaulage d'entretien (1 000 à 1 500 kg/ha) et les fumures minérales Un facteur essentiel sera que le sol puisse être suffisamment bien préparé pour emmagasiner et conserver l'eau nécessaire à l'utilisation des éléments minéraux En définitive, on peut considérer que les bonnes terres à betteraves vent de bonnes terres à chanvre, mais celui-ci avec un minimum de précautions peut facilement rentabiliser une majorité de sols plus pauvres

IV.-- TECHNIQUE CULTURALE:

A.-- Place dans la rotation

20 --Le Chanvre peut être considère comme une excellente tête de rotation au même titre que la Betterave ou la Pomme de Terre Grâce à sa vigueur et à la rapidité de sa croissance sans aucune façon culturale en cours de végétation, il couvre efficacement le sol et peut donc être qualifié de la plante étouffante '. Dans une situation normale de semis, même une terre salie est rendue propre apres la récolte car la compétitivité du Chanvre par rapport aux mauvaises herbes est très grande, il les domine puis les étouffé rapidement.

21. --C'est un très bon précédent à Blé, puisqu'il libère relativement tôt en septembre une terre non seulement propre mais parfaitement seine, prospectée et ameublie en profondeur par son système radiculaire pi votant et pourvue en éléments fertilisants déjà mobilises. Ceci permet des semailles précoces et un très bon départ en végétation de la céréale avant les froids

22. --Toutefois son semis assez tardif et la durée relativement course de son cycle végétatif lui confèrent une très grande souplesse d'adaptation et lui permettent de s'insérer dernière une très grande variété de précédents notamment en dérobée derrière un fourrage de u printemps. Pourtant cette pratique doit être réservée à des cas particuliers car il n'y a aucun intérêt à faire précéder ou suivre le Chanvre par un autre précédent s remarquable et toujours lieu de faire bénéficier une céreale d'hiver du précédent Chanvre Enfin, le Chanvre peut revenir très efficacement une ou deux fois sur lui-même.

I 23. --Son intégration dans l'assolement facilite la répartition harmonieuse des travaux de l'exploitation puisque, semé le dernier au printemps, il ne nécessite aucun travaux d'entretien avant la récolte intercalée entre la moisson et la récolte du mais

B.--Préparation du sol

24 --Elle doit s'appuyer sur deux nécessites constituer et conserver la quantité d'eau nécessaire à la croissance, créer un lit de germination assez finement émietté sur un fond ouvert sans être creux tout en conservant en surface une humidité suffisante à la germination d'un semis tardif

Le plus souvent un labour d'hiver profond et précoce doit être prévu pour laisser se faire l'action du gel Par la suite, avant le semis, on réalise un minimum de façons superficielles compatibles toutefois avec la propreté du sol et l'ameublissement de la couche superficielle Ainsi à la sortie de l'hiver et au plus tard trots semaines avant le semis on procédé a une bonne reprise du labour puis juste avant le semis une préparation du lit de semences. Cette préparation doit être assez fine mais sans exagération En terre battante le sol sera moins affine pour éviter le risque de croûtage au moment de la levée qui de toute façon reste un moment critique dont dépend toute la culture

25 --Si dans certains sols ou dans certaines conditions on peut envisager de retarder le labour, il faut exclure toute préparation hâtive du sol avant le semis qui conduit le plus souvent à de graves échecs car les plantes adventices levées en même temps que le Chanvre prennent définitivement l'avantage si les conditions climatiques ne vent pas particulièrement favorables

C.-- Exigences et fumure

26 -- Les essais et analyses réalisés par la FNPC montrent que pour une culture non battue produisant 10 tonnes de matière sèche (tiges et feuilles) les exportations enregistrées sont les suivantes:

Azote 80-100 Kg
Acide phosphorique 25 kg
Potasse 150 kg
Chaux 150 kg
Magnésie 15 kg
Sodium 1500 g
Manganése 400 g
Cuivre 50 g
Bore 100 g
Zinc 150 g

 

Ces mêmes essais montrent qu'en tenant compte de la racine pivotante et du chaume de 5 cm laissés par le fauchage, la production correspondante de matière sèche est d'environ 12 tonnes (pour 10 tonnes précédemment), et que globalement la composition de l'en semble est à peu près identique. On peut donc conclure à une consommation supérieure de 20 % environ au: chiffres précédents.

De la même façon, on y remarque que le rythme de consommation de N. P et K est normal par rapport à la croissance c'est-à-dire fort en début (le maximum es, pratiquement atteint en 60 jours) puis lent en fin d~ cycle, par contre le calcium est consommé plus régulièrement avec une accentuation en fin de maturation des tiges.

Enfin pour une culture battue qui produirait 8 tonnes de matière sèche dans des conditions similaires, soit 7 tonnes de tiges et 1 tonne de chènevis, on peut donner les exportations suivantes:

Azote 50-70 + 35 kg
Acide phosphorique 20 + 10 kg
Potasse 110 + 10 kg
Chaux 110 kg
Magnésie 10 + 5 kg
Sodium 1000 g
Manganése 280 + 80 g
Cuivre 35 + 10 g
Bore 70 + 15 g
Zinc 100 + 75 g

 

27. -- Compte tenu de ces éléments, notamment des besoins exprimés par la plante pendant sa première période de croissance, la fumure minérale à envisager doit être du type suivant:

· N 80-120 u (70-100 u pour une culture battue)

, P205 80-120 u dans le cadre d'une rotation céréalière

· K2 O 160-200 u

· amendement calcaire d'entretien suivant la nature du sol.

Une attention particulière doit être portée à la fumure azotee en fonction de la structure du sol, la dose, la forme, la date de l'apport minéral et éventuellement organique de façon à éviter les risques de verse mécanique très préjudiciable au rendement.

La pratique courante consiste à enfouir l'acide phosphorique et la potasse au labour d'hiver et d'incorporer l'azote sous forme d'ammonitrate au moment des préparations superficielles de façon à ce que les éléments fertilisants nécessaires soient disponibles au moment de la croissance.

D. -- Semis

28. -- Le semis doit être effectué aussitôt que possible, car le rendement dépend directement de la duree de la croissance qui se termine par la mise à fleurs. Or celle-ci, sous la dépendance de la photopériode, se produit à une date à peu près fixe pour une variété donnée queue que soit la date de levée (un mois de retard ne donnera qu'une semaine de décalage). Toutefois il n'y a aucun intérêt à effectuer un semis dans des conditions de température et d'humidité telles que le Chanvre lève très précocement mais n'entame pas immédiatement une véritable croissance car les adventices en viendraient à bout facilement. Ainsi en année moyenne, dans la zone actuelle de culture, on peut débuter le semis à partir de la mi-avril, après le mois de mai on ampute le rendement d'une manière importante. Dans tous les cas, les terres doivent être seines et suffisamment réchauffées (12-14 °C).

29. -- On utilisera un semoir classique à socs espaces de 15-17 cm en respectant une profondeur de 2-3 cm en s'assurant toutefois que les graines trouveront I'humidité nécessaire à leur germination et à la levée. Le peuplement recherché sera de 200 (culture battue) à 250 (culture non battue) plantes efficaces au m2 et pour cela on emploie respectivement 40-60 kg et 50-70 kg par hectare en fonction de la germination, de la grosseur des graines et des conditions prévues du semis.

30. -- Les cultures destinées à la seule production de graines de semences sont dites « porte-graines » et sont réalisées en lignes espacées de 60 à 80 cm avec une densité de semis de 3 à 5 kg/ha. Un demariage à 10cm sur la ligne est recommandé pour améliorer le rendement en graines et faciliter les opérations d'épuration, mais les producteurs recherchent un semis de précision plus risque en raison du pouvoir germinatif moyen de l'ordre de 80 % seulement pour ce type de semences qui vent généralement conservées plusieurs années

31. -- Cette production de semences est totalement réglementée et seule l'utilisation de semences certifiées est autorisée. Les cultures « porte-graines » sont épurées journellement pendant toute la période de floraison et font l'objet d'un contrôle officiel extrêmement sévère.

La tonalité de la production de semences certifiées de Chanvre Monoïque est organisée par la Coopérative

Centrale des Producteurs de Semences de Chanvre sous le contrôle technique de la FNPC et du GNIS. La production qui dans tous les cas doit absolument assurer l'approvisionnement des cultures françaises, assume cette responsabilité en supportant notamment un report de sécurité conservé en chambre froide de l'ordre de 50 % de la consommation prévue. En effet, aucun approvisionnement extérieur n'est possible.

E.--Soins d'entretien et traitements

32 -- Lorsque le semis est bien réussi avec une levée totale et vigoureuse, des conditions d'humidité et de température favorables entraient une croissance rapide. Le Chanvre couvre alors tout le sol en quelque 15 jours Grâce à ce pouvoir de compétition la plante empêche toute rivalité de la part des mauvaises herbes. Dans le cas contraire il n'y a pas de solution satisfaisante de lutte contre les adventices. En effet pour ces cultures, un traitement chimique toujours coûteux doit être curatif puisqu'il n'est que rarement nécessaire. Or les travaux mènes depuis de nombreuses années par la FNPC n'ont pas donné de résultats positifs en matière de désherbant antidicotylédone de postlevée.

33. -- Par contre dans les cultures porte-graines le traitement est toujours utile et peut donc être envisage a titre préventif c'est-à-dire en prélevée. Les récents travaux de la FNPC ont fait apparaître de nettes possibilités pour trots produits qui sont actuellement testés sur le plan de leur effet sur les rendements. Lorsque de tels traitements ne sont pas réalisés ou sont inefficaces, il faut envisager au moins 2 binages.

34. -- Dans certains cas on peut avoir à réaliser des traitements contre les limaces ou les altises (porte graines) ou encore détruire les foyers d'Orobanche qui reste un parasite dangereux contre lequel la rotation est inefficace.

35. -- L'irrigation n'est guère utilisée car elle est généralement plus- rentable sur le mais de la même exploitation et parce que le Chanvre peut être classe dans la catégorie des cultures qui bien implantées, vont chercher l'eau nécessaire très profond grâce à un système radiculaire particulièrement développe. Toutefois en zone méditerranéenne ou en sol sableux, on rentabilise très bien des irrigations (2 à 8) de 50 mm.

F. -- Récolte

36. -- L'arrachage à la main et le fauchage linge sont depuis longtemps remplaces par une recolte complètement mécanisée qui sans avoir résolu tous les problèmes, peut être considérée comme une méthode moderne capable de s'insérer dans une exploitation normale.

37. -- Dans la culture non battue, on réalisé un fauchage à la fin de la floraison, c'est-à-dire à partir du 20 août suivant la variété. On opéré par andainage à la faucheuse ordinaire ou à la faucheuse conditionneuse qui limite le temps de séchage de l'andain. Reposant sur le chaume d'environ 5 cm, celui-ci atteint une siccité normale de 14 à 18 % H2O en 4 à 8 jours. On procédé alors a son ramassage avec une presse à couteau à moyenne densité (figure 8). Les ballots liés à la ficelle sisal ou au fil de fer pèsent de 18 à 35 kg suivant le processus de ramassage qui suit et qui exige exactement les mêmes solutions que la paille de céréales.

38. - Dans la culture battue, le fauchage qui ne peut être réalisé qu'avec une faucheuse ordinaire, correspond à la maturite des graines et peut suivant la variete intervenir du 5-10 septembre au 25-30 septembre. Apres une huitaine de jours de séchage de l'andain, période pendant laquelle les graines terminent leur maturation, on effectue un battage des tiges avec un pick-up égreneur spécial qui reconstitue l'andain pour le pressage qui se fait immédiatement derrière (figure 9).

39. -- De nouvelles techniques vent en cours d'élaboration. Elles ont pour but d'aboutir à des unités pressées à haute densité (150-200 kg/m3) d'un poids variant de 400 à 1 200 kg qu'il s'agisse de grosses balles relaisses en une seule opération: ramassage--coupage--pressage hydraulique ou en deux opérations: rangement et pressage hydraulique de ballots déjà presses. Ces techniques qui ont pour but de faciliter les manipulations mécaniques seront selon toute vraisemblance au point assez rapidement et se développeront dans toutes les exploitations d'une certaine importance.

V. -- CONCLUSION

40. -- Le développement de la culture du Chanvre reste lie à l'obtention de nouveaux débouchés papetiers. On peut en faire le pari puisqu'un certain nombre de conditions économiques: pénurie des matières premières papetières et développement des sources d'énergie rationales. Sont favorables à cette évolution. Avec une parfaite intégration de cette culture dans l'assolement et une récolte bien mécanisée, le Chanvre peut soutenir la concurrence des autres productions. Si les conditions de marche des tiges et des graines vent normales, on peut affirmer que l'agriculture française est parfaitement capable d'assurer rapidement une extension importante de cette culture.

Copyright © 1980 J.P.Mathieu . Tous droits réservés.


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