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QUELQUES ELÉMENTS À PROPOS DE LA CULTURE DE LA VIGNE EN AGRICULTURE BIOLOGIQUE

J. POUSSET

La vigne n'est pas originaire de nos pays occidentaux mais elle y est cultivée depuis très longtemps.

Je n'aborderai ici que des aspects culturaux particuliers à l 'agriculture biologique .

Choix du terrain : avoir du bon sens

Il est évident qu'on ne peut pas faire pousser la vigne sur n'importe quel terrain et sous n'importe quel climat ; il parait inutile de vouloir la cultiver à grande échelle en dehors des régions de vignobles traditionnelles (même si la répartition de celles-ci a varié au cours de l'histoire).

Plantation : des règles `de base

La plantation dl'une jeune vigne en agriculture biologique se caractérise plus particulièrement par :

- la non-désinfection du sol

- l'apport (sauf cas particuliers) d'une bonne dose de compost et d'une certaine quantité d'engrais minéraux choisis en fonction du sol (et éventuellement du soul-sol)

- un défoncement raisonnable du terrain

A propos du dernier point (défoncement) : les labours traditionnels très profonds (4O cm et d'avantage) qu'on effectue parfois avant plantation ne sont pas très conformes à l'esprit de la culture biologique car ils provoquent un retournement brutal et important des couches de sol.

Il parait judicieux de leur préférer un ou plusieurs sous solages croisés effectués en période assez sèche (mais pas trop quand même).

.Si la plantation de la nouvelle vigne est effectuée sur une parcelle ayant déjà porté de la vigne ou une végétation arbustive ou forestière, il est prudent de cultiver (en céréales pas exemple) pendant plusieurs années et d'éliminer le maximum de racines pour éviter tout risque de pourridié sur la nouvelle plantation.

La technique de plantation elle-même ne présente pas de caractères particuliers en agriculture biologique.

Plants en pots ou greffés-soudés

La technique traditionnelle de plantation de la vigne est le greffé-soudé tout à fait: compatible, évidemment, avec le cahier des charges de la culture biologique. L'autre façon courante de précéder est l'utilisation de plants en pots :

- la reprise est bonne, meilleure en général qu'avec les greffés-soudés ordinaires

- on peut parfois installer les pots avec succès dans des conditions un peu humides que supporteraient moins bien les greffés-soudés (lors des printemps difficiles par exemple).

Mais elle exige des conditions pour réussir :

- les plants doivent évidemment être de bonne qualité.

- ils ne doivent pas souffrir de la sécheresse ; il est donc nécessaire sur les terrains filtrants d'arroser aussi souvent que nécessaire s'il fait sèche au cours des semaines ou des mois suivant la mise en terre.

Par ailleurs, ces plants sont obtenus dans des conditions qui peuvent paraître criticables dans l'optique de l 'agriculture écologique puisqu'on les fait généralement pousser dans des serres chauffées pour qu'ils soient plus rapidement disponibles. Il serait néanmoins possible de les obtenir, moins rapidement, dans des serres non chauffées munies de dispositifs de captage de l'énergie solaire: ou simplement bien exposées au sud.

Enfin, il faut veiller à ce que les pots ne contiennent pas, dans la mesure du possible, de substances prohibées par le cahier des charges.

Bien choisir le porte-greffe

Si la fertilité du sol est bien entretenue comme cela doit être le cas en agriculture biologique, la vigne aura spontanément, sauf cas particuliers, une bonne vigueur.

"Vin de qualité" est généralement synonyme de production quantitative raisonnable, pas trop élevée mais suffisante tout de même (si elle est vraiment trop faible cela peut être dû à une mauvaise santé de la vigne ou à des déséquilibres graves du terrain).

Le cépage joue évidemment un rôle de premier plan par rapport à la quantité et surtout la qualité du vin.

Mais le porte-greffe a lui aussi beaucoup d' influence; s'il est très vigoureux, il favorisera une production élevée dont la quantité risque d'être moins bonne ; s'il est trop faible (compte tenu de la fertilité du terrain) la récolte sera exagérément diminuée et la quantité pas forcément augmentée en conséquence.

Dans certaines régions on a eu tendance depuis déjà quelques années, pour des raisons variées (souci d'augmenter les rendements, diminution de la fertilité de certaines terres due, notamment, au manque de restitutions organiques), à utiliser des porte-greffes plus vigoureux qu'autrefois, valorisant mieux les apports d'engrais chimiques (de la même façon que la holstein valorise mieux les aliments concentrés que les anciennes races laitières locales).

C'est ainsi qu'un porte-greffe traditionnel comme le riparia gloire, très utilise autrefois dans certaines régions, est remplace par le SO4` plus vigoureux et donc plus productif.

Lors de la conversion d'une vigne à la culture biologique, il faut tenir compte de cet aspect ; si c'est un vignoble installé sur un porte-greffe vigoureux, il peut arriver, si le passage a la culture biologique se traduit par une augmentation de la fertilité du sol (ce qui n'est pas obligatoirement et systématiquement le cas) que la production augmente quantitativement mais que sa qualité gustative (je ne parle pas rie la qualité "biologique") diminue, ce qui pose alors un réel problème. Il faut alors essayer de jouer sur la taille et de modérer les apports organiques mais ce n'est pas toujours facile car il faut quand même bien "retaper" le sol.

Potasse et vignoble

Lors de la conversion de certaines vignes à la culture biologique, il arrive qu'on constate un gros déséquilibre entre potasse et magnésie au niveau du sol, déséquilibre parfois en défaveur de la potasse ; il faut corriger ce déséquilibre.

Je suis partisan dans ce cas d'apporter du chlorure de potasse "naturel", c'est à dire peu purifié (couleur rougeâtre) plutôt que du patentkali qui présente dans ce cas précis, I'inconvénient d'apporter également de la magnésie qui va avoir tendance à prolonger le déséquilibre.

La priorité donnée au patentkali par le cahier des charges de Nature et Progrès peut d'ailleurs être discutée mais cela mérite une étude à part.

En cas de carence extrêmement marquée en potasse et de fort excès de magnésie, l'apport de chlorure de potasse (qui doit rester raisonnable) peut être complété par des pulvérisations foliaire de nitrate de potasse.

Ces traitements de choc, pour utiles qu'ils soient, doivent évidemment rester exceptionnels.

Fumure de la vigne : priorité aux matières organiques

La vigne exporte peu d'éléments nutritifs comparativement à beaucoup de plantes cultivées ; la fumure d'entretien est donc modérée.

Par contre une fumure de correction du sol peut être nécessaire (par exemple pour remonter le taux d'humus ou corriger certains déséquilibres ou carences) ; sa nature et son importance peuvent être déterminées notamment par l'interprétation des résultats d'une ou plusieurs bonnes analyses de sol.

Ne pas oublier les critères habituels de jugement d'un sol : couleur, odeur, texture, structure, végétation spontanée, comptage des vers de terre, etc...) ; veiller tout particulièrement à une bonne teneur en matières organiques et en humus qu'on peut augmenter et maintenir par des apports de compost mûr, de fumier (sur sol vivant), d'engrais verts dont la nature varie en fonction du type de terrain (et éventuellement de ses besoins). A mon avis la fumure d'entretien sur sol vivant et bien pourvu peut se faire uniquement sans forme organique. Une bonne solution est alors de combiner l'utilisation du compost (ou du fumier) avec des engrais verts : épandage de fumier ou du compost sur l'engrais et enfouissement superficiel avec ce dernier en automne après peut également enfouir ces matières organiques au moment du semis de l'engrais vert..

Dans certains cas les engrais organiques du commerce rendent aussi de bons services.

L'enherbement permanent est une solution intéressante a priori car il protège le sol et, souvent, améliore sa structure ; il peut toutefois présenter des inconvénients dans les secteurs craignant la sécheresse ou les gelées.

Par ailleurs l'utilisation des engrais verts dans les sols où le mode de conduite de la vigne fait que les raisins descendent très près du sol (Champagne...) pose certains problèmes. En effet, il y a alors une augmentation des risques de pourriture due à l'humidité. Dans ce dernier cas on peut se cantonnér à l'utilisation d'engrais verts d'hiver du type vesce-avoine ou colza d'hiver qu'on peut détruire ou mulcher au printemps.

Si en sol pauvre on est amène a appuyer la fumure organique par une fumure minéral il ne faut pas perdre de vue que la production de raisins exporte 3 à 4 fois plus de potasse que d'acide phosphorique.

Attention, bien sur , sur sols calcaires a pH elevé, aux possibles chloroses contre lesquelles on peut lutter :

- en activant la vie microbienne par mulchage de matières organiques ayant tendance à provoquer une certaine dissolution du calcaire par l'intermédiaire de la vie microbienne

- par des pulvérisations de sels de fer dans les cas les plus graves

Travail du sol : des façons ordinaires

Le travail du sol en viticulture biologique ne présente a ma connaissance pas de caractères très particuliers; les façons culturales sont classiques et traditionnelles (buttage, debuttage, etc.. ).

On s'efforce cependant, bien sûr, d'appliquer les principes de base du travail du sol en agriculture biologique, le plus important de ces principes étant fort simple (en théorie tout au moins) : travailler le moins possible avec les machines et laisser travailler les êtres vivants du sol, laboureurs bénévoles et infatigables : vers de terre, insectes, microorganismes, racines des plantes cultivées et spontanées...

Lutte contre les adventices : surtout le travail superficiel du sol

Le désherbage chimique est. bien entendu, prohibé ; en sol bien équilibré les adventices ne posent pas de problème grave ; on limite leur développement par des binages classiques dont la fréquence est fonction de chaque cas particulier. Divers types d'appareils permettent d'effectuer un bon travail jusqu'au ras du cep ; les personnes intéressées par cette question peuvent consulter la documentation classique qui est bien fournie en la matière.

Parasitisme et traitements : honneur aux vieux produits

Les maladies et parasites ne doivent pas poser de gros problèmes si la vigne est bien cultivée mais cela ne veut pas dire que les traitements ne sont pas parfois indispensables ; les plus habituels vent les suivants :

- poudrage de maërl broyé à faible dose (30 kg/ha) pour renforcer la vigueur du végétal ; l'efficacité de ce type d' intervention, très prôné par certaines personnel, est assez controversée

- sulfatage à la bouillie bordelaise contre le mildiou, en nombre variable (2 à 4 en général)

- poudrage de soufre contre l'oidium (2 ou 3 fois selon la région et l'année) ; certains viticulteurs traitent également contre cette maladie (dans les cas graves) au permanganate de potasse (1,25 ~ de permanganate par litre de solution et 500 1 de solution par ha). le traitement est effectué à la mauvaise saison pour détruire les conidies du champignon.

Il peut également arriver parfois que certains insectes posent des problèmes, on peut utiliser alors un insecticide toléré par le cahier des charges.

Conduite générale de la vigne : travaux habituels

Les opérations de taille, vendange, mise sur fils, buttage-débuttage, etc... sont habituellement identiques en agriculture biologique et en agriculture classique.

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