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AGRO-BIO - 360 - 12

LES ALTISES

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Jean Duval, agr., M.Sc.
octobre 1996

GÉNÉRALITÉS

On nomme altise un groupe de petits coléoptères de la famille des chrysomèles qui ont les pattes de derrière très développées et qui sautent lorsque dérangés. On reconnaît facilement les dommages que font les altises adultes par les feuilles criblées de petits trous plutôt ronds qu'elles laissent après leur passage.

On compte plusieurs espèces d'altises dont quelques-unes causent des dommages d'importance économique. Par exemple, l'altise des crucifères est arrivé d'Europe dans les années '20. Il s'agit maintenant, et de loin, l'altise la plus commune et celle qui cause le plus de dommages dans les cultures de crucifères au Canada. Plusieurs espèces sont très spécialisées et causent peu de dommages.

On peut les classer selon les cultures qu'elles attaquent. Le tableau 1 et la figure 1 permettent de distinguer les différentes espèces d'altises. En pratique, il est difficile d'attraper les altises sans recourir au piégeage (voir plus loin), ce qui complique l'identification. La plupart des espèces d'altises sont de couleur foncée et lustrée et mesurent de 2 à 5 mm de longueur. Les antennes mesurent de la moitié au deux tiers de la longueur du corps selon les espèces.

Tableau 1 - Principales espèces d'altises attaquant les végétaux au Canada (à l'exception de celles attaquant les arbres)

Nom commun Nom scientifique Plantes attaquées Description Commentaires
Altise de la vigne Altica chalybea Vigne, prunier, pommier, hêtre, orme 1/5" vert-bleu métallique foncé Adultes attaquent les bourgeons au débourrement
Altise du fraisier Altica ignita Fraisier, onagre et autres rosacées bleu métallique  
Altise des radis Phyllotreta aerea      
Altise du chou Phyllotreta albionica Crucifères   Dans l'Ouest canadien
Altise du raifort Phyllotreta armoraciae Raifort 1/8" Noire avec élytres jaunes à bordures noires femelle pond sur pétioles et la larve creuse le pétiole.
Altise des crucifères Phyllotreta cruciferae Crucifères Noire avec un reflet vert ou bleu. Élytres avec ponctuations irrégulières. La plus commune et la plus importante dans les crucifères au Canada. Introduite d'Europe.
Altise noire Phyllotreta pusilla Maïs    
Altise des jardins Phyllotreta robusta Crucifères   Peu important ravageur
Altise des navets Phyllotreta striolata Crucifères 1/12" Noire avec bandes courbes jaunes ou blanches La femelle pond dans la tige
Altise sinuée Phyllotreta zimmermanni Crucifères 1/12" Noire avec bandes sinueuses jaunes femelle un oeuf par feuille et larve mine les feuilles.
Altise de la pomme de terre Epitrix cucumeris Pomme de terre 1/16" noire Peut transmettre le mildiou hâtif
Altise de l'aubergine Epitrix fuscula Aubergine 1/16" noire  
Altise du tabac Epitrix hirtipennis Tabac 1/16" brun-jaune avec nuage en travers des ailes  
Altise de la pomme de terre de l'Ouest Epitrix subcrinita Pomme de terre   Ouest Canadien seulement
Altise des tubercules Epitrix tuberis Pomme de terre   dommages importants aux tubercules dans l'Ouest de l'Amérique du Nord
Altise de l'épinard Disonycha xanthomelas Épinard 1/5" Vert-noir avec un thorax jaune et une tête noire Femelle pond sous les feuilles et larve se nourrit sous les feuilles
Altise du maïs Chaetocnema pulicaria Maïs   Transmet la flétrissure bactérienne du maïs
Altise de la patate douce Chaetocnema confinis Patate douce, maïs et céréales, trèfle, framboisier et surtout liseron 1/16" reflet bronze Adulte fait des tracés sur les feuilles le long des veines
Altise à bandes pâles Systena blanda Plusieurs. Larves:bourse-à-pasteur et chénopode. 1/8" Brun pâle à noir avec deux bandes blanches et larges Larves attaquent les grains de maïs plantés
Altise à tête rouge Systena frontalis      
Altise du houblon Psylliodes punctulata Houblon, betterave et rhubarbe Gris-noir avec des ponctuations régulières  

Figure 1 - Différentes espèces d'altises (source:USDA)

de la pomme de terre de la patate douce de l'épinard de l'aubergine du tabac de la pomme de terre de l'Ouest des navets du maïs à bandes pâles de la vigne

Cycle de vie

Les altises hibernent au stade adulte le plus souvent sous les feuilles, les résidus ou dans le sol au bord des champs, des boisés, des fossés et des clôtures. L'altise des crucifères a un taux de survie de 25 à 50% sous litière de feuilles au Manitoba (Turnock et al., 1987). Elles sortent tôt d'hibernation (mi-mai à fin mai) et s'attaquent aux mauvaises herbes. Quand elles sentent la présence des plantes cultivées, elles accourrent par dizaines. Le feuillage endommagé par une altise fait en sorte que l'odeur de la plante est plus forte, ce qui attire encore plus d'altises. Les altises peuvent voler jusqu'à un kilomètre de distance pour trouver leurs plantes préférées.

Les adultes se nourrissent pendant plusieurs semaines après quoi les femelles pondent leur masses d'oeufs au pied des plantes, tout près de la surface du sol. Certaines espèces pondent sur les plantes (voir tableau 1). Chaque femelle pond une centaine d'oeufs qui prendront d'une à deux semaines à éclore. Les larves se nourrissent alors des racines des plantes pendant deux semaines puis atteignent le stade de pupes pour émerger sous forme adulte une douzaine de jours plus tard.

Certaines espèces peuvent avoir deux générations dans le sud du Québec et de l'Ontario.

Dommages

Les altises endommagent surtout les plantules, tôt en saison de culture. Les cultures en sols légers par temps chaud et sec sont les plus touchées.

Les espèces attaquées varient selon les espèces d'altises (voir Tableau 1). Pour simplifier, on peut dire que les altises du genre Phyllotreta s'attaque surtout aux crucifères, le genre Epitrix surtout aux solanacées et le genre Altica aux rosacées. Parmis les plantes cultivées, les familles de plantes les plus souvent affectées par les altises sont les crucifères (chou, brocoli, chou de Bruxelles, chou-rave, navet, moutarde) et les solanacées (pommes de terre, aubergines, tomates).

Adultes

Les dommages caractéristiques de l'altise sont les petits trous ronds sur les feuilles qui donnent une apparence criblée aux plantes.

Les dommages ne sont très souvent que cosmétiques mais peuvent être important par exemple dans les champs de moutarde de l'ouest, ou pour les aubergines et les épinards, cultures qui peuvent être anéanties par les altises. La plupart des dommages se font alors dans la première semaine après l'émergence des plantules, soit l'attaque des cotylédons. Dans le cas de la moutarde et du canola, les altises réduisent les rendements, retardent la maturité, diminuent la qualité de l'huile et la hauteur des plants.

Les altises peuvent aussi ronger la tige sous la surface du sol.

Larves

Selon les espèces, les dommages causés par les larves sont différents. La plupart des larves se nourrissent sur les racines des plantes à la base desquelles les adultes ont pondu. Ces dommages sont le plus souvent négligeables et ne compromettent pas la vie de la plante, mais quelquefois, comme dans le cas de l'altise de la pomme de terre de l'ouest, la culture est compromise par les larves. De la même façon, les radis et les navets sont endommagés par les altises qui attaquent les crucifères. Les larves de certaines espèces se nourrissent sur les feuilles ou font des tunnels dans la tige.

Moyens de lutte

Dépistage, piégeage et seuil de tolérance

Piégeage

Des pièges collants blancs ou jaunes installés près des plants à protéger ou même avant de transplanter des plants vont permettre de piéger les altises. Vincent et Stewart (1986) ont démontré que les pièges blancs étaient plus efficaces que les pièges rouges ou verts dans le cas de l'altise des crucifères et de l'altise des navets. Généralement, les pièges jaunes sont les plus utilisés.

Dans le même ordre d'idée, une boîte ou une surface concave dont les parois intérieures de la couleur appropriée sont recouvertes de glu, peut être passée au-dessus des cultures à protéger. Les altises se prendront au piège au fur et à mesure de l'avancement alors qu'elles sautent parce que dérangées. Lawrence D. Hills du Henry Doubleday Research Association en Angleterre a même suggéré l'emploi d'un charriot à altises illustré à la figure 2. Le charriot est passé au-dessus des rangs de jeunes plants, dérangeant les altises qui se prennent sous la surface engluée du charriot. Les larges roues préviennent les mouvements latéraux des altises.

En vignoble, Cox (1985) recommande de placer à intervalles d'environ 15' sur le rang des contenants de plastiques de couleur jaune clair (ou peints en jaune clair) englués dès l'apparition des premières feuilles. Une inspection régulière et le remplacement des contenants couverts d'altises suivent.

Des assiettes ou contenants jaunes remplies d'eau attirent les altises tout en les noyant. Il est préférable d'enlever les pièges quand la saison haute des altises est passée, de façon à ne pas attrapper inutilement des insectes bénéfiques qui seraient aussi attirer par le jaune. Certains jardiniers auraient réussi à piéger des altises avec des pièges de bière, comme ceux utilisés pour les limaces.

Figure 2 - Charriot à altises

Recettes de glu

Bien que l'on retrouve de la glu à prix raisonnable sur le marché (ex.:Tanglefoot), il est aussi possible de fabriquer soi-même sa glu. Voici quelques recettes:

Recette #1: 8 parties de résine en poudre, 4 parties de térébenthine, 4 parties d'huile de lin (en quincaillerie) et une demi-partie de miel.

Recette #2: 16 parties de résine en poudre, 3 parties de mélasse, 3 parties d'huile de lin.

Recette #3: 3 parties de résine et une d'huile de graines de coton.

Dans le trois cas, le mélange est amené à ébullition. Brasser ensuite sur feu doux. Verser sur un papier à l'épreuve des graisses pendant que le mélange est encore chaud.

Dépistage et seuil de tolérance

Les techniques de dépistage des altises en cultures de légumes en champs consistent soit à examiner les dommages occasionnés ou à placer des pièges.

Le seuil de tolérance dans les cultures de canola est 25% du feuillage cotylédon dévoré. R.J. Lamb, chercheur d'AgCan à Winnipeg, a développé un indice de stress qui permet de raffiner les seuils de tolérance.

Moyens de lutte culturaux

Contrôle des mauvaises herbes

Il faut s'assurer que les mauvaises herbes sont enfouies ou enlevées à l'automne et au printemps avant de transplanter pour limiter l'alimentation des adultes qui sortent d'hibernation. Les débris de plantes dans le jardin peuvent aussi encourager l'hibernation sur place et devraient être enlevés. Toutefois, comme les altises peuvent hiberner à maints endroits, il faut surtout prendre garde d'enlever les mauvaises herbes de la même famille que celle des plantes à protéger, crucifères ou solanacées le plus souvent.

Fertilisation

Règle générale, il faut garder le sol en bonnes conditions de fertilité pour que les jeunes plantes se développent rapidement et souffrent moins des attaques des altises. On doit toutefois faire attention au excès d'azote qui produisent un feuillage tendre plus susceptible aux attaques des altises. Semtner et al. (1980), ont constaté qu'une carence en phosphore favorisait les populations d'altises du tabac (Epitrix hirtipennis) tandis qu'une faible fertilisation potassique leur était défavorable.

A l'université Cornell de l'état de New York, Eigenbrode (1988) a comparé l'effet d'une fertilisation organique ou minérale sur l'abondance des altises sur des choux frisés. Les plants qui recevaient une fertilisation uniquement minérale ou du compost de fumier avaient plus d'altises que ceux qui recevaient du fumier frais. Les plants non-fertilisés avaient les plus hautes populations d'altises.

État du sol et travail du sol

Les altises prolifèrent dans les sols croûtés où elles adorent pondre. Il est donc important de décroûter le sol et de garder le sol en bon état structural grâce à des apports de matière organique tels qu'engrais vert et compost et en évitant un travail du sol excessif.

Weiss (1991) a noté dans le Dakota du Nord que les cultures de canola et moutardes sur sol à nu étaient plus attaquées par les altises que celles en semis direct.

Le travail du sol près des plants à faible profondeur (1-2 cm) va détruire une certaine quantité d'oeufs et de larves d'altises pendant la saison. En fin de saison, le labour (et surtout l'absence de mauvaises herbes) va rendre l'environnement peu favorable pour la ponte des femelles et va détruire des oeufs.

Dose de semis

Il est possible de faire des semis denses et d'éclaircir lorsque la période intense des altises est passée. Une rangée d'une variété particulièrement susceptible aux altises peut être semée comme plante-piège (voir ci-après).

Date de semis ou de transplantation

De planter tôt ou au contraire tard peut prévenir des dommages trop graves en évitant la période où les altises sont les plus actives soit en mai et en juin. Il ne faut cependant pas généraliser. Pour les cultures commerciales, il n'est pas intéressant de retarder les semis pour prévenir les dommages par les altises, car les pertes de rendements sont alors plus considérables que les pertes occasionnées par les altises. Ainsi, parce que les plants les plus touchés étaient ceux plantés en début mai, une stratégie consistant à transplanter le tabac plus tard en saison a été étudié en Virginie. La constatation fut que les rendements étaient trop diminués par des plantations tardives (fin mai début juin) bien que les altises faisaient moins de dommages. Dans le cas du maïs, il est important de planter en sol réchauffé pour prévenir les dommages provenant de la larve de l'altise à bandes pâles.

Pour ce qui est des transplants, il est préférable de les mettre en place à un stade assez avancé. Au Manitoba, Soroka et Pritchard (1987) ont observé que les dommages était négligeables pour des plants de brocoli transplantés au stade 6 à 8 feuilles, tandis que les semis direct ou les transplants plus jeunes subissaient des dommages importants.

Compagnonnage

Le compagnonnage des crucifères avec d'autres plantes peut réduire les attaques d'altises comme le prouvent de nombreuses études scientifiques américaines. Règle générale, l'effet du compagnonnage est de rendre les plantes sensibles plus difficiles à localiser pour les altises plutôt que de les repousser par leur odeur. Ainsi, dans un champ de chou, Andow et al. (1986) ont observé une réduction importante d'apparition d'altises avec des couvre-sols permanents de trèfle blanc, d'agrostis, de fétuque rouge, de pâturin du Kentucky et de Poa pratensis. Ellstrom et al. (1988) ont conclu que les altises colonisent moins vite et quittent deux fois plus rapidement une culture de brocoli avec couvre-sol de trèfle blanc que sol à nu. A l'université du Colorado, Liewehr (1987) a observé dans un champ de pommes de terre que le plus grand nombre d'altises se retrouvaient en sol à nu entre les rangs et le plus petit nombre avec couvre-sol de raygrass. Un paillis était intermédiaire entre les deux.

La plante-compagne peut aussi avoir un effet physique. Ainsi, Garcia et Altieri (198?) ont constaté que les altises s'empêtraient dans un couvre-sol de vesce semé dans un champ de brocolis. Elles sont alors plus susceptibles d'être attaquées par des ennemis naturels et quittent plus rapidement la zone hostile.

Yepsen (1984) suggère d'alterner des rangs de radis avec de la laitue dans les jardins.

Le compagnonnage des tomates et des crucifères serait efficace contre les altises mais n'est pas à conseiller pour d'autres raisons: il s'agit de plantes exigeantes particulièrement en calcium. Ce qui a pour effet de produire des carences en calcium pour la tomate, des fruits avec pourriture apicale.

En production commerciale, le désavantage du compagnonnage est que le rendement des cultures est souvent réduit d'autant par la compétition des autres plantes qu'il y a réduction d'attaques des altises.

Plantes-pièges

Les crucifères sauvages sont souvent plus attirantes pour les altises que les crucifères cultivées. La moutarde est également très attirante pour les altises et peut donc servir de plantes-pièges lorsque complantée avec la culture à protéger. Altieri et Gliessman (1983) ont observé jusqu'à 5 fois plus d'altises sur Brassica campestris que sur des plants de chou frisé voisins.

Parmis les plantes cultivées, les BokChoy et autres variétés de choux chinois ainsi que les radis sont des plantes-pièges idéales. Placés à quelques mètres de la culture à protéger, ces plantes vont effectivement attirer les altises.

Variétés résistantes

Yepsen (1984) donne une liste de variétés résistantes aux altises, surtout l'altise à bandes pâles que voici.

  • Chou-fleur: Early Snowball A et Early Snowball X
  • Chou: Stein's Early Flat Dutch, Mammoth Red Rock, Savory Perfection Drumhead, Early Jersy Wakefield, Copenhagen Market 86, Ferry's Round Dutch.
  • Chou frisé: Vates, Georgia et Georgia LS, Vates, Dwarf Siberian, Dwarf Green Curled Scotch, Early Siberian
  • Brocoli: De Cicco, Coastal, Gem, Italian Green Sprouting, Atlantic
  • Moutarde: Florida Broadleaf
  • Radis: Champion et Sparkler (modéremment résistants)
  • Rutabagas: American Purple Top
  • Pommes de terre: Sequoia
  • Cantaloup: Seven top
  • Moyens de lutte physiques

    Ombrage

    Comme les altises n'aiment pas l'ombre, certaines plantes susceptibles mais qui tolèrent un certain ombrage (ex.:pommes de terre, radis, épinard) peuvent être cultivées près de plantes qui vont les ombrager en partie. Les semis et jeunes plants surtout devraient être ombrés.

    Bâches

    Les bâches (Reemay, Agronet, etc.) sont des barrières physiques très efficaces pour la protection contre les altises. Leur coût se justifie pour des cultures de valeurs: aubergines, certaines crucifères. Quelques précautions sont à respecter quand on utilise des bâches:

  • - enterrer les côtés en laissant suffisamment de place pour l'expansion des plantes.
  • - relever la bâche pour permettre le désherbage ou la pollinisation lorsque nécessaire.
  • - évidemment, ne pas attendre que les altises soit présentes pour mettre les toiles, les mettre avant.
  • Douche froide

    Dans un jardin, il possible de brumiser ou d'arroser les jeunes plants avec de l'eau froide. Les altises se nourrissent plus voracement en temps sec et chaud. Quand le feuillage et le sol sont humides, elles ont tendance à se cacher dans des crevasses. Il faut bien sur répéter le traitement tant que les feuilles sont tendres et que les altises sont bien actives.

    Les meilleurs moments pour arroser seraient le matin et en début d'après-midi.

    Aspirateur

    Il est aussi possible d'aspirer les altises avec les aspirateurs à insectes portatifs ou les modèles pour les tracteurs.

    Moyens de lutte biologiques

    Les insectes prédateurs comme les carabes sont peu efficaces contre les adultes qui se déplacent rapidement, sauf dans le cas mentionné précédemment où une culture intercalaire nuit aux mouvements rapides de l'altise.

    Plusieurs oiseaux ont l'altise à leurs menus: pinsons, mésanges, etc. Le plus efficace des prédateurs naturels de l'altise est cependant le crapaud, dont il faut encourager la présence par des petits tas de roches. Les jeunes poules et poulets sont aussi très efficaces à chasser l'altise malgré ses déplacements rapides. Il est important d'utiliser des jeunes volailles car les plus âgées vont manger les feuilles des crucifères.

    Le stade larvaire dans le sol se prête bien au contrôle à l'aide de nématodes entomophages comme Neoaplectana carpocapsae, disponible sous le nom commercial de Bio-Vector.

    Autres moyens de lutte

    Répulsifs

    Les répulsifs peuvent être appliqués directement au feuillage ou placés dans l'environnement immédiat des plantes à protéger. Ils agissent pour des raisons physiques ou olfactives et sont de nature minérale ou végétale.

    Répulsifs minéraux

    Certaines poudres minérales appliquées sur les plants vont repousser les altises. Appliquées à la base des plants, les poudres minérales peuvent aussi décourager la ponte des altises. La cendre seule ou un mélange de cendre et de chaux appliqué en poudrage léger sur les jeunes plants va repousser les altises mais ne les tuera point. La terre diatomée agira de même mais ne les tuera pas non plus, car les altises ont un corps très dur et sautent trop souvent. Il est recommandé de poudrer en soirée pour éviter de détruire des insectes prédateurs. Le poudrage doit être répété deux à trois fois semaine. En année froide et humide, le poudrage des plants est peu efficace contre les altises, car les poudres perdent rapidement leur effet.

    Des récipients contenant un mélange égal de suie et de chaux agricole peuvent être disposés ça et là dans la surface à protéger, près des plants.

    La bouillie bordelaise a un effet répulsif sur les altises. Elle était même utilisée commercialement à cette fin dans les années '40 aux USA dans les cultures de tomates et de pommes de terre. Le feuillage doit être bien couvert tant dessous que dessus quand les plants sont jeunes.

    Répulsifs végétaux

    On trouve différentes suggestions de répulsifs végétaux dans la littérature populaire de jardinage biologique. Les feuilles et baies de sureau peuvent être employées comme paillis répulsif. Une pulvérisation pourrait agir de même. Des pulvérisations d'absinthe, de trèfle ou de raygrass auront un effet répulsif sur des plants de crucifères. Les plants de tomates, aubergines et pommes de terre pourront être protégés par des pulvérisations d'ail, oignons ou de piments forts. La menthe et la cathaire auraient aussi un effet répulsif.

    Purins répulsifs

    Pour préparer des purins répulsifs d'ail ou de piments forts, on prend simplement de ces plantes, on les coupe ou broie finement, on mélange à de l'eau, puis on filtre le tout. Le liquide résultant est pulvérisé non-dilué sur les plantes à protéger. La pulvérisation doit couvrir tout le feuillage.

    Du côté de la recherche scientifique, Latheef et Ortiz (1984) ont confirmé qu'un compagnonnage d'herbes odorantes telles que la cathaire, la tanaisie et l'absinthe réduisait la présence des altises sur des plants de choux frisés. Cependant, ils ont conclu que la réduction n'était pas suffisante pour protéger cette plante dont on mange les feuilles de dommages économiques.

    En Thaïlande, Rittmann et Stoll (1990) ont identifié plusieurs plantes qui peuvent servir de répulsifs contre les altises dans les cultures de crucifères. La plupart de ces plantes sont cependant tropicales. Notons toutefois dans la liste la tomate et le nim, qui devrait être disponible commercialement bientôt au Canada.

    Insecticides végétaux

    Le pyrèthre paralyse les altises en autant qu'elles entrent en contact direct avec le produit, d'où l'importance de bien couvrir le dessus et le dessous du feuillage. Deux applications séparées de quelques jours peuvent suffire à régler le problème.

    Pour de fortes infestations, la roténone à 5% peut être utilisée en dernier recours. On fait le traitement de préférence le matin quand les altises sont moins actives. Il faut répéter tous les trois jours pendant une semaine si elles persistent. S'attendre à une nouvelle génération quelques semaines plus tard. On doit toujours attendre au moins 24 heures avant de cueillir des plants traités à la roténone.

    Stoll (1986) liste plusieurs autres végétaux utilisables contre les altises: le nim (Azadirachta indica) qui est répulsif alimentaire; le pyrèthre; la sabadille; le tabac.

    Bibliographie

    Altieri, M.A. et S.R. Gliessman. 1983. Crop Protection 2(4):497-501.

    Andow, D.A., A.G. Nicholson, H.C. Wien et H.R. Wilson. 1986. Insect populations on cabbage grown with living mulches. Environmental Entomology, 15: 293-299.

    Ellstrom, K.M., D.A. Andow et W.W. Barclay. 1988. Flea beetle movement in a broccoli monoculture and diculture. Environmental Entomology, 17(2):299-305.

    Garcia, M.A. et M.A. Altieri. 1992. Explaining differences in flea beetle Phyllotreta cruciferae densities in simple and mixed broccoli cropping systems as a function of individual behavior. Ent. Exp. et Appl., 62:201-209.

    Latheef, M.A. et J.H. Ortiz. 1984. Influence of companion herbs on Phyllotreta cruciferae on collard plants. J. Econ. Entomology, 77:80-82.

    Liewehr, D. 1987. Entomological Society of North America Conference Notes, IPM Practitioner, vol. IX, no 3: 8.

    Semtner, P.J., M. Rasnake et T.R. Terrill. 1980. Effect of plant nutrition on the occurence of tobacco hornworms and tobacco flea beetles on different types of tobacco. Journal of Economic Entomology, 73:221-224.

    Soroka, J.J. et M.K. Pritchard. 1987. Effects of flea beetle feeding on transplanted and direct-seeded broccoli. Can. J. Plant Sci., 67:549-557.

    Stoll, Gaby. 1986. Natural crop protection based on local farm resources in the Tropics and Subtropics. Josef Margraf, Aichtal, Allemagne. 186 pages.

    Sussman, Vic. 1984. Flea beetle strategy. Organic Gardening, octobre 1984, pages 38-44.

    Turnock, W.J., R.J. Lamb et R.J. Bilodeau. 1987. Abundance, winter survival, and spring emergence of flea beetles in a Manitoba grove. Canadian Entomologist, 119:419-426.

    Vincent, C. et R. Stewart. 1986. Influence of trap color on captures of adult crucifer-feeding flea beetles. J. Agric. Entomology, 3(2):120-124.

    Williams, R.N. et al. 1984. Review and listing of the natural enemies of flea beetles. Phytoparasitica, 12(1):53-64.

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