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AGRO-BIO - 360 - 05
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Les oiseaux sont le plus souvent des êtres vivants utiles à l'agriculture. Plusieurs espèces insectivores consomment des quantité importantes d'insectes ravageurs. Il existe par contre certaines espèces d'oiseaux omnivores qui s'en prennent aux cultures, notamment aux petits fruits et au maïs. Parmis ces espèces, on compte par exemple le carouge à épaulettes, le moineau, l'étourneau, le gros-bec, la corneille et le corbeau. Le pigeon n'est une nuisance que sur les bâtiments de ferme bien qu'en Angleterre on le voit attaquer certaines cultures.
La protection écologique des cultures contre les oiseaux nuisibles implique surtout des moyens directs de lutte (ex.:tir, piégeage), la protection physique des cultures (ex.:filet) mais surtout l'utilisation de répulsifs sonores (ex.:canons, pétarades) et visuels (ex.:épouvantails). Le choix de la méthode la plus appropriée se fera en fonction de:
Tableau 1 - Exemples de moyens de lutte à privilégier selon le type de culture à protéger
Cultures | Moyens de lutte |
Grandes cultures (maïs sucré, tournesol, etc.) | Canons, alarmes, piégeage |
Horticulture (jardins, maraîchage, fruits et petits fruits) | Épouvantails,
ballons-épouvantails, ruban réflecteur Filets de protection, cerf-volants rapaces |
La section adresses utiles en pages sept et huit présente une liste de fournisseurs de différents produits répulsifs ou autres utilisés contre les oiseaux nuisibles.
Il existe plusieurs types de répulsifs sonores. Voici une brève description de chaque type.
Les répulsifs sonores sont utilisés pour éloigner les oiseaux depuis plusieurs décennies maintenant. Le problème le plus fréquemment observé avec les répulsifs sonores est que les oiseaux développent une accoutumance et qu'en conséquence les répulsifs perdent peu à peu leur efficacité. Cette accoutumance peut prendre aussi peu que quelques heures ou ne jamais se développer selon le type de son. Pour éviter l'accoutumance des oiseaux aux répulsifs sonores, il est conseiller:
- De présenter le son (ou stimuli) le moins souvent possible. La fréquence d'émission devrait être basé sur le temps que cela prend à un groupe d'oiseaux à se regrouper après le stimuli. Le stimuli devrait être restreint aux périodes intenses d'activités, soit tôt le matin ou en soirée pour la plupart des espèces. Une fréquence d'émission irrégulière empêchera aussi les oiseaux de s'habituer rapidement au stimuli. Les répulsifs sonores ne devraient être utiliser que dans la période où les oiseaux peuvent faire des dommages et quand il y a beaucoup d'individus.
- De varier les sons. La meilleure approche sonore consiste à enregistrer toutes sortes de bruits différents dont des pétarades et des tirs de fusils ou tout autre son qui puisse effrayer les oiseaux. On peut aussi changer la provenance du son en disposant plusieurs haut-parleurs et en alternant l'émission des sons d'un haut-parleur à l'autre. Il ne faut toutefois pas varier le volume car cela ne fait que rendre le stimuli moins efficace.
- De pouvoir émettre les sons avec du bon équipement et beaucoup de volume. Cela implique entre autres de produire des sons clairs qui couvrent plusieurs fréquences. Les oiseaux doivent pouvoir localiser d'où vient le son pour s'envoler. S'ils ne savent pas d'où vient le son, ils ont tendance à s'immobiliser sur place plutôt que de s'envoler. Aussi, plus l'étendue des fréquences est grande, plus le répulsif sonore est efficace. Les cris d'alarme des oiseaux sont souvent très aigus.
Outre l'épouvantail traditionnel, il existe plusieurs autres types de répulsifs visuels contre les oiseaux.
Rapaces vivants: Les rapaces comme les faucons et les busards sont des prédateurs de beaucoup d'oiseaux nuisibles. Leur utilisation en agriculture, par l'intermédiaire d'un fauconier (dresseur de rapaces) est toutefois rare. Une étude a par ailleurs démontré que la présence humaine est souvent plus efficace a effrayer certains oiseaux que les rapaces, dans le cas où l'homme est devenu un prédateur plus important que le rapace pour cet oiseau.
Images de rapaces: Un autre type de répulsif visuel consiste à garder l'image ou la forme d'un rapace dans les airs soit au moyen d'avions téléguidés ou de cerfs-volants attachés à des ballons d'hélium ou à de grands poteaux. Les cerfs-volants suspendus aux ballons d'hélium sont plus efficaces contre les carouges que s'ils sont attachés à de longs poteaux car ils bougent plus (Conover, 1983). Inglis (1980) explique quand même le peu d'efficacité générale de cette technique. Les oiseaux, surtout les plus âgés, s'habituent en quelques heures et cela ne fonctionne pas du tout pour certaines espèces d'oiseaux nuisibles (ex.: moqueurs).
Faux prédateurs: Pour les jardins, on trouve sur le commerce des modèles en trois dimensions qui représentent soit un chat, un hibou ou un serpent, tous des prédateurs qui sont sensés éloignés les oiseaux.
Épouvantails: Le bon vieil épouvantail les bras en l'air est en général peu efficace à éloigner les oiseaux. Un modèle amélioré consiste en un mannequin dans la position de tir d'un chasseur. Pour encore plus d'effet, on ajoute un canon ou un enregistrement du son d'un fusil qui se déclenche à intervalles. Un épouvantail relativement efficace et disponible commercialement consiste en un mannequin comme ceux utilisés sur les chantiers de travaux routiers, qui bouge la tête et lève et baisse les bras lentement, au rythme des battements des ailes d'un aigle.
Épouvantail de Markgren: Cet épouvantail consiste en deux yeux énormes. C'est un stimuli tout simple, disponible commercialement pour une dizaine de dollars sous forme de ballons gonflables, qui provoque la fuite chez un grand nombre d'espèces d'oiseaux. C'est d'ailleurs un dessin qui se retrouve sur les ailes de plusieurs espèces de papillons pour se protéger des attaques d'oiseaux. Les fabriquants de ces épouvantails leurs donnent un rayon d'action de 10 à 15 mètres. L'épouvantail de Markgren le plus efficace a les caractéristiques suivantes: deux grands yeux circulaires arrangés horizontalement, chacun contenant des cercles concentriques de couleurs vives.
Corps d'oiseau: L'exposition d'un corps d'oiseau dans une posture inhabituelle, une posture telle qu'après avoir été tiré au fusil ou une posture d'alarme prêt à l'envol, est utilisée avec un certain succès pour éloigner les oiseaux d'une même espèce. Des expériences menées sur les goélands dans les aéroports ont démontré qu'il faut toutefois que le corps de l'oiseau reste reconnaissable, qu'on change sa posture de temps à autre et son emplacement sur le terrain. Des expériences avec des corbeaux n'ont pas donner de résultats intéressants (Naef-Daenzer, 1983). Une réplique en trois dimensions peut aussi fonctionner.
Autres répulsifs visuels: Des lumières stroboscopiques ont été utilisées avec un certain succès contre les oies qui se posent dans les champs lors de leur migration. Les rubans réflecteurs, comme les assiettes d'aluminium qui battent au vent, ont aussi un effet répulsif. Certains appareils de couleurs vives qui tournent au vent ont un effet répulsif, mais qui ne dure pas longtemps cependant.
Une façon de retarder l'accoutumance aux répulsifs visuels est de les changer d'emplacement et de les enlever et de les remettre à différents moments. Une façon de renforcer l'effet d'un répulsif visuel est de l'associer à une mauvaise expérience, comme par exemple, des tirs de fusils. Il faut que l'apparition de l'objet corresponde à une période de tirs. Après quelques épisodes, les oiseaux vont associer l'objet aux tirs et les tirs ne seront plus nécessaires aussi souvent.
Tir
Le tir peut être efficace pour éliminer les oiseaux nuisibles et les éloigner en même temps selon le degré d'habileté du tireur. Pour réduire les risques et accroître les chances de succès, on peut placer un appât dans un couloir aménagé dans le champ où il sera plus facile de tirer sur un groupe d'oiseaux attiré par l'appât.
Destruction des nids
Cette technique n'est vraiment faisable qu'en ville ou sur les bâtiments de ferme, difficilement en champ ou dans les haies.
Piégeage
Appât: L'essentiel d'un bon piège est l'appât. Pour attirer une espèce d'oiseaux en particulier, on choisit une source de nourriture qu'il préfère, la culture que l'on veut protéger par exemple. Le maïs est un appât qui fonctionne bien pour plusieurs espèces. On peut aussi utiliser un oiseau de bois ou un spécimen capturé et docile pour renforcer l'attirance. Il ne faut pas mettre trop d'appât à la fois car il pourrait se gâter.
Types de piège: Il y a trois principaux types de piège utilisés pour capturer les oiseaux de nos jours. Le piège entonnoir consiste en un cône dont la moitié supérieure est coupée et tournée vers l'intérieur. Les oiseaux entrent par le petit trou et ne peuvent trouver la sortie lorsqu'ils veulent ressortir. Il existe des modèles avec double chambres pour plus de sureté. Le piège unidirectionnel est utilisé pour les pigeons. Il s'agit de cages avec une porte en tourniquet qui ne tourne que dans un sens. Il existe aussi des pièges dits tombants qui sont coûteux et dont certains ont des mécanismes complexes qui font en sorte qu'on ait pas à les réamorcer à chaque capture. Une autre façon de capturer les oiseaux est au moyen de glu. Les oiseaux se collent les pattes dans la glu et ne peuvent s'échapper.
Filet: Pour les cultures de grandes valeurs, des filets plastiques peuvent être disposés au-dessus des cultures. Le coût en est amorti sur plusieurs années.
Ensachage: Une variante du filet est l'ensachage qui peut se faire à petite échelle pour le maïs sucré. Il s'agit simplement de couvrir les épis d'un sac de plastique fermé par un élastique. On peut ensacher environ 120 épis en une heure. On peut aussi mettre seulement des élastiques ou du ruban gommé au bout des épis.
Protection des semis: Les semis peuvent être protéger par un mulch ou en saupoudrant de la chaux au-dessus des semis.
Variétés résistantes: Aux États-Unis, il existe des variétés de maïs sucré résistantes aux carouges à épaulettes et autres oiseaux nuisibles des champs de maïs. Dolbeer et al. (1988) ont observé le moins de dommages sur les variétés Gold Dust et Advance. Dans les prairies, il existe également des variétés de tournesol pour l'huile résistantes aux oiseaux.
Au Québec
A l'extérieur du Québec
Gard, N et D.M. Bird. 1992. L'utilisation des rapaces en lutte biologique. pages 586-594 In Vincent, C. et D. Coderre. La lutte biologique. Gaëtan Morin Éditeur, Boucherville.
Conover, M.R. 1983. Pole-bound hawk-kites failed to protect maturing cornfields from blackbird damage. Pages 85-90 In W.B. Jackson et B.J. Dodd. 1983. Proceedings of the Ninth Bird Control Seminar. Centre for Environmental Research, Bowling Green State University, Ohio.
Dolbeer, R.A., P.P. Woronecki et J.R. Mason. 1988. Aviary and field evaluations of sweet corn resistance to damage by blackbirds. Journal of the American Society for Horticultural Science, 113(3):460-464.
Fitzwater, W.D. 1982. Getting physical with birds. Pages 31 à 44 In Baur, F.J. et W.B. Jackson. 1982. Bird Control in food plants - It's a flying shame. American Association of Cereal Chemists, St-Paul, Minnesota.
Harris, H.A.G. 1983. Blackbird control - an agricultural perspective. pages 299-300 In W.B. Jackson et B.J. Dodd. 1983. Proceedings of the Ninth Bird Control Seminar. Centre for Environmental Research, Bowling Green State University, Ohio.
Inglis, I.R. 1980. Visual bird scarers: an ethological approach. Pages 121-143. In Wright, E.N. 1980. Bird problems in agriculture. BCPC Publications, Croydon, Royaume-Uni.
Naef-Daenzer, L. 1983. Scaring of carrion crows by species-specific distress calls and suspended bodies of dead crows. Pages 91-95 In W.B. Jackson et B.J. Dodd. 1983. Proceedings of the Ninth Bird Control Seminar. Centre for Environmental Research, Bowling Green State University, Ohio.
Slater, P.J.B. 1980. Bird behaviour and scaring by sounds. Pages 105-114 In Wright, E.N. 1980. Bird problems in agriculture. BCPC Publications, Croydon, Royaume-Uni.
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