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Ecological  Solutions Roundtable


AGRO-BIO - 310 - 09

COMMENT TRAVAILLER UN RETOUR DE PRAIRIE EN AGRICULTURE BIOLOGIQUE

Table des matières

Document produit par le groupe de travail des conseillers oeuvrant en agriculture biologique avec l'aide de Denis Lafrance, directeur du Centre de développement d'agrobiologie du Québec. Automne 1990.

Avec l'adoption de l'usage des herbicides, il paraissait soudain facile et rapide de remettre en culture une prairie dégradée ou infestée de mauvaises herbes. Cependant, on connaît maintenant les inconvénients potentiels et réels associés à l'utilisation de tels produits: développement de résistance, résidus persistants dans le sol dans certains cas, contamination possible de l'environnement surtout des nappes d'eaux, fluctuation des prix imprévisible, dépendance du producteur, efficacité variable selon les conditions climatiques, erreurs d'application, voisins importunés par les dérivés, etc. Avec la nouvelle tendance vers l'agriculture biologique, il s'est fait sentir un besoin clair de disposer d'une méthode efficace pour effectuer un retour de prairie sans avoir recours aux phytocides.

La méthode suivante permet de préparer un sol de prairie en vue d'une autre culture. Cette méthode cherche à encourager la vie du sol en évitant l'usage des herbicides et, si nécessaire, du labour conventionnel, de façon à faciliter la transition vers l'agriculture biologique.

Il ne s'agit pas d'une méthode définitive à appliquer comme une recette. Chacun doit l'adapter aux conditions qui prévalent et à l'équipement qui est disponible tout en restant ouvert à l'expérimentation.

BUTS

Favoriser la décomposition en surface des résidus de prairie.

La décomposition en surface facilite l'accès des éléments nutritifs provenant des résidus pour la prochaine culture.

Le labour amène les résidus en profondeur et déplace la vie microbienne, qui se concentre normalement en surface, dans une zone moins propice à l'activité biologique. Dans les sols ayant une bonne structure et une très bonne activité biologique, on voit que la décomposition est très rapide. Par contre, dans des sols plus compactés, ou possédant une activité biologique réduite, la décomposition se trouve ralentie et les matières nutritives immobilisées pendant plusieurs années. Dans ces cas, il est donc préférable d'éviter le labour pour la période de transition à l'agriculture biologique.

Cependant, une fois que le sol montre une bonne structure, une aération adéquate ainsi qu'une capacité de rétention d'eau suffisante, l'activité biologique sera stimulée lorsque les résidus seront enfouis.

Contrôler les mauvaises herbes

La méthode vise particulièrement à éliminer le chiendent dont les rhizomes se retrouvent jusqu'à trois pouces de profondeur dans une prairie et à détruire ou affaiblir les autres mauvaises herbes vivaces ainsi que certaines annuelles.

QUAND AGIR

On peut appliquer la méthode après la première ou la deuxième coupe de foin, selon les besoins en fourrages. Cependant, il faut idéalement pouvoir compléter l'ensemble des opérations avant le début ou la fin d'août, selon les zones climatiques du Québec.

LA MÉTHODE

Les différentes étapes de la méthode sont exposées en ordre chronologique. Ce ne sont pas des étapes obligatoires et il faut toujours adapter la méthode au type de sol et à l'équipement disponible.

1.Sous-solage

Le sous-solage est indiqué dans le cas d'un sol compacté ou mal aéré. Il doit se faire en sol sec sinon il est peu efficace. Il est plus facile d'effectuer le sous-solage sur la prairie alors que la traction est meilleure.

Les sols du Québec sont rarement compactés à grande profondeur en raison de l'action du gel et du dégel. Il n'est donc en général pas nécessaire de sous-soler à plus de 40 cm.

Avant de prendre la décision de sous-soler, il est très important de creuser un trou et d'étudier le profil du sol. Une structure laminaire ou en plaquettes dans les sols sableux ou limoneux, et une structure massive ou des mottes à angles carrés ou aigus dans les sols lourds, sont des indices de compaction. Une combinaison de mauvaises herbes telles que le pissenlit, le plantain, l'amaranthe, l'asclépiade, le chardon et la prêle sont aussi une bonne indication d'un sol compacté.

2.Fertilisation

On procède à l'épandage de compost, de fumier ou de lisier à dose modérée (moins de 10 m3/ha), de préférence juste avant d'ouvrir la prairie en surface. On peut aussi épandre une petite quantité de pierre à chaux (CaCO3) à raison de 200 à 400 kg/ha. Ceci stimulera l'activité biologique en fournissant du calcium aux décomposeurs et contribuera à la stabilité du complexe argilo-humique. Il est préférable de composter le fumier si on cherche à améliorer la qualité de l'humus formé.

Pour ceux qui veulent utiliser les techniques bio-dynamiques c'est l'occasion d'appliquer une première fois le compost de bouse (méthode de Maria Thun), préférablement juste avant l'incorporation.

3.Découpage

Il s'agit ici de fendre la prairie jusqu'à une profondeur de 5 à 7 cm à l'aide de l'instrument qui est disponible: un cultivateur lourd, un chisel, un soil saver, des disques lourds ou à la rigueur, une charrue de 30 cm afin de labourer au maximum à 10 cm de profondeur. Un cultivateur lourd pourra donner une surface difficile à travailler, il est donc important de rester le plus près possible de la surface toujours dans le but d'aérer pour faciliter la décomposition. De plus, on doit compter 10 HP par dent de chisel pour un travail superficiel à 4 ou 6 pouces.

En combinant cette technique au sous-solage, on obtient un renforcement systématique de l'activité biologique du sol tout en aérant plus en profondeur que si on utilisait la charrue.

4.Repos

On laisse les microorganismes faire leur travail pour une période de 7 à 15 jours. On laisse les vivaces recommencer à pousser.

5.Nettoyage

La prochaine étape est de faire des passages réguliers avec par exemple un vibroculteur, un cultivateur, un chisel à pattes d'oies ou tout autre outil approprié. Cette opération a pour but d'affaibli les rhizomes du chiendent et des mauvaises herbes vivaces, et de détruire les mauvaises herbes qui auront germées. Deux approches sont possibles.

La première approche sera efficace en conditions de grande sécheresse: effectuer deux à trois passages espacés de deux à trois jours pour exposer les rhizomes au vent et au soleil. L'autre approche consiste à épuiser les réserves des rhizomes en faisant des passages alors que les repousses ont au plus 7 cm, soit au bout de 7 à 10 jours.

6.Engrais vert

On sèmera un engrais vert de 20 à 40 jours après les premiers travaux. L'engrais vert vise à récupérer les minéraux lessivables mis en circulation et à étouffer les mauvaises herbes par la compétition.

Il pourra s'agir d'une crucifère comme le radis fourrager, la moutarde blanche, ou le colza qui se développent tous très rapidement. Les taux de semis les plus courants vont de 8 à 15 kg/ha. Le sarrasin peut aussi convenir s'il est semé avant le 30 juillet. Les légumineuses comme les pois, la féverole, le lupin ou la vesce velue fixeront de l'azote mais doivent être semées tôt et sont surtout intéressantes en cultures maraîchères vu leur coût. Les céréales comme l'avoine, le seigle et l'orge demeurent des engrais verts bon marché auxquelles le maraîcher peut adjoindre des pois ou des faveroles. Cependant, dans le cas du seigle, qui est phytotoxique durant une semaine ou deux après l'enfouissement, il est préférable de le semer tôt et de le détruire à l'automne si le champ est destiné à une culture hâtive l'année suivante.

7.Enfouissement

On peut laisser l'engrais vert comme protection du sol en hiver et pour accumuler la neige. Dans un sol léger, on pourra aussi l'enfouir à la herse à disques qui reste l'instrument le plus simple et le plus efficace pour conserver la matière organique en surface. Dans un sol lourd, un travail grossier (labour, billonnage, chisel à pattes d'oies larges) exposera le sol à l'action du gel hivernal. Il ne faudra cependant pas labourer trop inverser le sol. Un labour dressé intégrera la matière organique sur l'ensemble de la couche superficielle, plutôt que de l'enfouir.

8.Culture d'automne

On peut implanter une céréale d'automne après la jachère comme le blé, le seigle ou l'épeautre. Cette culture peut servir d'alternative à l'engrais vert, si le temps presse.

CONCLUSION

Ces méthodes ont permis à certains agriculteurs de corriger rapidement des conditions compactes dans leurs sols, tout en permettant de contrôler le chiendent et les mauvaises herbes vivaces et en obtenant d'excellents rendements.

© 1990 Projet pour une agriculture écologique. Tous droits réservés.


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