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EAP Publication - 55 F

DES PLANTES QUI FONT BON MENAGE

Dr Stuart B. Hill

"Vous pensez vraiment qu'il est possible de gagner $6,000 par an en cultivant des légumes sur un terrain qui a tout juste un cinquième d'acre de superficie?" me demandait un collègue. Il faisait allusion à une brochure décrivant le travail d'un groupe de producteurs de légumes de Santa Cruz, en Californie (Jeavons, 1974).

"Certainement", lui répondis-je. Je n'ai jamais rencontre ces producteurs, mais j'ai correspondu avec eux et j'ai lu leurs publications. Je n'ai aucune raison de mettre leurs affirmations en doute." Je tentai alors d'expliquer qu'ils appliquaient la méthode biodynamique française axée sur la production intensive. Cette méthode, en fait, se résume à l'utilisation de couches surélevées, ce qui augmente le volume d'air autour des racines, et au regroupement des plantes par affinités. Mon collègue comprenait facilement ce que j'entendais par "couches surélevées." Le groupement des plantes par affinités, par contre, ne lui disait absolument rien.

Peut-être aurait-il mieux compris si je lui avais dit que les producteurs se servaient d'engrais de synthèse, d'herbicides et d'insecticides, mais ils n'utilisaient aucun de ces produits dans leurs jardins. Ils pratiquaient plutôt ce groupement des plantes par affinités et n'ajoutaient qu'une petite quantité de compost. Alors que la plupart d'entre nous connaissent assez bien les vertus du compost de qualité, rares sont ceux qui connaissent les avantages et les techniques de ce mode de plantation. Ce n'est rien de plus que la disposition des plantes dans un jardin de telle façon qu'elles améliorent la qualité et le rythme de croissance des plantes voisines (ou au moins, qu'elles ne leur nuisent pas), qu'elles couvrent bien le sol et si possible qu'elles l'améliorent.

Cette méthode offre beaucoup d'avantages. On peut obtenir un rendement plus important par unité de surface, et le sol se trouve aussi protégé de l'érosion par le vent et la pluie, le seul inconvénient étant le soin supplémentaire qu'il faut apporter à la planification, aux semailles ou à la plantation, à la culture et à la recolle.

Même si l'on ne sait pas exactement de quelle façon les plantes s'avantagent mutuellement, on observe des tendances générales. Les plantes bénéfiques les unes pour les autres sont souvent dotées de propretés opposées: plantes d'ensoleillement et plantes d'Ombre; plantes à racines profondes et plantes à racines superficielles; plantes à croissance lente et plantes à croissance rapide; plantes aux besoins importants et plantes aux besoins recuits ou encore cultures qui incorporent l'azote du sol; plantes aromatiques qui éloignent souvent les insectes nuisibles, et plantes non aromatiques; plantes qui fleurissent tôt en fournissent le pollen et le nectar à certains insectes prédateurs et parasitoides (insectes parasites d'autres insectes), et plantes qui ne fleurissent que tard dans la saison (ou qu'on empêche de fleurir); plantes qui attirent un insecte nuisible plutôt qu'un autre et qui servent ainsi de piège protecteur des cultures; enfin, plantes qui stimulent l'activité biologique des sols et plantes aux besoins très élevés.

Dans certains cas, les racines dégagent probablement certaines substances chimiques, ce qui peut avoir un effet direct sur d'autres plantes, ou un effet indirect, par l'intermédiaire d'organismes du sol. Il est aussi possible que les racines ou les parties aériennes de la plante dégagent certains gaz ou odeurs qui repoussent les insectes nuisibles. Même si les processus en jeu sont difficiles à prouver, le regrette professeur Ehrenfried E. Pfeiffer ainsi que le professeur Erica Sabarth de la Bio-Dynamic Association ont pu montrer qu'en ajoutant les sucs de diverses paires de plantes à une solution de chlorure de cuivre à cinq pour cent et en les laissant se cristalliser lentement sur une plaque de verre, on pouvait prédire lesquelles des plantes auraient des affinités les unes pour les autres et lesquelles seraient mutuellement opposées. C'est l'apparence des schémas de cristallisation ou chromatogrammes qui permet de tirer ces conclusions. Aujourd'hui on utilise les techniques de la chromatographie sur papier. Ces découvertes de même que les expériences empiriques d'un grand nombre de maraîchers ont fait l'objet d'une synthèse dans la brochure de Richard Gregg (1943) et dans un livre intitule Companion Plants and How to Use Them (Les plantes qui font bon ménage et leur exploitation).

Les deux premiers tableaux ont été dresses principalement à partir des données fournies par ces deux publications.

Les listes suivantes ne sont que des pistes à essayer. Elles ne sont pas une garantie de succès mais plutôt un point de départ pour l'expérimentation. Il faudra attacher une attention particulière, lors des expériences, aux rapports selon lesquels on doit grouper les plantes et à l'espace qu'il faut laisser entre elles. Ainsi, les effets du haricot blanc sur le celer) sont optimaux quand on observe la proportion d'un plant de haricot pour six plants de celer) alors que leurs effets sur les concombres sont meilleurs lorsque les haricots sont plantes à la périphérie du carre de concombres. Les graines peuvent parfois être mêlées comme pour la laitue, les carottes et les radis; on peut encore les faire pousser dans des carres voisins, ou suivant le trace d'un zig-zag, les plantes compagnes étant alors placées dans les creux formes par les angles du trace. J'avais quatre ou cinq ans quand j'ai pris conscience du phénomène des plantes compagnes pour la première fois: j'avais traverse un buisson d'orties brûlantes. Mon père saisit aussitôt quelques feuilles de patience, qui semblent toujours pousser tout près, et frotta mes piqûres de leur suc; les démangeaisons cessèrent bientôt. Mais les orties ont également leur utilise. On dit que placées près d'herbes aromatiques elles augmentent jusqu'a 80% leur production d'huile aromatique et, comme la digitale et le muguet, elles améliorent la faculté de conservation des plantes poussant à proximité, particulièrement les tomates.

Parmi les autres plantes bénéfiques qu'il est avantageux de placer dans le potager on retrouve la rose sauvage, le sureau, le buddleia, le troène, la verge d'or et la moutarde. Bien qu'il soit très amusant de composer ainsi son potager et de le rendre plus agréable, et pour la vue et pour l'odorat, cette habitude a aussi un côte plus philosophique. Il s'agit, en effet, d'une tentative de la part de certains producteurs d'exploiter les systèmes de culture selon des principes tires de l'observation des systèmes naturels. L'absence de monocultures dans la nature soulève la question de savoir si nous ne faisons pas porter nos efforts dans la mauvaise direction en élaborant diverses technologies pour maintenir ces systèmes alors que ces mêmes technologies pourraient servir plus avantageusement aux systèmes de culture mixte.

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