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Le "problème de la faim dans le monde" a une si grande envergure, et on en entend parler et reparler depuis si longtemps que la plupart des habitants des pays industrialisés ne s'en préoccupent même plus. En effet, combien croient qu'il leur est à peu près impossible d'y changer quelque chose! En réalité, il y a bien des choses que nous pouvons faire à ce sujet, pourvu que nous soyons prêts à les faire même si elles n'ont que les effets indirects ou a long terme.
Même si des mesures directes et à court terme peuvent être prises, notamment le envol de nourriture et l'aide technologique, celle ci ne permettront pas, à elles seules, de résoudre le problème. Ainsi, nous examinerons plutôt certaines des causes sous-jacentes au problème de la faim dans le monde et proposerons quelques solutions réalistes applicables à long terme.
Le problème tient du déséquilibre entre les populations (leur taille, leur distribution et leurs activités) et les ressources disponibles (les systèmes de production alimentaire, y compris toutes les constituants nécessaires utilisées). Chaque région, ou biorégion, a une capacité biotique donnée; c'est-à-dire la capacité de supporter un certain nombre d'organismes vivants, y compris les humains. Lorsque la demande est telle que la capacité biotique est dépassée, les capital ressources (le sol, l'eau, les ressources non renouvelables, etc.) commence à s'épuiser et la capacité biotique absolue décline. Certains développements technologiques et tendances du commerce mondial, alliés à l'ignorance et à l'avidité, ont fait diminuer la capacité biotique de nombreuses régions du monde. Si cette tendance se poursuit, alors que la population augmente sans cesse, le désastre nous guette.
En face de ces problèmes, la plupart des habitants des pays industrialisés se sont habitués à compter sur la technologie instantanée ou sur des solutions rapides et magiques. Bien que celles-ci permettent un soulagement à court terme, leur effet à long terme tend plutôt à aggraver le problème. Ainsi, l'utilisation de puissantes machines aratoires accroît souvent l'érosion des sols. De même, l'utilisation des pesticides est toujours suivie d'une réapparition des insectes nuisibles, du développement d'espèces résistantes aux pesticides et de la contamination de l'environnement. La plupart de ceux qui tentent de réduire l'impact de ces interventions essaient surtout d'en augmenter l'efficacité (par exemple, en utilisant des outils plus appropriés, en déterminant les périodes de semences qui favoriseront les cultures, et en utilisant des pesticides plus spécifiques, et seulement lorsqu'ils sont réellement nécessaires) et à introduire du matériel et des pratiques moins dangereux (par exemple, la lutte contre les insectes par des méthodes biologiques plutôt qu'à l'aide de produits chimiques). Bien que de telles mesures puissent à première vue apparaître bénéfiques, il n'en est malheureusement pas ainsi puisqu'en nous attardant aux symptômes d'un problème (par exemple, l'érosion du sol et la réapparition d'insectes nuisibles), nous en oublions les causes sous-jacentes, à savoir les caractéristiques de nos systèmes de production alimentaire et la nature de nos rapports avec la Terre. Il est important de se rendre compte qu'à l'heure actuelle, nous avons tendance à essayer de trouver des solutions externes aux problèmes (l'utilisation de pesticides et d'engrais solubles par exemple). Ces solutions doivent généralement être ré-appliquées, deviennent donc moins efficaces atec le temps et entraînent invariablement des problèmes secondaires. De plus, leur application nous donne l'impression de ne pas faire partie du système. En réalité, nous avons besoin de systèmes de production alimentaire qui permettent de résoudre les problèmes de façon interne et qui laissent une place aux humains afin d'accroître leurs liens avec la planète.
Il est question ici d'agroécosystèmes autosuffisants dont les objectifs principaux sont de nourrir et de faire vivre les habitants d'une région. Mais ce genre d'approche remet en question la plupart des systèmes économiques et politiques dominants avec lesquels nous sommes familiers. Si les systèmes n'assurent pas l'autosuffisance, et c'est ce que nous soutenons, le plus tôt nous commencerons à nous en défaire, le mieux ce sera, même si cela parait difficile. Comment pouvons-nous, en tant qu'individus, y parvenir tout en développant les moyens nécessaires pour trouver des solutions de rechange valables? Il faudrait tout d'abord apprendre à connaître le plus possible le fonctionnement du milieu naturel. Par exemple, nous pourrions choisir un type d'animal ou de plante donné et l'étudier à fond au point où nous pourrions presque nous y assimiler. Ainsi, nous saurions apprécier les complexités du fonctionnement de la planète et la valeur des espèces autres que la nôtre. En second lieu, il faut se rapprocher de l'environnement; marcher dans le bois, faire du camping, prendre le temps de s'arrêter et d'écouter, remarquer toutes les transformations dues aux changements de saisons et commencer ainsi à établir un lien avec la planète. Vous observerez peu à peu un réseau très complexe de processus interdépendants. Respectez les, essayez de vous y intégrer et utilisez-les si possible dans votre propre vie. Fouillez votre psyché, joignez-vous à un groupe de développement humain qui vise à aider les individus à se défaire des comportements stéréotypés qui les contraignent à l'impuissance et les emprisonnent dans des styles de vie qui, nous le sentons bien, n'ont aucun sens. Peu à peu, vous refuserez un mode de vie que vous ne remettiez même pas en question auparavant ou qu'il ne vous paraissait pas possible de changer. Vous commencerez peut-être à cultiver certains aliments et à expérimenter votre propre système de production alimentaire. Peut-être même réduirez-vous votre dépendance envers les ressources éloignées et apprendrez-vous à vivre des ressources locales. Un mode de vie rationnel, autosuffisant vous apparaîtra bientôt et vous vous rendrez mieux compte de la portée de vos actions. Vous commencerez à vous rendre compte du genre de connaissances et de compétence dont vous avez réellement besoin et des types d'institutions qui peuvent vous aider à mettre vos idées en application. Joignez-vous à d'autres personnes pour partager vos idées et vos compétences. A mon avis, c'est de cette façon que nous pouvons assurer ensemble non seulement la survie, mais également l'évolution de notre propre espèce.
Et le problème de la faim dans le monde, qu'en est-il? Il disparaîtra simplement en cours de route! Si nous nous intégrons à notre milieu et vivons en harmonie avec lui, la taille, la répartition et les activités des populations s'ajusteront naturellement afin de demeurer en équilibre avec l'environnement et nous né sentirons pas le besoin de voler la part de certains, comme nous le faisons actuellement. Nous découvrirons alors que la terre a un potentiel bien supérieur à ce que nous avions cru et que celui des humains est sans limite. Ces deux découvertes forment les conditions essentielles à la solution réaliste du problème de la faim dans le monde. J'espère que ce qui précède vous a montré pourquoi les mesures déjà prises pour résoudre ces problèmes ont échoué et que vous pouvez contribuer de façon significative à la découverte des vraies solutions.
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