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VERS UNE AGRICULTURE ALTERNATIVE

Stuart B. Hill

Certains imaginent que L'agriculture écologique ou biologique est un retour au passé. Moi J'ai tendance à y voir la formule de l'avenir. Pour on nombre croissant de gens c'est déjà le présent. Pour certains c'est une nouvelle technique, pour d'autres, une sorte de religion. Et c'est réellement tout ça en même tempes le gesse, le -présent, le futur rassemblés avec une nouvelle technologie et une nouvelle façon de vivre, Il est important que nous ne nous bornions pas a voir une seule partie de ce phénomène mais Que nous le considérions plutôt comme la manifestation d'une tentative de mettre sur pied un nouveau mode de vie pour l'humain' ce mode de vie pouvant devenir permanent, du moins dans les limites des changements géologiques, bien sûr.

En vue de cerner le problème que nous abordons durant cette conférence, J'aimerais insister sur la séquence sol-aliments-santé (Fig.l). J'espère ainsi clarifier quelques unes des différences fondamentales qui distinguent les méthodes actuelles des méthodes écologiques de production alimentaire.

Cette chaîne illustre deux besoins fondamentaux;

1. Un système permanent, autonome de production d'aliments et de fibres. Le système actuel ne peut être que temporaire puisqu'il dépend du combustible fossile et d'autre ressources non-renouvelables. Nous devons donc bâtir une agriculture "post-industrielle.

2. Une façon d'identifier et de satisfaire nos besoins nutritionnels individuels. Il y a une tendance à envisager tous les problèmes avec une approche de masse, ce qui amène à faire ressortir les besoins nutritionnels de la personne moyenne. Carme les besoins individuels varient énormément, cette approche n'est pas satisfaisante. Pour établir une agriculture alternative, il faut donc connaître nos besoins nutrititionnels propres et connaître aussi la façon de gérer un agro-écosystème de façon permanente.

Nos systèmes politique et économique ont exigé que nous nous en tenions un examen de relations a court terme et il nous ont de ce fait amenés croire a l'illusion qu'il est possible de forcer les organismes et l'environnement a se conformer a des lois artificielles plutôt qu'écologiques.

Et nous avons été encouragés dans cette illusion par la tendance qu'ont de nombreux effets nocifs a ne se manifester qu'à long terme. Pourtant les difficultés actuelles sont symptomatiques de cette approche. La plupart des solutions proposées le sont sans considération de leurs effets globaux ou long terme. L'émergence de telles solutions peut être considérée carme de la rêverie irresponsable. Un collègue assez peu inhibé m'en fournit un exemple amusant: il déclarait a un repas extravagant qu'il avait hâte que la science soit suffisamment avancée pour pouvoir faire joindre directement son anus à sa bouche et ainsi supprimer l'intermédiaire

Il est évident que d'essayer ainsi de contourner la nature ne réglera pas. La crise mondiale de l'alimentation. C'est pourtant dans le messe genre de beuverie que nous tombons quand nous pensons pouvoir régler les problèmes de sol infertile, de parasites, d'antibiotiques et de suppléments alimentaires. Proposer de telles solutions est Symptomatique d'une science prise au piège de la logique inductive et-du réductionnisme. Se maintenir dans ces approches nous détourne de l'étude des rosses de nos problèmes.

Les parasites ne sont pas plus le résultat d'un manque de pesticides dons l'environnement que le mal de tête est celui d'un manque d'aspirine dans le sang. Nous avons met à la tente a cause du mode de vie que nous menons et nous avons des parasites dans nos champs a cause de la façon dont nous les gérons ..

Il faut ajouter a cette critique que de traiter les symptômes crée éventuellement d'autres problèmes dans d'autres secteurs. Par exemple, afin d'augmenter les rendements, on applique sur nos son de plus en plus de fertilisants azotés, fabriqués à partir du gaz naturel. Les effets secondaires de telles applications vont de l'épuisement des réserves de gaz naturel, à la contamination des aliments et de l'eau par les nitrates (d'on des problèmes de santé et de pollution)' à la dégradation de la couche d'ozone par les oxydes nitreux et à la décomposition accélérée de la matière organique du sol. Il en résulte une perte de structure pour le sol et donc une augmentation de l'érosions L'utilisation des fertilisants synthétiques nous a aussi rendu possible de Jeter les déchets alimentaires et agricoles plutôt que de les retourner sur le sol comme fertilisants. C'est ainsi que la plus grande partie des déchets alimentaires est ou bien incinérée, ou jetée dans l'eau, ou encore entassée comme remplissage sur des terrains non productifs, ce qui cause la pollution de l'air, de l'eau, ou des sols.

Plutôt que de travailler au sein du cycle naturel de circulation des Détriments nous nous sommes servi de la main-d'oeuvre et des ressources pour établir des systèmes linéaires. Ces systèmes fonctionnent dans le cadre de notre vision économique ~ court terme des choses, ce qui ne les justifie que d'un point de vue économique. Ecologiquement, les systèmes linéaires sont une absurdité.

Malheureusement nous avons laissé se développer des bureaucraties puissantes qui ne savent qu'engendrer et utiliser ces "solutions spécialisées" (simplistes). Il faut même se demander si elles ont envie de solutionner les problèmes à long terme quisqu'elles se priveraient ainsi de leur pouvoir. Il n'est pas étonnant que les vives alternatives de recherche soient systématiquement étouffées Il est certain Que de solutionner seulement les Symptômes génère la dépendance en même temps que la désorganisation. Notre système fournil les moyens de générer du profit, des emplois et du pouvoir politique mais c'est un engrenage dont nous devons sortir si-nous voulons traiter la cause de nos problèmes.

Il est important de comprendre que notre survie dépend non de relations économiques myrtes de relations écologiques avec notre environnement. Les systèmes économiques doivent donc se développer autour des réalités écologiques. Aussi, pour établir des politiques agricoles permanentes, il faut identifier:

1) l'état actuel de notre système alimentaire

2) nos besoins et comment l'agriculture peut les satisfaire

3) les lois de la nature et Les limites de l'environnement

Il s'agit de bien nous situer, de décider on nous voulons aller et de trouver les moyens de nous y rendre.

L'Etat Actuel de Notre Système Alimentaire

Le système alimentaire actuel de ''production en vue du profit" s'est développé à partir d'un système de production pour L'USAGE. S'efforçant de survivra économiquement, l'agriculture a du augmenter la production, par fermier et par unité de surface. Ceci a augmenté la dépendance envers les ressources non renouvelables et est aussi devenu une menace pour les ressources renouvelables et pour la santé humaine. Le fermier est malheureusement en situation précaire. Il a très peu de contrôle sur les prix de ses produits et aucun contrôle sur ceux de ses investissements, il est injustement taxé et doit continuellement courir chez son gérant de banque pour se faire endosser. Très peu d'autres secteurs de la société sont si vulnérables. c'est donc dire Qu'il est peu possible que le fermier soit capable de changer la situation a lui seul.

Nous croyons que décès cet état de fait, a causé une perte de Qualité alimentaire. La figure 2 illustre de quelles manières La qualité nutritive des constituants des plantes peut être diminuée. Ce modèle déductif est dérivé d'un concept de Roger Williams voulant que le corps ne puisse souffrir que de deux difficultés nutritionnelles le manque de certains nutriments ( malnutrition! et la présence de toxines (empoisonnement). Ce modèle pose la question de savoir comment nos méthodes de production et de manutention de différents aliments peuvent modifier la valeur nutritive et la toxicité des aliments actuellement disponibles.

Ceci est particulièrement important car nos besoins nutritionnels ont augmenté en partie parce que l'environnement contient un nombre croissant de poisons, 35,47, et que nous devons nous détoxifier. C'est aussi que nos pratiques culturales actuelles ne peuvent répondre a notre plus grand besoin d'aliments de bonne qualité. Ironiquement, c'est le système même qui devrait nous donner ces aliments de qualité qui au contraire y ajoute des poisons et en diminue la valeur nutritive. On ne devrait donc pas se surprendre de l'augmentation des maladies dégénératives dans le monde développé et dans les régions qui sont sous sa dépendance. La dégénérescence est due à des prédispositions génétiques, a la malnutrition , à l'intoxication (par l'air, l'eau et les aliments) 10, 24, 34, au manque d'exercice, au stress et à une relaxation inadéquate (Figure 3). Il y a accord là-dessus et pourtant~quand on cherche à s'occuper des maladies de dégénérescence~ l'approche dominante, ou bien cherche les microorganismes responsables, ou bien détruit physiquement ou chimiquement les tissus dégénérés (rappelons que le chirurgien est encore au sommet de la hiérarchie médicale), ou bien cache la situation par des pilules analgésiques. C'est devenu la maladie de dégénérescence principale de la science que de traiter ainsi les symptômes plutôt que les causes, et ceci vaut aussi bien pour la médecine que pour l'agriculture..

Aussi nous considérons que la prévention des maladies de dégénérescence demandera non seulement l'approche médicale mais les efforts conjoints d'agronomes, de nutritionnistes de généticiens, de scientifiques étudiant l'environnement, d'écologistes cliniciens et d'experts en santé physique et mentale.

Afin de survivre en santé et dans un état de bien-être il faut essentiellement développer une relation symbiotique avec l'environnement qui nous supporte. Il faut pour cela identifier nos besoins réels et reconnaître comment l'environnement peut les satisfaire. Les économistes font souvent la distinction entre les besoins réels(les aliments, l'abri, le vêtement) et les faux besoins ou les besoins manipulés (que nous recherchons souvent pour nous élever au-dessus de nos semblables). Trop souvent on sacrifie les premiers en faveur des seconds.

Afin de se débarrasser des surplus engendres par notre système de production hautement spécialise et "efficace", l'industrie a du manipuler nos habitudes alimentaires. C'est ainsi qu'on dépense plus d'argent pour se procurer des aliments tels le mais, le blé et les pommes de terre sous des formes grandement transformées mais de pauvre valeur alimentaire (i.e. flocons de mais, biscuits, patates "chips") plutôt que sous leur forme élémentaire plus nutritive.

L'industrie de transformation, par le biais d'une publicité habile est devenue florissante au point de dominer le système alimentaire et l'agriculture est reléguée en position de simple pourvoyeur de matériaux bruts. L'agriculture d'aujourd'hui approvisionne donc largement les "besoins manipules".

Nous devons changer notre vision myope de l'efficacité, nous nous leurons si nous croyons qu'un système agricole plus "efficace" est la panacée face a la crise alimentaire et énergétique. Des changement de politique ne seront vraiment un "progrès" que si l'augmentation d'efficacité se fait avec un souci de production et de distribution équitables.

Les lois de la nature et les limites de l'environnement

En étudiant ce sujet nous avons l'impression sans ces que ces problèmes sont évidents. Pourtant ils n'ont pas encore suscite une réaction d'attaque au niveau de leurs causes. Pourquoi la plupart des gens trouvent-ils si difficile de traiter de ces questions? Il semble y avoir trois raisons a cela. Premièrement nous sommes tellement adaptes a la situation actuelle que nous n'arrivons plus a nous voir objectivement. En voici deux évidences : notre tendance a défendre le statu quo et celle de croire que nous ne faisons pas partie de ces problèmes.

Deuxièmement, l'explosion de l'information et l';expansion de la production ont force les gens a se spécialiser. Les approches inductives et réductionnistes en sciences de même que la tendance a traiter les symptômes plutôt que les causes ( comme on l'a dit ) sont associées a ce phénomène. C'est aussi qu'il est devenue de plus en plus difficile pour les gens de comprendre les réalités complexes de la nature.

Troisièmement, la plupart des religions et des idéologies politiques tendent a nous séparer de notre environnement nourricier (e.g. notre "concept de supériorité sur la nature "). L'utilisation de pétrole depuis une centaine d'année a renforce ce mythe en nous libérant des contraintes qui dominaient la vie de nos ancêtres. Par exemple s'il fait chaud nous avons tendance a chercher des endroits climatises, nous ne savons plus ou trouver les endroits naturellement frais dans l'environnement.

Pour régler ces problèmes nous devons faire un effort conscient pour nous examiner objectivement, globalement et en relation avec notre environnement nourricier. Une façon d'y arriver serait de nous poser sur nous-mêmes les question qu'un écologiste poserait en étudiant tout autre organisme : Combien y en a-t-il ? Comment sont-il distribues ? Que font-il? L'optimum pour nous est de combien ? Comment devrions-nous et ne devrions-nous pas nous distribuer ? Que devrions-nous et ne devrions-nous pas faire ?

Les relations entre ces trois variables et l'environnement nourricier sont illustrées a la figure 4.

Beaucoup de gens intéresses a la crise d'alimentation ont la tendance a l'envisager comme un problème de population. Pourtant on ne peut espérer solutionner ces problèmes en réduisant la croissance de la population si des individus ou même toute la population restante continuent a se distribuer sans tenir compte de l'environnement ou s'adonnent a des activités qui menacent la survie.

Pour décider ce que nous devrions et ne devrions pas faire, il nous aiderait de considérer quatre "lois naturelles". Toutes les espèces, y compris la notre, sont soumises a ces lois. Le fait qu'on ait réussi a vivre si long-temps selon la philosophie du "vivez maintenant payez plus tard" ne vient pas contredire cette soumission. La terre représente un immense capital en combustible fossile et autres ressources non-renouvelables, en fertilité des sols et en stabilité de ses ecosystems (fruit de millions d'années d'évolution par complexification croissante). Notre style de vie actuel dépend de l'exploitation de ses ressources. On peut comprendre que les gens ne veuillent pas sacrifier les activités et le mode de vie qui dépendent de ses ressources et qu'en conséquences ils deviennent réticents quand on suggéré qu'ils devront réduire cette dépendance.

La première loi naturelle que la survie de toute espèce, qu'il s'agisse de plantes, d'animaux, ou de microorganismes, dépend de ses besoins, de la disponibilité de se dont elle a besoin et de différents facteurs de mortalité. L'examen de notre système alimentaire actuel révélé qu'il enfreint cette loi a tous les niveaux. Nous produisons beaucoup de choses dont nous n'avons pas besoin. Le système s'appuie sur des ressources non renouvelables et certaines de nos technologies sont létales ou sub-létales, e.g. blessures pas les machines et empoisonnements par des composes toxiques. Pour les concepteurs cela implique qu'ils devront appuyer les efforts de discernement entre les besoins réels et les besoins manipules et les efforts d'établissement d'un système alimentaire sur, base sur des ressources renouvelables.

La deuxième loi naturelle est que les relations sont cycliques. La circulation linéaire des nutrients caractérise l'agriculture moderne. Ainsi, nous produisons des fertilisants pour nourrir les gens et en cours de route, pour polluer rivières. Il est essentiel d'abandonner ces méthodes et d'implanter un système cyclique. Par exemple, les déchets organiques naturels devraient retourner au sol comme fertilisants.

La troisième loi naturelle est que tout éco-système naturel se complexifie avec le temps. Ces systèmes complexes se développent naturellement grâce a l'énergie solaire. Il est ironique de constater que notre système d'alimentation est base sur la simplification des éléments biologique de l'environnement au moyen d'une technologie de complexité croissante. Le fermier a de moins en moins besoin de connaître la biologie mais de plus en plus la génie, la chimie et l'économie. En essayant de simplifier l'agro-système nous utilisons avant tout l'énergie fossile en opposition a l'énergie solaire. De toute évidence, nous devons apprendre a gérer des système biologiques complexes, la culture compagne est un exemple.

La quatrième loi naturelle est que la vie dans son ensemble est régie par des contraintes bio-chimiques non uniformes. Par exemple, beaucoup de composes ne se retrouvent pas chez les organismes vivants. Aussi les décomposeurs, qui se nourrissent d'organismes morts, se sont-il adaptes a un régime très limite. Si on produit des composes organiques qui n'ont aucune copie dans la nature, ils ne seront probablement pas des décomposés biologiquement. Nous devons établir un mode de vie qui s'appuie seulement sur les composes organiques ayant un pendant dans la nature et bannir ou du moins restreindre strictement la production d'autres composes organiques.

Les lois naturelles ne s'accommodent pas de compromis.

Elles sont constantes du moins a l'échelle de l'histoire humaine, et plus vite notre espèce en deviendra consciente et établira des système politiques sociaux et économiques qui les respectent, plus vite nous pourrons cheminer vers de vraies solutions a nos problèmes.

La figure 5 montre une ébauche de ce que pourrait impliquer un système "permanent" d'alimentation. Pour élaborer ce système nous avons tenu compte des contraintes déjà décrites. On verra mieux ce qui distingue ce système du système actuel en comparant les figures 5 et 6.

Le seul producteur s qui tentent actuellement d'utiliser une bonne partie des points de ce système sont les "agriculteurs biologiques" (organic farmers). Malgré les conclusions du "Centre for the Biology of Natural Systems" plusieurs agronomes soutiennent encore qu'il est impossible de population mondiale selon ces méthodes. Il y a quelques années au Manitoba, le docteur O.W.Grussendorf, s'est mis en tête de montrer qu'il n'en était rien. Il a d'abord choisi une terre reconnue tout a fait impropre a la culture, tellement impropre qu'il l'a paye 1.00 dollar l'acre. Il y installa une ferme mixte (culture et bestiaux), composta ses déchets selon la méthode biodynamique pour les entendre ensuite sur ses champs, sans introduire de fertilisants, de pesticides, ni aucune substance dans le systèmes. En 1968 il a produit 1000 boisseaux de pommes de terre a l'acre, et 50 boisseaux du blé de la meilleure qualité. La moyenne canadienne d'alors était 168 et 22 boisseaux l'acre respectivement.

Nous croyons qu'il y a beaucoup a apprendre en étudiant les méthodes de gens tel le Dr.Grussendorf car ils réussissent ce que de nombreux agronomes conventionnelles considèrent impossible. L'utilisation efficace de l'énergie n'est qu'une facetta du système que ces gens employent (plusieurs autres fermiers "biologiques" qui ont réussi sont interviewes dans le récent film "A sense of Humus" de Christopher Chapman de l'Office National du film du Canada, 1976).

Copyright © 1977 Ecological Agriculture Projects


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