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AGRO-BIO - 340 - 01

LA CULTURE BIOLOGIQUE DU SOYA

Table des matières

par Jean Duval, agr., M.Sc.
octobre 1991

La culture biologique du soya se pratique de plusieurs façons. Cependant, un point commun aux différentes façons est de placer le soya à un moment opportun dans la rotation, ceci afin d'aider au contrôle des mauvaises herbes et de profiter au maximum de la capacité de fixation d'azote de cette légumineuse.

Le rendement du soya en culture biologique est comparable au rendement obtenu par les producteurs en culture conventionnelle lorsque le contrôle des mauvaises herbes est adéquat (COG, 1990).

Rotations

Les légumineuses dont on récolte les graines comme le lupin et le soya peuvent puiser beaucoup de l'azote dont elles ont besoin dans les réserves du sol plutôt que de la fixer à l'aide des rhizobiums. En effet, l'énergie nécessaire à la fixation est plus importante que celle requise pour utiliser l'azote du sol. C'est l'une des raisons pourquoi il est important de cultiver le soya alors que les réserves en azote du sol sont basses, l'autre raison étant que les mauvaises herbes vont se développer beaucoup moins dans un sol pauvre en azote.

Typiquement, on place donc le soya après une culture exigeante en azote comme le maïs. Cependant, il est préférable d'éviter deux années consécutives de cultures sarclées et plutôt de faire suivre le soya à une culture de blé. Lorsqu'une prairie a été retournée pour commencer une rotation, le soya ne sera semé qu'en deuxième ou troisième année de la rotation (COG, 1990).

Semis

Espacement

L'espacement recommandé par le CPVQ est celui utilisé en culture céréalière (18 cm). En agriculture biologique, comme on utilise pas d'herbicides, il est plus difficile de cultiver le soya à ce faible espacement étant donné qu'on a recours au sarclage mécanique. L'espacement moyen (55 cm) ou même large comme pour le maïs (75 cm) demande de préférence des variétés qui font beaucoup de branches et à port élevé. Pour un rendement maximum, le couvert végétal doit être fermé à la floraison.

Comme en culture sur billon, l'espacement sur le rang en culture biologique devrait être petit ( 5 cm ) plutôt que grand (10 cm et plus). Lorsque l'espacement est trop grand, les plants portent les gousses plus bas ce qui rend la récolte difficile dans une culture sarclée où la terre est ramenée comme c'est aussi le cas en culture sur billon.

Densité

Les producteurs biologiques vont souvent préférer une densité de population haute afin de mieux faire compétition aux mauvaises herbes. C'est d'ailleurs ce que recommande le CPVQ, soit des populations de 400 000 pl./ha pour les rangs larges et de 500 000 pl./ha pour les rangs étroits.

Date de semis

Les producteurs biologiques vont aussi semer plus tard que les producteurs conventionnels afin de profiter d'un sol chaud qui va assurer un départ rapide à la culture et donc une meilleure compétition aux mauvaises herbes. Il est quand même recommandé de semer au plus tard le 25 mai dans la région de Montréal.

Orientation des rangs

Lorsque c'est possible, on peut planter les rangs selon une orientation est-ouest dans le but d'ombrager l'espace entre les rangs plus rapidement et ainsi permettre un meilleur contrôle des mauvaises herbes et conserver l'humidité.

Inoculation

L'inoculation est essentielle s'il n'y a pas eu de soya dans le sol depuis au moins trois ans, car Rhizobium japonicum n'est pas indigène aux sols québécois. Une étude turque a démontré que l'application de 40 t/ha de petit lait peu de temps après le semis permettait d'augmenter la nodulation et les rendements de façon importante (Konar et Arioglu, 1987).

Pour plus de détails sur l'inoculation et les semences se référer au document du CPVQ "Soya:culture", Agdex 141/20, édition 1990.

Contrôle des mauvaises herbes

Comme le soya est peu compétitif, il faut s'assurer de l'implanter dans un champ propre. Avec une rotation appropriée, les problèmes majeurs de mauvaises herbes ne devraient pas se présenter. Le plus souvent, avec un espacement de 55 ou 75cm, le contrôle des mauvaises herbes se fait en trois étapes.

A. Préparation du sol

Comme à l'habitude, cette étape consiste en deux ou trois passages de herse à dents ou de vibroculteur espacés de cinq jours.

B. Sarclage pré-émergence

Un hersage trois ou quatre jours après le semis et un passage de houe rotative quatre ou cinq jours plus tard.

OU

deux passages de houe rotative entre 13 et 19 km/h, le premier dans le sens des rangs et le deuxième en travers des rangs environ cinq à sept jours après le semis. Il faut passer la houe quand on observe les petites racines blanches des mauvaises herbes qui germent.

C. Sarclage post-émergence

Un ou deux sarclages entre les rangs, le premier étant effectué environ une semaine ou deux après la levée. Le soya peut paraît-il tolérer le passage d'une houe rotative, d'une herse à dent ou à pâturage ou d'une sarcleuse de type Lely jusqu'à ce qu'il ait 15 cm de hauteur. Entre 5 et 10 cm de hauteur, il va aussi tolérer d'être enterré partiellement par un sarclage entre les rangs.

Des engrais verts enfouis avant le semis facilitent énormément le contrôle des mauvaises herbes. Il est possible dans la région de Montréal, d'incorporer un seigle d'hiver au printemps avant qu'il n'ait atteint 30 cm et dès que les conditions d'humidité le permettent et de semer au plus tard le 25 mai, soit environ trois semaines après la destruction du seigle. Dans un sol très lourd où l'incorporation hâtive du seigle est difficile à envisager, le radis fourrager est une excellente alternative.

Fertilisation

En plus de la question de l'azote déjà mentionnée, le soya a des besoins en nutriments. Le phosphore est surtout important de la formation des fèves jusqu'à la maturité. Environ 60% du phosphore pris par la plante est exporté avec la fève. Le phosphore étant immobile, il doit se situer dans la zone racinaire. En culture biologique, les l'approvisionnement en phosphore se fait idéalement par une application automnale de phosphate de roche. L'apport suffisant de fumier solide ou compost rend plus ou moins importante l'application de phosphore. En Chine, les meilleurs rendements de soya ont été obtenus avec 20 t/ha de compost (Yoshizawa et al., 1977).

Le fer, le molybdène et le magnésium sont critiques pour la fixation d'azote. Dans ce cas, il s'agit surtout d'éviter les sols trop légers et les pH en bas de 6.0.

La fertilisation foliaire est possible et même recommandable (surtout en période de transition) au moyen d'émulsion de poisson ou d'algues liquides pour réaliser des corrections en saison. Il est préférable de faire les applications le matin ou à la fin de l'après-midi par temps ensoleillé, frais et humide. La solution doit être alcaline pour les jeunes plants et légérement acide pour les plants en période de reproduction (COG, 1990).

Bibliographie

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Fernholz, Carmen. How I Control Weeds Without Herbicides. The New Farm, March-April 1990. p.16-20.

Konar, A. and H. Arioglu. 1987. Effect of Cheese Whey as a Fertilizer on the Increase of Soyabean Nodules. Soybean Genetics Newsletter 14: 139-143. Abstract in Field Crop Abstracts, 42 (1989): 1183.

Liebhardt, W.C., R.W. Andrews, M.N. Culik, R.R. Harwood, R.R. Janke, J.K. Radke, and S.L. Rieger-Schwartz. 1989. Crop Production During Conversion from Conventional to Low-Input Methods. Agron. J., 81: 150-159.

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Pousset, Joseph. BIODOC Fiche no. 17: Principes de Base de la Culture du Soya en Agriculture Biologique. Nature et Progrès, France.

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Yoshizawa, Takayuki, Chih-Ping Chu, and Deng-Ling Wu. 1977. Effects of Compost and Phosphorus Application on the Yield of Soybean Grown in Calcareous Alluvial Soils at AVRDC. In: Proceedings of the International Seminar on Soil Environment and Fertility Management in Intensive Agriculture. The Society of the Science of Soil and Manure, Tokyo, Japan. p.509-516.

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