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Culture du blé tendre tendre en agriculture biologique

Quelques reflexions et questions

 

J. POUSSET.

Elle est utilisable par les praticiens de ['agriculture biologique à partir du moment où ils ont très bien assimilé les principes de base de ce type de culture ; ils peuvent alors faire le tri entre les informations classiques qu'ils peuvent utiliser et celles qui ne cadrent pas avec le cahier des charges ou qui ne vont pas dans la même optique agronomique. Ce tri demande parfois beaucoup de discernement, notamment dans deux domaines : le travail du sol et la meilleure façon d'utiliser les matières organiques.

La littérature technique "biologique" concernant la culture du blé est infiniment moins abondante.

L'ambition du présent travail est seulement de mettre ['accent sur certaines questions qui à mon avis ne vent pas suffisamment travaillées ou de combattre certains préjugés {ou tout au moins que j'aperçois comme tels) ; ce n'est pas un document technique global sur la culture du blé.

Le déchaumage systématique : une idée préconçue :

J'explique ma position sur le sujet dans la fiche technique N°47

L'épineuse question des précédents culturaux.

Traditionnellement on considère que les meilleurs précédents du blé sont les plantes sarclées comme la betterave ou la pomme de terre, les légumineuses annuelles telles que certains trèfles ou pluriannuelles comme la luzerne, la prairie temporaire ou permanente (quoique la rotation traditionnelle à l'ancienne préfère souvent mettre la plante sarclée après la prairie et avant le blé plutôt que blé mettre le blé entre la prairie et la plante sarclée).

L'expérience semble démontrer que tout cela est exact dans l' ensemble.

Il faut pourtant tenir compte de conditions particulières et, d'une façon générale, nuancer ces points de vue.

Par exemple :

on affirme couramment, surtout dans les milieux "biologiques", qu'il ne faut pas cultiver blé sur blé.

J'ai pourtant eu l' occasion de constater, chez moi notamment, qu'on peut obtenir plusieurs belles récoltes successives de blé sans diminuer apparemment la fertilité du sol ni provoquer cl'envahissement gênant d'adventices.

Plais pour cela il faut comprendre et maîtriser aussi bien que possible deux facteurs : la décomposition des matières organiques et le travail du sol.

La décomposition des matières organiques tout d'abord doit se faire de telle sorte que leur rapport carbone/azoté évolue favorablement pendant l'intervalle séparant les deux blés successifs ; au départ ce rapport est d'autant plus élevé que la quantité de paille sur le terrain est plus grande ; il diminue d'autant plus vite que cette paille a été broyée finement et qu'on a épandu dessus un matériau relativement riche en azote (fumier, compost, engrais organique, engrais vert broyé!..

qui va permettre une plus grande activité des microorganismes décomposeurs ainsi on sera parvenu à une bonne décomposition lors de la mise en place du blé suivant, on ne risquera ni phénomènes de toxicité ni prélèvement excessif d'azote par les bactéries décomposeuses lorsque les jeunes plants de blé auront besoin de cet azote.

Le travail du sol de son côté doit être très bien pensé notamment bien entendu pour rechercher une bonne décomposition des matières organiques, comme nous venons de le voir, mais aussi pour bien maîtriser la population des adventices.

A ce sujet, il faut remarquer que sur un même terrain les populations d'adventices ne vent pas exactement les mêmes dans un blé d'hiver et dans un blé de printemps; le premier est plus facilement envahi par folle avoine, coquelicots, chardons, rumex... que le second, ce dernier est plus sujet aux envahissements de chenopodes ou moutardes sauvages que le premier.

Cette simple constatation laisse entrevoir qu'il est intéressant dans certaines circonstances de faire alterner blé d'hiver et de printemps, d'autant plus qu'après la récolte du blé d'hiver et avant la mise en place du blé de printemps il est possible de cultiver un engrais vert ; chose beaucoup plus difficile entre la moisson et la mise en place d'un blé d'hiver.

Remarquez bien que, paradoxalement, l'engrais vert me parait plus utile entre moisson et mise en place de blé d'hiver qu'entre moisson et mise en place de blé de printemps ; dans le second cas le terrain a souvent le temps ·le s'enherber naturellement et de se couvrir d'un engrais vert spontané; dans le premier cas la période disponible est souvent trop brève pour que le sol s'enherbe spontanément et il peut être particulièrement utile d'installer un engrais vert ; la difficulté est de le faire pousser : il faut (éventuellement) broyer la paille, épandre les engrais minéraux et les matières organiques dont le terrain peut avoir besoin, semer l'engrais vert et gratter le sol dans les heures ou les jours qui suivent la moisson; moyennant cela et un peu de chance sous forme de pluie, l'engrais vert peut se développer suffisamment (notamment son système racinaire) avant la mise en place du blé d'hiver. A cette époque les mélanges d'engrais verts vent parfois utiles (par exemple : moutarde plus trèfle incarnat avec, éventuellement, un peu de sarrasin - mais attention, car ce dernier aurait une certaine propension à éliminer la concurrence).

Il faut veiller à effectuer seulement un grattage superficiel du terrain qui n'enterre pas les graines (de l'engrais vert ou des adventices) en profondeur.

Une autre possibilité est d'effectuer un labour direct sans déchaumage après broyage des pailles et apport des matières organiques et minérales nécessitées par l'état du sol; cette façon de faire présente l'inconvénient de ne pas permettre la germination des graines d'adventices qui se trouvaient sur la terre mais celles qui vent remontées peuvent germer et, si le labour est bien fait (dressé et aéré), la décomposition des matières organiques est excellente; on peut procéder ainsi avec profit (mais pas systématiquement) entre la moisson d'une céréale et la mise en place d'un blé d'hiver, à condition que cette céréale n'ait pas été trop sale et n'ait donc pas provoqué la libération d'un grand nombre de graines à la surface du sol (auquel cas il vaut mieux en faire germer au moins une partie le plus rapidement possible). En ce qui concerne les maladies et le parasitisme, je n'ai pas constaté d'aggravation significative lorsqu'on cultive plusieurs blés successifs dans de bonnes conditions; j'ai l' impression que, dans le cadre de la culture biologique bien conduite et sur des terrains à fertilité correcte, les mécanismes de défonce et de régulation du blé et du sol peuvent jouer convenablement pendant plusieurs années.

Pour ce qui est des adventices, les choses vent plus délicates : si on maîtrise mal la situation, elle peut devenir très vite catastrophique.

Tout cela mériterait de longs développements mais attention, pas de conclusion hâtive : je n'ai pas dit que la rotation n'avait pas d' importance ; je lui accorde au contraire une grande importance ; je peux seulement dire, à partir d'observations sur le terrain auxquelles on peut réfléchir, que dans certaines circonstances et avec une excellente compétence pratique on peut cultiver plusieurs blés de suite avec de bons résultats. Par ailleurs, je précise qu'il me parait très risqué, en agriculture biologique, d'aller au delà de 4 blés successifs et qu'il est toujours souhaitable de faire alterner blé d'hiver et de printemps ; pas question de faire 8 ou 10 blés d'hiver successifs comme cela s'est vu en culture classique.

Cette succession de blés n'est pas un objectif à rechercher, elle peut dans certains cas relever de contraintes économiques.

Dans tous les cas les rotations courses du genre prairie_, plante sarclée blé vent préférables sur le plan technique.

Les rotations comportant deux ou plusieurs blés successifs en agriculture biologique me paraissent difficilement envisageables sans la mise en place régulière de cultures très nettoyantes.

Lit de semences : une importance et une complexité souvent mal perçues.

Classiquement les manuels d 'agriculture préconisent pour la culture du blé d'obtenir un lit de semence "motteux en surface et rassis en profondeur" .

Cela est intéressant et sans doute assez juste mais c'est un objectif bien insuffisant et qui volt trop exclusivement le sol sous un aspect "mécanique".

Le bon lit de semences doit permettre un bon contact entre la graine et le sol. Il faut donc un minimum de terre fine ; il doit pouvoir résister aux intempéries dans le cas du blé d'hiver. Il faut donc un minimum de mottes pas trop grosses et bien réparties sur tout la surface.

Dans le cas du blé de printemps il faut davantage de terre fine et surtout pas de zone compactée, que ce soit en surface ou au niveau de la semelle de labour.

Les matières organiques doivent être réparties le mieux possible dans tout le volume de terre travaillée soit par des façons superficielles précédant un labour léger, soit par un labour bien dressé (éventuellement sans rasettes) suivi par une ou plusieurs façons profondes à l 'aide d'outils à dents, pour assurer un bon mélange matières organiques-terre.

Les façons les plus simples vent les moins coûteuses pour le porte-monnaie et souvent les meilleures pour le sol; si les conditions vent bonnes, le moment bien choisi, le labour bien effectué, un seul passage d'un ensemble cultivateur + herses (avec éventuellement un rouleau ordinaire pour le blé de printemps) peut suffire à obtenir un bon lit de semences ; cela demande évidemment un minimum de puissance de traction.

Dose de semences : une question sans réponse ?

Il est souvent admis qu'un culture biologique il faut mettre en terre des quantités de semence plus élevées qu'en culture classique ; -par ailleurs il me parait certain que les variétés de blé récentes tallent moins vigoureusement que les plus anciennes.

Et pourtant il me parait bien difficile de faire des suggestions précises dans ce domaine des doses de semences de blé car j'ai eu l' occasion d' observer de nombreux résultats contradictoires : bons résultats avec des doses de semences faibles (110 à 130 kg/ha), mauvais résultats avec des doses de semences élevées (plus de 180 kg/ha) et inversement...

Deux choses paraissent claires :

- il faut tenir compte dans l'estimation de la dose de semences des critères habituels (poids de 1000 grains, faculté germinative, époque du semis, climat habitue! de la région, nature du terrain, préparation du sol bonne ou moins bonne etc...).

- les blés de printemps doivent être semés plus denses que les blés d'hiver (bien que certains considèrent qu'en culture biologique le tallage des blés d'hiver peut être considéré comme nul).

Pour le reste je pense que c'est à chacun de faire des essais de semis à différentes densités. Les inconvénients majeurs d'un semis clair vent

- une moins bonne couverture du sol donnant de l'espace pour les adventices;

- un risque de manque d'épis à la récolte, donc une diminution de rendement.

Ceux d'un semis trop dense vent :

- un risque accru de maladies cryptogamiques;

- un risque de verse si les tiges vent trop fines et fragiles;

- un risque de nanisme des épis pouvant entrainer, malgré le nombre élevé de ces derniers, une diminution de rendement.

tendance actuelle (1988), même en culture classique, parait être aux semis denses Ceci est peut-être dû au faible tallage des variétés actuelles mais je pense qu'un effet "mode", assez irrationnel, joue également.

Quoi qu'il en soit, il faut que les praticiens fassent des essais de différentes doses de semis, voient les résultats et en discutent entre eux; pour ma part, je suds preneur de toute bonne information dans ce domaine.

Dans l'état actuel des choses, j'ai tendance à penser que sur deux terrains parfaitement identiques et travaillés de la même façon les rendements vent à peu près les mêmes lorsque les doses de semis (de la même variété) se situent dans une fourchette probablement plus large qu'on ne le pense souvent. Tout me paraît se passer comme si la dose de semences n'avait pas une très grande influence sur le rendement pour peu qu'on reste, évidemment, entre deux limites raisonnables.

Fumure : le mieux peut être l'ennemi du bien.

La fumure azotée de printemps est la règle en culture classique ; en agriculture biologique elle doit à mon sens rester exceptionnelle et être considérée comme la roue de secours qu'on a toujours en sa possession mais dont on ne se sert qu'en cas de pépin.

Dans le cas présent, le pépin ce peut être un printemps particulièrement froid et humide qui retarde la libération de l'azote par le sol alors que le blé commence à en avoir besoin.

Le guano est particulièrement indiqué dans ce cas Il faut en mettre peu car c'est un produit rare et cher; il faut aussi savoir que les fumures de printemps, forcément à base d'engrais organiques à action rapide (je ne parle pas des nitrates minéraux naturels), profitent beaucoup à certaines adventices comme le vulpin,

Une bonne façon d' intensifier raisonnablement la culture du blé (je ne parle pas de la fumure de correction du sol qui est un autre domaine) me parait être d'apporter une fumure organique (fumier, compost, engrais organique du commerce...`, sur les chaumes de la céréale précédents peu de temps après la moisson; on facilite ainsi la décomposition de ces chaumes (et éventuellement de la paille broyée) et on permet à l'azote de se mettre sous des formes d'attente peu lessivables et particulièrement profitables pour la culture à venir (humus ou formes préhumiques, adventices - engrais verts).

 

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