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Eric L HELGOUALCH (CA DE VAUCLUSE), MARC Duplan (GDA VITICULTURE DE VAUCLUSE)
Perçu souvent comme un non-sens il y a quelques années, I'enherbement permanent tend à se développer dans de nombreux vignobles. La presse spécialisée s 'en fait régulièrement l'écho; I'enherbement devient à la mode, comme un signe de qualité technique et environnementale.
Quelle analyse en faire ? Sur la base de publications scientifiques et techniques, de témoignages de viticulteurs et de notre propre expérience, nous proposons des éléments de réponses.
L' enherbement permanent est un mode de gestion du sol qui consiste à laisser en permanence un couvert végétal qui est entretenu par tonte.
Les références portent principalement sur des enherbement semés qui permettent de maîtriser les problèmes de flore spontanée trop expansive.
Les semis ont cependant toujours une pérennité limitée (de 5 à 15 ans), et on peut les envisager comme une phase transitoire, en douceur, vers un couvert plus nature!, équilibré.
L'enherbement permanent, pourquoi ?
L'enherbement permanent du vignoble est en général envisagé pour les motifs suivants:
- Alternative au tout chimique
- Amélioration de la portance des sols afin de permettre le passage des matériels lors de périodes pluvieuses (appareils de traitement, récolte...)
- Lutte contre l'érosion
- Diminution de la vigueur (baisse du nombre de rognages, diminution des attaques de Botrytis)
- Maîtrise des rendements (gain de maturité, amélioration de la qualité)
- Amélioration de la qualité des sols.
Références scientifiques et techniques sur la qualité des sols et du milieu
Le sol
Propriétés physico chimiques
D'après différents auteurs dont R. Morlat, A. Jacquet, C. Asselin (INRA, Angers), les fractions de biomasses racinaires et aériennes du couvert enherbé augmentent régulièrement et significativement le taux de matière organique par rapport au travail du sol ou au désherbage chimique. La structure des horizons de surface est ainsi améliorée, la porosité totale plus forte, le sol moins dense (tableau I). Les travaux de chercheurs Roumains (voir en référence) confirment ces résultats (tableau II).
Cette action sur la structure, combinée à la protection contre les impacts des gouttes de pluie et au maintien par le système racinaire, diminue considérablement les phénomènes d'érosion et donc en retour les pertes de matières organiques (tableaux III et IV, p. 13).
Du fait de ['augmentation du taux de matière organique également, on constate une augmentation de la teneur en azote total (Kjeldhal) sous le couvert II est à noter que cet azote profile peu à la vigne qui développe un système radiaire plus profond.
On observe peu de modifications significatives des autres composants. La tendance, confirmée par des analyses du végétal, est tout même une augmentation de P. K et Mg sous le couvert enherbé.
Caractéristiques biologiques
L'augmentation du taux de matière organique et l'amélioration des caractéristiques ph ysiques favorisent l ' intensification de l'activité biologique des sols. La population des champignons et bactéries est fortement augmentée (tableau V). Cette activité augmente la production de CO2 qui explique la diminution du pH souvent constatée en sol enherbé. Cette baisse limite les risques de chlorose ferrique (Litzler et al).
Les vers de terre sont 3 à 4 fois plus nombreux dans un sol enherbé que dans un sol nu (Litzler et al). II faut rappeler que les vers de terre effectuent un travail considérable: d'après D. Soltner, ils rejettent 40 à 120 tonnes/ha/an de tortillons (excréments constitués de terre enrichie par son passage dans le tube digestif).
Un point négatif à noter: la présence de plantes hôtes (en particulier de légumineuses) favorise la prolifération de nématodes préjudiciables à la vigne.
La faune
Peu de références vent disponibles sur la relation couverture du sol/faune. On relève parfois des augmentations de population d'acariens. essentiellement en présence de plantes hôtes reconnues (liseron, pissenlit...).
Un enherbement composé uniquement de graminées semble relativement neutre et pauvre. De rares essais visant à augmenter la diversité végétale vent conduits. en arboriculture principalement; ils consistent à installer plusieurs espèces de comportements différents (cycle. floraison, ...). Si des interventions insecticides vent nécessaires, il faut veiller à ne pas détruire les insectes attirés par l'enherbement. ou choisir des plantes avant des périodes de floraison décalées par rapport aux traitements.
L'Office National de la Chasse (ONC) indique que l'enherbement des parcelles est particulièrement favorable à la faune sauvage. Le lièvre et la perdrix en particulier sont des espèces dont la biologie est étroitement dépendante des cultures où ils trouvent nourriture. couvert et site de reproduction. Même remarque que pour les insectes: attention à ne pas attirer puis détruire par broyage (I'installation de zones de compensation ou "corridors écologiques" non traitées et entretenues de façon raisonnée aux abords des vignes semblent de ce fait plus réalistes).
Un intérêt direct pour Ies agriculteurs: I'ONC constate une réduction des risques de dégâts aux cultures grâce à l'apport de nourriture réalisé par l'enherhement.
La qualité de l'eau
On observe régulièrement que l'enherhement réduit la pollution nitrique des eaux superficielles et souterraines.
Le couvert absorbe en effet une partie des nitrates (essentiellement automne-hiver-printemps pour les graminées) et ralentit leur minéralisation pendant l'été: on relève cependant parfois des cas de minéralisation accrus en hiver par limitation du refroidissement.
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