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LE DÉPISTAGE DES INSECTES RAVAGEURS DU CHOU DANS LA RÉGION DE L'ASSOMPTION

HISTORIQUE

C'est au cours de l'été de 1983 qu'a commencé le dépistage des insectes ravageurs du chou. Cet été là, 14 producteurs de Laval et de L'Assomption faisaient partie du réseau de dépistage. L'année suivante, en 1984, c'est chez 19 producteur set sur des superficies de plus de 250 acres que s'est effectué le dépistage. Les années 1983 et 1984 furent vraiment des années de vérifications et d'affinage des méthodes utilisées. Des parcelles chez quelques producteurs de la région et un projet de recherches piloté par Gérard Mailloux, entomologiste à la Station Expérimentale de L'Assomption, confirmaient pour de bon la fiabilité des méthodes utilisées lors du dépistage.

Au cours de l'été 85, le dépistage s'est fait chez 40 producteurs et 615 acres, dans Laval, Deux-Montagnes et l'Assomption.

DÉPISTAGE--DÉFINITION Le dépistage est fait par une personne entrainée qui visite les cultures à intervalles réguliers, évalue les populations d'insectes, détermine s'il y a lieu de faire un traitement insecticide et en précise la date.

AVANTAGES DU DÉPISTAGE

R Assure aux producteurs une tranquillité d'esprit puisqu'ils savent en tout temps ce qui se passe dans leurs champs;

2. Économie de temps et d'argent (réduction de traitements);

3. Utilisation rationnelle des pesticides(maintien de leur efficacité);

4. Vérification de l'efficacité des pesticides;

5. Vérification de l'efficacité des méthodes de pulvérisation;

6. Réduit les risques de pollution de l'environnement (nappe phréatique, puits, cours d'eau);

7. Sécurise le consommateur qui sait qu'il existe un contrôle dans l'utilisation des pesticides.

LES PRINCIPAUX INSECTES RAVAGEURS DU CHOU

Les principaux insectes du chou qui font l'objet de dépistage sont: la mouche du chou (Delia brassicae), la piéride du chou (Pieris rapae L.), la fausse teigne des crucifères (Plutella xylostella L. ) et la fausse arpenteuse du chou (Trichoplusia ni).

I - LA MOUCHE DU CHOU

DESCRIPTION ET BIOLOGIE

La mouche du chou hiverne dans le sol à l'état de pupe. Les adultes au printemps déposent leurs oeufs à ras du sol sur la tige du plant de chou ou sur le sol avoisinant. À l'éclosion, les oeufs engendrent de petites larves blanches (grosses comme un grain de riz) qui creusent des galeries à la surface des racines des plants de choux, à quelques centimètres sous le niveau du sol.

MÉTHODE UTILISÉE POUR LE DÉPISTAGE DES OEUFS DE LA MOUCHE DU CHOU

Le dépistage des oeufs de la mouche du chou est fait à chaque semaine. C'est à ['aide de l'échantillonnage séquentiel des oeufs de la mouche du chou qu'on évalue le besoin d'un traitement insecticide. Dans l'échantillonnage séquentiel, le nombre de plants à observer peut varier. Le dépisteur suit un trajet en forme de W et procède à l'échantillonnage de plants.

Dans le tableau 1, deux pourcentages de plants de choux infestés d'oeufs ont été retenus. Le seuil 55% (ou 1.2 oeuf/plant) représente la limite inférieure en deçà de laquelle aucun traitement est recommandé. Le seuil 75% (ou 3 oeufs/plant) représente la limite supérieure au-delà de laquelle il est recommandé de traiter contre la mouche du chou.

Pour mieux comprendre l'interprétation du tableau 1, supposons que le dépisteur ait trouvé sur 17 plants de choux observés, 7 plants infestés d'oeufs.

Sur la colonne (1), il compare les 17 choux observés au résultat de la colonne (2) ou limite inférieure Les 7 plants infestés d'oeufs trouvés vent inférieurs aux 8 plants infestés de la limite inférieure. Par conséquent, il ne faut pas faire de traitement.

Si au contraire sur 17 plants observés le dépisteur a trouvé 15 plants infestés d'oeufs, les 15 plants infestés trouvés vent supérieurs aux 14 plants infestés de la limite supérieure, au-delà de laquelle un traitement est recommandé, le producteur aura alors à faire un traitement contre la mouche du chou.

 

Nombre cumulatif de plants de choux observe Nombre cumulatif de plante de choux infestes d'oeufs

Limite inferieure

Nombre cumulatif de plante de choux infestes d'oeufs

Limite superieure

10 4 ou - 9 ou +
11 4 ou - 10 ou +
12 5 ou - 10 ou +
13 6 ou - 11 ou +
14 6 ou - 12 ou +
15 7 ou - 12 ou +
16 8 ou - 13 ou +
17 8 ou - 14 ou +
18 9 ou - 14 ou +
19 10 ou - 15 ou +
20 10 ou - 16 ou +
21 11 ou - 16 ou +
22 11 ou - 17 ou +
23 12 ou - 18 ou +
24 13 ou - 18 ou +
25 14 ou - 19 ou +
30 17 ou - 22 ou +
35 20 ou - 25 ou +

 

Decision Ne pas tratier Traiter contre la mouche du chou

Une autre possibilité existe soit celle de se retrouver avec un nombre de plants de choux infestés d'oeufs situés entre la limite inférieure ou la limite supérieure, soit la zone d'échantillonnage. Dans ce cas, le dépisteur doit continuer ['observation de plants jusqutà ce que la situation nouvelle lui permette de sortir de cette zone et de prendre une décision.

Toutefois, si après l'examen de 3 5 plants les résultats ne lui permettent pas de sortir de cette zone d'échantillonnage, il doit alors faire un traitement insecticide contre la mouche du chou.

EVALUATION DE LA MÉTHODE DE DÉPISTAGE DES OEUFS DE LA MOUCHE DU CHOU

La méthode utilisée actuellement est gable mais la contrainte temps du dépistage va nous obliger à aller vers une simplification. Le seul fait d'avoir à repérer des oeufs de la mouche qui ont la grosseur d'un grain de sucre demande une bonne vision, du temps et de la minutie.

La simplification de la méthode de dépistage demeure une priorité. Est-ce que le nombre d'observations de plants examinés pourrait être réduit, permettant de garder une fiabilité acceptable? Est-ce que la méthode du piégeage des adultes est assez gable pour être utilisée tout de suite? Connaissant bien le seuil thermique de développement de la mouche, il est possible de prédire à l'avance les dates d'apparition des 3 pies des oeufs. Le temps du dépistage pourrait probablement être réduit à ces périodes critiques. Comme on le volt, I'amélioration reste possible et c'est ce qui est intéressant.

II - LES INSECTES DU

FEUILLAGE DU CHOU

Les principaux insectes du feuillage du chou qui font l'objet de dépistage sont: la piéride du chou, la fausse teigne des crucifères et la fausse arpenteuse du chou.

PIÉRIDE DU CHOU--DESCRIPTION ET BIOLOGIE

La piéride du chou est un papillon blanc dont les ailes vent ornées de 2 ou 3 taches noires. Les femelles collent leurs oeufs à la face inférieure des feuilles. Les oeufs éclosent au bout de 2 semaines et les larves issues de ces oeufs atteignent leur longueur maximum (3 cm) en 2 semaines environ. De couleur vert feuille, ces larves dévorent le feuillage des choux. II y a 3 générations de piéride par année.

FAUSSE TEIGNE DES CRUCIFÈRES-- DESCRIPTION ET BIOLOGIE

La fausse teigne des crucifères nous arrive des Etats-Unis par les vents du sud. La femelle pond ses oeufs isolés ou en groupe, généralement sur le dessus des

feuilles de plants de choux. Les larves éclosent en quelques jours et s'enfoncent dans l'épaisseur de la feuille pour y dévorer les cellules. On distingue la larve par sa façon de se tortiller et de se laisser tomber suspendue à un fil lorsqu'elle est dérangée. II peut y avoir de 3 à 6 générations par année.

FAUSSE ARPENTEUSE-- DESCRIPTION ET BIOLOGIE

La fausse arpenteuse du chou est un papillon de nuit dont les ailes antérieures vent marbrées et brunâtres, avec chacune une petite tache argentée. Les ailes postérieures varient du brun pâle au bronzé. La femelle pond en mai ou au début de juin des deux côtés de la feuille, jusqu'à 200 oeufs. Les larves issues des oeufs dévorent le feuillage des plants de chou. La fausse arpenteuse peut hiverner sous forme de pupe mais ['infestation nous vient des papillons qui émigrent des États-Unis. On compte jusqu à 3 générations par année.

MÉTHODES UTILISÉES POUR LE DÉPISTAGE DE LA FAUSSE ARPENTEUSE, LA PIÉRIDE ET LA FAUSSE TEIGNE DES CRUCIFÈRES

Tout comme pour la mouche du chou, le dépistage des insectes du feuillage est fait une fois par semaine. Le dépistage suit un trajet en forme de "W" et procède à l'échantillonnage des larves de ces insectes.

Depuis 1983, année de départ du dépistage, la fausse arpenteuse du chou a été absente de nos champs de choux. Toutefois, cette larve pourrait causer de graves dégâts les années de fortes infestations. Nous avons en réserve un tableau d'échantillonnage séquentiel dont le seuil d'intervention (limite supérieure ) est fixé à 24% de plants infestés ou 0.3 larve par plant.

Les larves de la piéride et de la fausse teigne des crucifères vent évaluées ensemble à l'intérieur d'un même tableau d'échantillonnage séquentiel, le tableau 11.

 

Nombre cumulatif de plants de choux observes Nombre cumulatif de plants de choux infestes de larves

Limite inferieure

Nombre cumulatif de plants de choux infestes de larves

Limite superieure

15 4 ou - 9 et +
16 5 ou - 9 et +
17 5 ou - 10 et +
18 6 ou - 10 et +
19 6 ou - 11 et +
20 7 ou - 11 et +
20 7 ou - 11 et +
21 7 ou - 12 et +
22 8 ou - 12 et +
23 8 ou - 13 et +
24 9 ou - 13 et +
25 9 ou - 14 et +
26 9 ou - 14 et +
27 10 ou - 15 et +
28 10 ou - 15 et +
29 11 ou - 16 et +
30 11 ou - 16 et +
31 12 ou - 16 et +
32 12 ou - 17 et +
33 13 ou - 17 et +
34 13 ou - 18 et +
35 14 ou - 18 et +

 

Decisions Ne pas faire de traitment Traiter contre la Pieride et la Fausse teigne des cruciferes

Pour bien comprendre le tableau 11, regardons-le ensemble et servons-nous d'exemples pratiques. Dans le tableau 11, deux pourcentages de plants infestés de larves de piéride et fausse teigne ont été retenus. Le seuil 36% de plants infestés (ou 0.5 larve de piéride et ou fausse teigne/plant) représente la limite inférieure en deçà de laquelle aucun traitement n'est recommandé. Le seuil 57% de plants infestés(ou 1 larve par plant de piéride et ou fausse teigne des crucifères) représente la limite supérieure au-delà de laquelle il est recommandé de faire un traitement insecticide contre la piéride ou la fausse teigne des crucifères. Pour mieux comprendre l'interprétation du tableau 11, supposons que le dépisteur après avoir observé 21 plants, trouve 6 plants infestés de larves de piéride et fausse teigne. Sur la colonne 1, il compare les 21 plants observés au résultat de la colonne 2 ou limite inférieure. Les 6 plants infestés de larves trouvés vent inférieurs aux 7 plants de la limite inférieure. Par conséquent, il ne faut pas faire de traitement.

Si au contraire sur les 21 plants observés, le dépisteur a trouvé 13 plants infestés de larves de piéride et fausse teigne, les 13 plants infestés trouvés vent supérieurs aux 12 plants de la limite supérieure, au delà de laquelle un traitement est recommandé. Le producteur aura alors à f aire un traitement contre la fausse teigne des crucifères et la piéride.

Une autre possibilité existe, soit celle de se retrouver avec un nombre de plants de choux infestés de larves de piéride ou fausse teigne entre la limite inférieure et la limite supérieure, soit la zone d'échantillonnage. Dans ce cas, le dépisteur doit continuer l'observation de plants de choux jusqu'à ce que la situation nouvelle lui permette de sortir de cette zone et de prendre une décision . Toutefois, si après l'examen de 35 plants, les résultats ne lui permettent pas de sortir de cette zone d'échantillonnage, il doit alors faire un traitement insecticide contre la piéride et la fausse teigne des crucifères.

ÉVALUATION DE LA MÉTHODE DE DÉPISTAGE DES LARVES DE PIÉRIDES ET FAUSSES TEIGNES DES CRUCIFÈRES

La méthode de dépistage utilisée contre la piéride et la fausse teigne des crucifères a donné de bons résultats. En effet, une évaluation au champ des choux avant récolte (champs sous dépistage) a donné les résultats suivants: 95 à 98% des choux étaient commercialement vendables.

II est certain que nous irons vers une simplification de la méthode tout en conservant un degré élevé de fiabilité. Les données recueillies jusqu'à date nous permettront probablement de tracer des courbes d'apparition des insectes à partir desquelles nous pourrons peut-être limiter les visites aux champs.

Le seuil à utiliser pour la fausse arpenteuse reste à vérifier lors d'années de fortes infestations. Le seuil actuellement utilisé est très sécuritaire; peut-être pourra-t-il être haussé.

CONCLUSION

Le dépistage des trots dernières années nous a permis d'amasser une quantité énorme de données qu'il faudra analyser le plus rapidement possible. Ces analyses statistiques viendront bien sûr renforcer la fiabilité des décisions à prendre pour améliorer nos méthodes de dépistage.

Nous allons devoir travailler à simplifier nos méthodes de dépistage de façon à augmenter l'efficacité de nos dépisteurs et ainsi rendre le dépistage accessible au plus grand nombre possible de producteurs.

Nous allons devoir trouver des sources de financement dans des délais relativement courts sinon le dépistage n'aura été qu'un feu de paille.

La protection de l'environnement fait partie du choix de société que ['ensemble de la population désire. Le dépistage demeure un des moyens intéressants pour limiter au minimum l'utilisation des pesticides.

En terminant, je voudrais dire que le dépistage dans la région de L' Assomption a été rendu possible ces trots dernières années grâce aux employés du M.A.P.A.Q., notamment les étudiants employés comme dépisteurs, Gérard Mailloux, entomologiste à la Station de L'Assomption, Daniel Vaillancourt, agronome au bureau de Laval, Daniel Lalonde, agronome au bureau de Saint-Eustache et Hugues LeBlanc, agronome au bureau régional de L'Assomption. II faut également souligner l'aide et la compréhension des agriculteurs chez qui le dépistage a été fait.

 

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